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Dentistes : Véridique, on leur apprend à bien travailler !

Dentistes : Véridique, on leur apprend à bien travailler !Les urgences dentaires…
Pôle Odontologie et Chirurgie buccale.

L’un de ces endroits que l’on n’affectionne pas particulièrement.
Mais où l’on retourne facilement.
Tellement la douleur peut être intense.
À l’image du soulagement qui suit, enfin normalement.

Retour donc au CSD, le Centre de Soins Dentaires du CHU.
Appel à 9h30, rendez-vous à 14h00.

Pas de réponse du style :

  • Vous n’êtes pas à la CMU au moins ?
  • Désolé, vous pouvez hurler, mais pas avant quinze jours.
  • Nous ne prenons pas de nouveaux clients.
  • Vous avez quel budget ?
  • C’est la saison, vous n’avez qu’à manger des clémentines.

Ici, pas de dentistes qui se la pètent du haut de leur roulette ou de leur davier.
Pas de diplôme d’implantologie accroché au mur.

Du moins pas encore.
Ce sont des étudiants qui vous soignent.
C’est la règle.

Peu rassurant ?
Pas tant que ça, car ils sont encadrés par des docteurs, des professeurs.

Aujourd’hui, il s’agit de deux charmantes demoiselles.
Sympas, aimables, attentionnées.
Mais pas très rassurées, tout comme leur patient.

Échange entre les deux élèves.
Elles cherchent à comprendre.
Elles s’entraident.

Des doutes, et on reformule, on s’interroge.
Pas de certitudes, trop tôt, elles apprennent.

Et Madame la « Professeure » arrive…
Pas simple « Docteur », non « Professeur ».

Aimable elle aussi.
Faisant preuve de diplomatie.
Pour guider, corriger les erreurs, dire ce qu’il faut faire.

Du coup, les élèves n’hésitent pas à poser des questions.
Et les réponses, les explications arrivent.
Avec du jargon, normal, c’est destiné aux jeunes étudiantes.

Et elle s’y colle aussi, avec son masque et ses gants.
À plusieurs reprises, même.

Normal, le cas n’est pas si simple, il grince des dents…

Et à un moment, une question cruciale est posée…

« Jusqu’où aller avant d’arracher, et comment ? »
L’élève s’interroge, et elle assume.

Et la prof apporte une réponse que l’on n’attend même plus…

« Il faut sauver tout ce qui peut l’être, privilégier la conservation.
Vous devez toujours faire du travail de qualité.
Pensez au futur, que ce soit pérenne.
Ce que vous faites doit durer au moins dix ans, au minimum.
Sinon, ça n’est pas la peine. »
(Sous-entendu « Changez de métier ! »)

Mais c’est pas possible…
Ici, on leur apprend à faire du bon travail !

On ne leur demande pas de saccager pour mieux remplacer.
Par des implants, des prothèses, des inlays, des couronnes…

Ou alors, s’il faut le faire, cela doit être judicieux, adapté, indispensable.
Et surtout, cela doit être du bon travail, de la qualité !

Les jeunes filles boivent ces paroles.
C’est après que viendront les interrogations, les tentations…

La praticienne du jour (l’autre, c’est l’assistante du jour) pose une question mercantile :

– Avez-vous déjà eu un devis ?
– Oui, mais dans un cabinet d’implantologie, et c’était presque le chantier du siècle, en plusieurs tranches, sans parler du budget… (Alors qu’il n’y a que 3 dents réellement à problèmes)
– Ben oui, mais un « implantologue », il ne se pose pas de questions, il met des implants. Allez voir un ou plusieurs dentistes, vous aurez des devis plus réalistes.

(Sauf que sur la plaque, il est seulement marqué « Chirurgien-Dentiste », le « diplôme d’implantologie », on ne le voit que dans la salle d’attente.)

Dehors, ordonnance entre les mains…
Et en tête, de quoi ruminer !

Les dérives constatées, les abus ne sont pas enseignés…
C’est le praticien qui le décide, en âme et conscience…
D’abuser ou non de son patient.
De lui ravager plus ou moins la gueule au profit de son compte en banque.
Pour faire ensuite dans la prohibitive reconstruction, le futile coûteux, voire l’inutile onéreux.

