Alors que le site de Pôle emploi était en rade voilà une semaine.
Alors que ce même site n’indique même plus le nombre d’offres d’emploi disponibles.
Alors que l’on nous intoxique au moins chaque mois sur l’état de l’emploi en France.
Avec des statistiques sur le nombre de demandeurs d’emploi sérieusement sujettes à caution…
Toujours le même refrain sur les offres non pourvues et les fainéants qui ne veulent pas se remuer.
Toujours aux mêmes dates, les médias se font le relais de ces intoxications.
Un véritable travail de sape, mois après mois.
Toujours plus culpabilisant, plus stigmatisant pour ceux qui cherchent un emploi et qui n’en trouvent désespérément pas.
Le 25 juin 2013 à 17:58:05, la DARES a enregistré son dernier « Indicateur » au format PDF « Demandeurs d’emploi inscrits et offres collectées par Pôle Emploi en mai 2013 ».
Il faut aller dans ce genre de document pour trouver les chiffres officiels après passage à la moulinette et ajout d’édulcorants.
Le seul chiffre retenu par les médias : « stabilisation du chômage, avec seulement 100 chômeurs de plus par rapport à avril 2013 (catégorie A). »
Mais ici, c’est un autre chiffre qui nous intéresse, celui des offres d’emploi.
Le site internet Pôle emploi n’affichant plus le nombre d’offres en ligne, c’est donc ailleurs qu’il faut chercher.
Plongée page 14 (sur 20) du document précité, au joli nom de « PI-Mensuelle-COC800 »…
L’on y apprend que les « Offres d’emploi collectées par Pôle emploi » :
- S’élèveraient à 217 300 en Mai 2013
- Contre 230 500 en Avril 2013, soit une baisse de 5,7 % en un seul mois
- Contre 254 200 en Mai 2012, soit une baisse de 14,5 % en un an
- Quant aux données brutes, la baisse sur un an est carrément de 17,3 %
À part ça, tout va bien, il y aurait plein d’offres !
(Pour plus de 5 millions de chômeurs officiels en catégories A,B,C)
Mais ce qui intéresse Grinçant.com, ce sont les fameuses « Offres non satisfaites »…
Malheureusement, nulle trace de cette information, pourtant fort médiatisée, sur les 20 pages du document.
Il faut aller chercher le tableau « Offres d’emplois satisfaites », et faire un calcul différentiel :
- 184 400 offres d’emploi satisfaites en Mai 2013
- Le différentiel est donc de 217 300-184 400, soit 32 900 offres d’emploi non pourvues
- Ce qui représente 1 offre pour par tranche de 152 chômeurs officiels !
Et quand vous savez ce qui se cache derrière les 3 rubriques :
- Emplois durables (plus de 6 mois)
- Emplois temporaires (1 à 6 mois)
- Emplois occasionnels (moins d’1 mois)
À savoir de faux CDI, des emplois enjolivés, des promesses non tenues, des temps partiels, des emplois intenables pour des raisons multiples, des jobs de 4 heures, du porte-à-porte, des emplois qui ne seront finalement jamais payés, etc.
Vous arrivez à un taux de déchet ultime, d’emplois tellement pourris que personne n’en veut !
Eh oui, la réalité, c’est aussi ça !
Et ce taux n’est que de 15,14 %, ce qui est finalement peu.
Alors, non, des emplois non pourvus, des vrais, il n’y en a pas réellement !
C’est de la bidouille, du fantasme, de la désinformation, de la manipulation.
Tenez, là, à quelques centaines de mètres, il y a des ouvriers qui travaillent sur un petit échafaudage, sur un chantier de la mairie.
L’entreprise est pourtant bien du département.
Mais les trois ouvriers parlent tous une langue des Pays de l’Est…
Cherchez l’erreur.
Et pour vous montrer dans quel état de décadence nous sommes, sachez que le marché des offres d’emploi s’est déplacé.
Si vous cherchez, ce ne sont même plus les « Job-boards » (sites spécialisés) qu’il faut consulter, ni même les réseaux sociaux…
Non, c’est pire, bien pire.
- Alors que Pôle emploi n’affiche même plus le nombre d’offres d’emploi disponibles
- Mais qu’il s’avère qu’il y en aurait eu 217 300 en mai dernier (voir plus haut)
- Alors que l’APEC (pour les cadres) n’en propose que 37 256
- Alors que le site CadreEmploi n’en propose que 9 266
Sachez que vous en avez :
Au côté des annonces de rencontres africaines ou de vente d’objets volés ou déterrés du grenier ou de la cave… Des EMPLOIS !
Mais lisez bien, c’est encore plus du « tout-venant », des arnaques de toutes sortes.
Cependant, dans le lot, il y a beaucoup d’annonces issues de sociétés d’intérim très connues qui osent même afficher leur logo.
Et même des offres de cabinets de recrutement, « Nous recrutons pour notre client… »
Imaginez la qualité, le niveau, de ces recruteurs qui se disent professionnels, alors qu’ils en sont à recruter au milieu des petites annonces gratuites…
Mais vous noterez également que ces nombres d’offres sont ridicules au regard du nombre de demandeurs d’emploi, d’autant qu’il s’agit souvent des mêmes offres pour ratisser large.
Décidément, nous sommes descendus bien bas.
“Ah, au fait ! Nous recrutons un Bac +8 quadrilingue, expert en recyclage des énergies et des matières, pour faire le ménage.
Emploi en CDI à 50 K€ par an pour une unique mission de 4 heures, à l’essai, et non rémunérée la première fois.”
