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La connasse au ticket 96

Je m’arrête — exceptionnellement — au rayon charcuterie-traiteur de ce supermarché.
À ce moment, je suis certain d’être le seul « prospect » à cet endroit.
Je me glisse entre la vitrine et un pilier pour observer les pâtés/terrines.
Et j’en repère un soi-disant « artisanal », pur porc, élevé en liberté.
Je ne sais si c’est le porc ou bien le pâté qui était en liberté, mais bon.
Une jeune femme annonce « quatre-vingt-douze » et se tourne vers moi.
En lui souriant, je lui montre la terrine et lui en demande une tranche.
Derrière moi, une morue (le rayon poisson est pourtant plus loin) me questionne…
– Vous avez un ticket, Monsieur ?
– Non, Madame, j’étais seul en arrivant ici.
– Ben moi j’ai le numéro 96, donc je suis avant vous !
– Dans ce cas, où sont passés les 92, 93, 94, et 95, vous les avez tués ?
La serveuse, voyant les choses mal tourner, botte en touche…
– Monsieur, prenez donc un ticket, ce sera mieux !
Je me retourne et vois un vieillard vicelard se précipiter pour en prendre un avant moi.
De première, me voilà donc potentiellement au minimum en troisième position.
Car il me faut faire un aller-retour vers le distributeur, avec ma cruralgie toujours aussi intense.
Je lève la main façon « Stop », et lui réponds :
– Non non, laissez tomber !
Si le cochon du pâté avait été là, je pense que j’aurais eu un sourire…

© PF/Grinçant.com (2017)

10 commentaires sur “La connasse au ticket 96”

  1. Avatar photo

    Cher Grinçant,
    Une histoire un peu dans le même genre m’est arrivée. Je vis en Corse depuis 5 ans, maintenant, et il est vrai que les mois estivaux sont un peu plus difficiles au niveau de la circulation.
    Mon travail consiste à circuler dans un mini bus, accompagnant des clients de mon entreprise d’un point A au point B, et de préférence en les gardant en une seule pièce…
    Je dois néanmoins passer mon véhicule au karcher de temps à autre, avant de prendre mes clients.
    Cette année, début juillet, j’arrive dans une station-service à Saint Florent, et je m’installe en position d’attente pour aller au lavage, il y en a deux, et les deux étaient occupés. Je regarde pour voir si j’ai de la monnaie sur moi, et m’aperçois qu’il faut que j’aille en chercher à la station-service. Un véhicule de touriste du Gard est derrière mon minibus.
    Évidemment, au moment où je reviens de la caisse avec ma monnaie, un des véhicules commence à sortir d’un des postes de lavage, et la voiture de touriste commence à manœuvrer comme un malade pour prendre ma place. J’arrive à temps pour lui dire que j’étais avant lui, mais apparemment il ne m’avait pas vu, et il a même osé dire qu’il trouvait mon véhicule mal garé devant la station de lavage. Je lui ai fait comprendre que je n’étais pas mal garé, mais que je faisais la queue tout comme lui, et que contrairement à lui, je n’étais pas en vacances. Il a ronchonné comme un malade, mais j’ai quand même eu droit à mon lavage avant lui, et il n’a dû attendre que 15 secondes de plus…
    Tout ça pour dire que peut-être on devrait mettre un système de ticket devant les stations de lavage… On le fait bien dans les bâtiments de l’administration…

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      Les tickets ne remplaceront jamais l’intelligence et l’honnêteté.
      Et l’individu est plus que jamais ramené à un « numéro » : jusqu’où cela peut-il aller ?

      Le fameux « vivre ensemble » n’est plus qu’égoïsme et tentatives d’arnaques pathétiques.

      Comme vous le dites, il n’a eu que 15 secondes à « attendre » en plus…

      Moi, je ne voulais qu’une tranche de pâté, point barre !
      En plus, je maintiens, j’étais bien le premier, mais sans avoir joué ce « jeu » débile du ticket, puisque j’étais seul au début.

      Le résultat ? L’animosité, voire la haine.

      Et une question macronienne : où étaient les numéros 92, 93, 94 et 95 ??? Des gens aux APL à qui il manquait cinq euros ?