Bon, ce n’est pas tout, il faut pousser la porte de la pharmacie…

Le pharmacien/propriétaire de l’officine :

  • Mais c’est vous qui avez demandé « non substituable » pour l’Eludril Gé ? (Bain de bouche)
  • Remarquez, l’Eludril Gé, c’est déjà le générique de l’Eludril, de la même marque, Pierre Fabre…
  • Ça ne vous dérange pas si je panache, deux flacons d’Eludril, et deux de vrai générique ?
  • À sa préparatrice : « oui, c’est pas grave, c’est une erreur de stock » ;-)
  • Mais c’est très peu remboursé, les vignettes sont jaunes…
  • Non, nous ne donnons que des petits flacons, les grands ne sont pas remboursés du tout…
  • Le paracétamol, vous voulez lequel ? Ah, le moins cher, bon, le moins cher… (Air consterné)
  • L’antibiotique ? Pour l’Amoxicilline, nous n’avons que du générique…
  • Je vous mets un sac ? (Il y a la publicité de notre groupement)

Au fait…
À l’école, on leur apprend quoi, aux pharmaciens ?

Crédit illustration : Le baume d’acier. Louis-Léopold Boilly (1761-1845) – Wikimedia Commons

© PF/Grinçant.com (2013)

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8 commentaires sur “Dentistes : Véridique, on leur apprend à bien travailler !”

  1. Avatar photo

    Ça serait si simple si la pédagogie de la formation était appliquée après le diplôme, et dans le temps…

    Le permis de conduire, par exemple, déjà il manque la moitié de la formation, mais il est certain que tout est rapidement oublié quand les diplômés ont leur propre volant.

    L’éthique, le civisme, c’est plutôt ringard comme conception, non ?

    Je serais curieux de connaître les vraies motivations qui guident les 2 professions du billet, pas celles du serment, a priori.

    Évitez de grincer avec les dents ;-)

    1. Avatar photo

      Oui, d’habitude, je grince au clavier, pas sur un fauteuil de dentiste.

      Avant-hier, je suis entré dans une grande pharmacie d’un centre commercial, et je suis tombé sur le patron.
      Je lui ai demandé du paracétamol codéine 500 mg/30 mg, en générique…
      Réponse : avec codéine 30 mg, impossible, c’est sur ordonnance…
      Mais il avait la solution !
      Un truc avec du paracétamol 400 mg, seulement 25 mg de codéine (là, il n’y a plus besoin de prescription), et de la caféine qui compenserait l’effet assommoir des 2 autres molécules, tout en étant aussi un antidouleur…
      Je lui ai alors demandé uniquement du paracétamol, mais il m’a dit que sa « Migralgine » était vraiment mieux dans mon cas.

      Un vrai camelot !
      Résultat, je suis reparti avec cette boîte vendue 4,98 € (18 cp).
      Sur internet, on la trouve entre 3,90 € et 6 €.
      Le Dafalgan 1 g d’hier m’a coûté 1,95 € pour la même quantité globale de paracétamol.
      Et je viens de retrouver une boite de Codoliprane (paracétamol 400 + codéine 20) à 2,82 € (16 cp). (Et le café, je sais le faire)

      Son « conseil », c’était uniquement pour sa marge, et pas pour ma santé.
      (Ni pour mon porte-monnaie, puisque c’est de l’automédication, il aurait pu en tenir compte)

      Éthique nulle, idem pour le civisme.
      Et même abus de faiblesse, car je n’avais pas la tête à discuter.

      Je ne pense pas manquer de chance, mais peut-être suis-je trop observateur/critique, mais maintenant c’est systématique !
      C’est le système qui est complètement vérolé jusqu’à la moelle (songez qu’il y a plus de 90 « génériques » de l’antibiotique amoxicilline : pour un truc « pas automatique », ça fait beaucoup).
      Et ces gens tiennent à leurs 7 500 à 10 000 euros nets en moyenne par mois, quitte à arnaquer les patients et à mal les soigner.

      Les propos de cette professeure m’ont rassuré, il semblerait que l’enseignement soit resté sain, enfin au moins sur ce constat-ci.

      Tout cela est assez dramatique, car non seulement notre système de santé part en sucette, mais ces « professionnels » précipitent sa chute en en usant/abusant à outrance.