Cette offre sera diffusée auprès de Pôle emploi, de l’Apec, sur VivaStreet.com et sur LeBonCoin.fr.
Ça fera 4 offres d’emploi en plus pour les statistiques.
Et notre pays ira de mieux en mieux.
Crédits illustration : © Logo Vivastreet.com & Logo Leboncoin.fr
© PF/Grinçant.com (2013)
Billets en rapport :
Le marché de l’emploi… Déjà le terme de « marché » me dérange.
Mais bon.
Le problème à la base viens de la formation. A force de vouloir à tout prix former des bacheliers +
ont en a oublié les autres emplois : ceux qui ne nécessitent pas une formation particulière et ceux dont le « marché » du travail a besoin.
Patron pendant plusieurs décennies, mon plus gros soucis à toujours été le recrutement. J’étais dans une branche avec seulement deux écoles de formation en France…
Donc, la solution la plus simple est de former soit même par le biais de l’apprentissage. Pari risqué !
Mais également la seule solution viable. Quand je voyais le programme pour la partie école de l’apprentissage, c’était vraiment à mourir de rire : cinquante ans de retard !
Il y a de cela quelques mois, je me suis lancé dans la construction de ma maison en employeur occasionnel. C’est à dire que je désirai engager deux personnes pour m’aider à construire : un maçon et un manoeuvre.
Je me suis tourné logiquement vers Pôle emploi. Le début de la galère ! ne croyez pas que déposer une offre d’emploi soit simple. d’abord il faut un N° de Siret. le statut d’employeur occasionnel… ils ne connaissent pas !
Pourtant il existe.
Heureusement que j’avais celui de mon entreprise pour contourner le problème.
Ensuite il ne reste plus qu’à… attendre.
En effet, ce n’est plus comme avant où un conseiller vous recevait, regardait dans ces dossiers si il y avait quelqu’un susceptible de correspondre peu ou prou à ce que vous rechercher.
Maintenant il faut attendre que votre demande passe sur le site de pôle emploi (ou soit affiché dans votre agence ) et QUE LES GENS VOUS CONTACTE !
Des gens m’ont contacté.
Des dizaines.
De tous les pays d’Europe.
De toutes professions n’ayant parfois rien à voir avec ma demande.
Des agences d’intérim me proposant de faire l’intermédiaire avec des travailleurs venant des pays de l’est.
Etc, Etc…
Mais pas une seule demande d’un chercheur d’emploi du coin en un mois.
Pour un maçon ou un manoeuvre.
Ils sont tous trop occupé à travailler au noir je suppose.
Alors, le « marché » de l’emploi……..
C’est le grand bordel depuis longtemps, mais là, ça dépasse tout.
Le point souligné dans ce billet est révélateur : même des agences d’intérim qui sont censées avoir un fichier et un site performant passent des offres gratuites sur des sites faits pour des petites annonces.
C’est du grand n’importe quoi, du bricolage à tous les niveaux.
Bientôt, on pourra revendre sa voiture sur Pôle emploi, là leur site pourrait être efficace.
Il leur restera à trouver le code ROME, ce qui a toujours été un grand problème pour eux.
Quant aux personnes en recherche, elles sont totalement déboussolées, d’où ce que vous constatez.
Pari risqué ? Merci de confirmer que contrairement à tous les discours lénifiants qu’on nous rabâche a longueur de journée dans les médias, les « entrepreneurs » n’aiment pas prendre des risques, surtout en France.
Et consultez vous-même les offres non pourvues de PE pour vous rendre compte du cote abracadabrantesque de certaines annonces. Allez-y, c’est sans risque, cela ne demande qu’une connexion internet.
Si je dis « pari risqué » c’est bien parce que je l’ai pris et à plusieurs reprises !
Et que la motivation n’est pas toujours au RV des jeunes.
Et je ne suis pas le seul -loin de là- dans ce cas. J’avais chez mes amis entrepreneurs
une flopée d’apprentis.
Mais je persiste à dire que c’est un pari risqué car un pari sur ce que va donner
le jeune en question au bout de deux ans.
Même avec les aides de l’état un apprenti coûte du temps et de l’argent.
Mais cela reste la seule solution dans certains métiers.
Il faut aussi dire qu’il y a de vraies dérives avec ce que certains professionnels appellent « nos arpettes » qui font souvent un vrai travail, en toute autonomie, et qui, lorsqu’ils sortent de la « formation » voient les portes se refermer…
Derrière une arpette, il y a souvent une autre arpette, à un prix défiant toute concurrence !
Oui, le pari est risqué.
Malheureusement, ces propos sont détournés par des gens qui proposent des postes pourris, et qui disent ne trouver personne…
Cela a le don d’exaspérer des personnes en vraie recherche d’emploi, depuis longtemps, et qui se sentent stigmatisés par ces propos.
Autre exemple : à la Société Générale, il y aurait… 25 % de stagiaires ! (et pas seulement en été)
Interpellant, auriez-vous une source concernant ce pourcentage de stagiaires ?
Merci.
Oui, sans problème…
– « En 2011, les stagiaires représentaient l’équivalent de 26,7% de l’effectif à la Société Générale » sur WikiStrike, avec en référence un article de La Tribune (devenu payant)
– Ou sur BastaMag, avec cet extrait :
« Si la direction ne veut pas flexibiliser le travail comme elle l’entend, restera toujours le recours aux stagiaires, dont la Société générale détient le record absolu. En 2011, 11 241 stagiaires ont défilé dans les bureaux et agences de la banque (quand BNP Paribas n’en compte que 2 766 pour un effectif similaire). Soit, en proportion, 26,7% de l’effectif permanent ! »