      PS : Plus lâcheté de la vendeuse qui n’avait qu’à continuer à me servir…

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        Pour ce qui en est des gens qui se plaignent des 5 euros d’APL en moins, je serais curieux de savoir combien y a-t-il eu de personnes qui se sont plaintes et qui dans la foulée ont dépensé 150 euros pour un maillot de football pour un certain joueur qui vient d’arriver au PSG…

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          Ça, c’est « La France qui gagne ! » ;-)

          Là, il n’est même plus question d’APL mais de connerie poussée à l’ultime.
          Ils ont aussi – le plus souvent – les smartphones à plus de 800 euros qui vont avec…

          Enfin, pour ces gens-là, les tickets, et les fouilles (si possible bien intrusives), c’est plus que normal.

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    C’est incroyable le nombre de gens qui, tout le long de votre vie, vous disent « j’ai plus de droits que toi », à l’école, en milieu professionnel, dans la vie personnelle.
    J’ai vécu la même scène que vous dans une pharmacie, il y a environ 2 ans : ils ont perdu ma clientèle.

    1. Avatar photo

      Et ce sont les mêmes qui se font humilier de cette manière, lorsqu’il s’agit de payer, et là, ils/elles ne râlent même pas : Une France en marche dans un supermarché Leclerc

      En plus, cette femme était de parfaite mauvaise foi, elle savait que j’étais devant elle – mais sans ticket effectivement –, tout comme la vendeuse/serveuse qui s’était directement adressée à moi (en général, elles font aussi attention à l’ordre des clients, sans compter sur les seuls « numéros »).

      C’est un comportement qui en dit long, et c’est valable dans beaucoup de contextes/périodes, comme vous le soulignez.

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    Il m’est arrivé une aventure dans le même registre, à la caisse d’un hypermarché Auchan. Je choisis une caisse avec une file de 2 ou 3 personnes ayant peu d’achats. On progresse. La jeune femme devant moi a posé – disons – 2 bouteilles et 2 paquets de gâteaux, je mets un séparateur et je commence à vider mon caddie* chariot. Arrive une autre femme avec un caddie* chariot rempli « Pardon, nous sommes ensemble ! », et elle tente de se glisser devant moi avec l’aide de sa comparse. Je ne me suis pas laissé faire, mais, surprise, personne ne m’a soutenu. Ni la caissière, ni les clients dans la file derrière moi, ni les vigiles dont l’un m’a même traité de raciste. La resquilleuse a jeté au sol certains de mes achats et un vigile a fini par intervenir pour la calmer et je me suis fait copieusement insulter par ces deux clientes pendant que tout le monde regardait ailleurs.

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      Ça, c’est un grand classique !
      Et l’exemple démontre à merveille l’ambiance générale de notre société…

      PS1 : J’ai biffé/remplacé un mot, car c’est une marque déposée assez pointilleuse, et vous risquez de m’attirer un procès de plus. ;-)

      PS2 : Cela me permet de rappeler un billet – aussi très lourd de sens – sur le sujet -> Plan VigiClodo à l’hypermarché, scène de Noël (2013).

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    Oh la la, il est préférable de ne pas me faire ce coup-là. Non seulement parce que rester sur place me « rend dingue de fatigue », mais en plus la mauvaise foi est pire que tout.
    Je ne sors que très rarement ma carte d’invalidité, je déteste être insultée, mais notre maladie n’est pas inscrite sur notre tête, alors je me fais insulter, comme si je passais devant les clients sans raison et sans m’excuser. Si on me fait ce coup-là, je prends tout mon temps, je papote avec la vendeuse (en semaine, vers 10h, pas le samedi à 11h quand les pauvres clients qui travaillent font leurs courses en courant). Je prends même plaisir à demander à goûter un ou deux fromages, à bien les ranger… Total, entre 5 a 8 minutes de perdues pour la « connasse-au-ticket-96 ».
    Tant pis pour elle où pour lui !!!!

    1. Avatar photo

      Récemment, dans un Lidl, j’ai vu des « clients » qui ne voulaient pas considérer comme prioritaire (en le laissant passer) quelqu’un en… fauteuil roulant !
      Cette personne a été dans l’obligation de faire un scandale à haute voix pour que l’on ouvre finalement une caisse rien que pour elle.

      Vous avez bien raison d’agir ainsi, d’autant que ma cruralgie (ponctuelle, enfin j’espère) me mettait un peu dans votre situation, mais sans un « sésame » (la carte d’invalidité).

      Dans cette scène, il y a de la mauvaise foi et de la lâcheté… Des composantes de notre société de plus en plus incontournables.
      Le problème, c’est que les choses peuvent rapidement tourner au vinaigre, encore plus devant un rayon « traiteur » ;-)

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