      Et ils ont le culot, une fois de plus, de mettre ça sur le dos des malades.
      Récemment, les dentistes on déclaré que c’étaient les patients qui différaient les soins (pourquoi ?), et que lorsqu’ils devaient se faire traiter, il était trop tard pour « conserver »…
      Sauf qu’ils disent ne pas pouvoir « vivre » décemment avec les seuls soins, ce qui est un aveu clair et net.

      D’ailleurs, et je mets les pieds dans le plat, le vrai scandale, ça n’est même pas le prix des prothèses, mais le fait qu’ils « forcent » les choses pour en placer, quitte à bousiller (dévitaliser/extraire) des dents encore saines.
      Mais de ces (très) mauvaises pratiques, vous remarquerez que l’on n’en parle pas…

      PS : Dans le billet, vous noterez le passage « erreur de stock » sur l’Eludril… Ça m’a doucement fait marrer compte tenu de ce que je sais des (mauvaises) pratiques des pharmacies, et vu ce que j’ai écrit dans mes précédents billets (celui sur les MNU notamment).
      Sans parler de l’astuce hyper-écolo qui consiste à vous fourguer des flacons de 90 ml alors que ce produit existe en 200 et 500 ml !
      Je viens de le trouver sur internet…
      – 200 ml : 4,49 €, soit 22,45 €/litre
      – 500 ml : 8,49 €, soit 16,98 €/litre
      L’Eludril Gé 90 ml est vendu 2,30 €, soit 25,55 €/litre !
      Mais seul ce dernier est (un peu) « remboursé », cherchez l’erreur… (Mais avec l’euro par boîte/flacon, pas bête ! En fait, le client ne s’y retrouve pas, c’est une belle arnaque organisée à tous niveaux.)
      Au moins, ça fait un stock de petits godets gradués ;-)

      1. Avatar photo

        Je me souviens de la réflexion d’un expert indépendant de la santé qui faisait le (triste) constat que nous sommes à peu près égaux sur le principe de perdre notre potentiel de vision, et nos dents, en vieillissant. Un principe naturel !

        Curieusement, le système de santé qui nous serait envié par le reste de la planète, s’est organisé pour rembourser quasiment pas ces 2 domaines.

        J’ai effectivement entendu, et lu ce que vous rapportez, de plusieurs sources, effectivement, il y a des abus mercantiles comme dans tous les cas faciles où on est un spécialiste en face d’un patient affaibli et en besoin. Il y a aussi un décalage organisé dans la nomenclature des soins aux tarifs imposés par la cpam plus du tout en rapport avec le coût réel. Sans compter sur le leurre d’une couverture maladie insidieusement, et exclusivement orientée vers le transfert au privé (complémentaires).

        Il est très rassurant, en effet, de constater que la formation est tout simplement correcte. Il existe aussi des praticiens corrects, j’en connais à travers ma mère, bonne cliente, et mon entourage.

        Là aussi, comme pour la fiscalité, une remise à plat est nécessaire, un hic, et de taille, rien n’est possible sans une réflexion profonde sur notre société, celle vers laquelle nous voudrions aller.

        Sans projet, c’est cuit, aucun politique n’a ça dans son programme, forcément, c’est bien au-delà d’un mandat, pffff !

        J’en profite pour saluer Pierre Rhabi, colibri canadair, qui incite comme il peut.

        Ma fille est préparatrice dans un village, elle fait du vrai conseil, gère le stock, porte les traitements aux personnes âgées, ou handicapées, et a la chance d’évoluer dans une équipe jeune et enthousiaste, un contre exemple… Ce sont des délinquants car ils ne suivent pas toutes les recommandations imposées, tant qu’ils le peuvent, je suis encore plus révolté qu’elle quand elle me les explique.

        J’ai le souvenir récent d’un médecin conduit devant les tribunaux par… la cpam (44 je crois), pour un délit effroyable, inqualifiable, il ne prescrivait que des médicaments remboursables à 100% dans son environnement « populaire ». Je passe sur le fait que ça soit décidé par un fonctionnaire, agent public, et que ça soit accepté par un autre agent public, le juge du tribunal.

        Hippocrate doit danser la lambada avec Esculape, je pense.

        Désolé d’apporter un peu d’eau glacée à votre moulin fragilisé, j’espère que ce fluide glacial aura le mérite de soulager un peu le traumatisme du traitement ;-)

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          Exact, la vue… Et s’il y a bien quelque chose de vital, notamment pour travailler, c’est bien ça.
          Et la dentition… Mais il est vrai que s’alimenter pose d’autres problèmes, d’où, peut-être, cette solution radicale.
          Preuve que notre société fait l’impasse sur l’essentiel.
          Même une cure est mieux couverte !

          Dans le cas des dentistes, heureusement qu’il n’y a pas que des brebis galeuses, mais je n’arrive pas à en trouver un valable.
          Par contre, je suis ravi d’avoir fait ce constat de moi-même, pour l’enseignement en CHU, c’est rassurant.

          Mais ensuite, les dérives ne sont même pas à mettre sur le dos de l’incompétence.
          Non, c’est une volonté manifeste de faire du fric sur le dos des patients.
          Un peu comme un marchand de pneumatiques qui perce les pneus des voitures du quartier la nuit…
          Et c’est encore pire pour le chirurgien-dentiste, puisque l’on va voir un expert, protégé par le système, et en qui l’on place toute sa confiance.

          J’en ai même vu qui ne comprennent pas (rien qu’à leur air ahuri) que l’on n’ait pas, comme ça, 10 000 euros à leur allonger de suite !
          (Alors même que ce qu’ils veulent faire est abusif)

          Pour ce qui est des médecins, j’en connais un qui, certaines fois, ne fait pas payer la consultation.
          Il est croyant, et il dit que ce qu’il fait est un acte « chrétien »…
          En outre, il pratique la juste mesure : ne pas faire payer pour un simple renouvellement d’ordonnance peut ne pas sembler anormal, en effet.

          Les CPAM se gardent bien de poursuivre les abus des praticiens dans l’autre sens, et les abus sont pourtant ahurissants.

          Votre fille travaillerait-elle dans l’une des très rares pharmacies qui ne « trafiquent » pas, notamment, sur les MNU et les ordonnances pour personnes âgées ?
          Cela dit, elle doit bien être au courant des pratiques dont j’ai parlé récemment ici.

          L’eau glacée ? Ça fait du bien contre ce genre de douleur ;-)

  2. Avatar photo

    Pour les soins dentaires en CHU,je confirme:c’est là que j’y ait reçu les meilleurs soins et sans payer un centime(j’étais à la CMU à l’époque)
    Certes,les étudiant(e)s tâtonnent un peu et ont parfois la main un peu lourde avec les analgésiques mais au moins,c’est du solide!
    Pour bénéficier du prix juste en pharmacie,le plus simple est d’adopter le look « clodo »;j’y vais systématiquement à la fin de mes journées de travail à l’extérieur et on me propose presque toujours des génériques.

    1. Avatar photo

      Pas bête du tout le look « clodo » !
      Avec la CB Gold (ils la prennent tous) pour régler, et en disant « pas la peine », pour passer ça sur la Vitale ;-)
      Et ne jamais laisser de pourboire dans une pharmacie.

      Pour les génériques, ça n’est pas forcément une bonne opération, et c’est le pharmacien qui y gagne avec ses primes et autres avantages (dont marge plus importante).
      Quant au patient, il est souvent perdu car la forme, la couleur, le goût des médicaments changent au gré des labos, et surtout les dosages peuvent être moins précis (voir d’autres billets/commentaires, notamment ici).

      CHU, effectivement, et ils ont tout sous la main, notamment la radio panoramique.
      Concernant les étudiants, d’abord ils sont bien encadrés, et surtout ça a un côté très sympa : « OK, je joue le jeu, je vous sers de cobaye, mais devenez de bons professionnels… »
      Malheureusement, on voit ce que certains deviennent : business, business, au détriment de la « patientèle » comme ils disent fort opportunément.

    2. Avatar photo

      Le look « clodo », tactique, mais à affiner, à mon sens.

      Le SDF, clodo moderne, a la CMU, donc ça va pas aider.

      Entrer en Armani, non plus.

      Il faut bien viser la tranche que rappelle souvent Grinçant, celle qui a juste un peu trop de revenu pour des allocations, assez pour se loger chichement, manger régulièrement des pâtes, et rien pour le reste…

      C’est hélas un quotidien qui se développe, qui se soigne mal faute de moyen, en particulier des dents.

      1. Avatar photo

        Attention, les Barilla sont un signe extérieur de richesse…
        Ça doit se manger en Armani, al dente s’il vous reste des dents, ce qui devient un luxe.

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