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BVPP – Banque Vraiment Pleine de Pépettes

Interview semi-fictive* de Monsieur Bruno PÉPETTES, président de la BVPP (Banque Vraiment Pleine de Pépettes).

« Grinçant » : Il n’a pas été facile d’obtenir cet entretien.

Bruno Pépettes : Une telle chose se mérite, vous savez.

Tout le monde nous parle de crise, votre banque va-t-elle bien ?

B.P. D’autres se portent plus mal…

Cela ne veut pas dire que vous allez bien…

B.P. Oui, mais nous allons mieux que celles qui se portent plus mal !

Actuellement, certains constatent des difficultés à retirer de l’argent de leur compte, au guichet, et même au GAB. Que se passe-t-il ?

B.P. Cela peut arriver. Certains clients peuvent prendre peur sur la base de rumeurs, et nous sommes donc obligés de trouver des moyens de les freiner.

Vos GAB distribuent le plus souvent des billets de 10 ou de 20 euros, alors que ceux de banques concurrentes donnent encore des billets de 50 €…

B.P. C’est pour mieux vous faire prendre conscience de ce que vous retirez. Cela remplit plus vite vos poches ou votre portefeuille. Et si vous stockez sous le matelas, vous aurez une somme moins importante pour le même volume.

Et quand le GAB est hors service ?

B.P. C’est pour vous rendre service à vous : vous gardez vos économies en ne pouvant pas dépenser.

À quand les billets de 5 euros dans vos distributeurs ?

B.P. C’est pour bientôt, nous y pensons. D’ailleurs, nous avons même demandé à la BCE (Banque Centrale Européenne) d’élaborer des coupures d’un et deux euros…

Il faudra une brouette bientôt ?

B.P. Tout dépendra de la somme, mais nous envisageons un service de location dans nos agences. Il faudra déposer une caution. Mais ça, vous avez l’habitude, nous demandons toujours des cautions.

Les prélèvements sont débités immédiatement, mais il y a beaucoup de retard pour voir apparaître un virement, salaire par exemple. Où est l’argent dans ce cas ?

B.P. Oui, c’est curieux et on nous l’a souvent signalé. Vous savez, les banques fonctionnent avec des tuyaux, et il peut ne pas y avoir beaucoup de pression… Nous n’y pouvons rien, l’immédiateté n’existe pas chez nous.

Ah bon, alors comment faites-vous pour le « Trading à haute fréquence », où vous arrivez à passer plus de 200 ordres à la seconde, et ce par ordinateur ?

B.P. Calculez bien, ça fait 5 millièmes de seconde par ordre, donc ça n’est pas immédiat. Vous savez, il ne faut pas dire n’importe quoi, car vous risquez d’embrouiller nos clients.

Quand un virement met 48 heures pour arriver sur un compte, il met quand même 34,5 millions de fois plus de temps !

B.P. Ne pinaillons pas sur les chiffres, là vous polémiquez. Les clients ne peuvent pas comprendre, et l’essentiel, c’est que l’argent arrive.

On nous signale de plus en plus de frais pour des causes diverses, souvent sans raison valable ?

B.P. Il y a toujours une raison valable pour nous, et le client a toujours tort. D’ailleurs, il peut saisir notre Médiateur.

Ces frais peuvent aggraver la situation de gens en difficultés…

B.P. Ils n’ont qu’à ne pas être en difficultés ! Vous savez, les choses ne sont pas compliquées dans la vie.

En appliquant de telles méthodes, vous aggravez la crise, non ?

B.P. Peut-être, mais nous les banques, nous nous en sortirons toujours. Vous voyez bien ce que font les états et l’Europe, pour nous… Donc, ça n’est pas notre problème. Nous prenons des frais, point barre !

En Espagne, les banques ont « prêté » des sommes phénoménales pour construire des logements invendables. Elles saisissent les biens et tentent de les revendre en proposant des crédits. Le serpent se mord la queue ?

B.P. C’est aussi la raison d’être du serpent. Oui, les banques possèdent presque tout l’immobilier, d’une façon ou d’une autre, et c’est pareil en France.

Dans un tel contexte, vous continuez à construire des sièges sociaux régionaux somptueux, est-ce bien raisonnable ?

B.P. Raisonnable est un mot qui n’existe pas dans notre vocabulaire. Ce terme ne doit s’appliquer qu’aux clients.

Où sont passés les 1000 milliards prêtés par la BCE aux banques ?

B.P. Nous avons eu notre part, mais je ne sais pas. Vous savez, la magie existe !

Vous continuez à prêter aux entreprises et aux particuliers ?

B.P. Vous savez, le client est toujours un risque, et nous n’aimons pas les risques. Nous les orientons plutôt vers des produits d’assurance, comme les assurances vie.

Mais si votre client se suicide du fait de la crise, vous indemnisez les bénéficiaires ?

B.P. Cela peut arriver, mais vous savez que l’article L. 132-7 du Code des assurances stipule que l’assurance est de nul effet si l’assuré se donne volontairement et consciemment la mort au cours des deux premières années du contrat.
Aussi, en bons gestionnaires, nous faisons tout pour que les clients passent à l’acte dans ce délai.

Vous pratiquez le cynisme ?

B.P. Non, nous appliquons seulement des principes de bonne gestion, je vous le répète.

Comme vous semblez enclin à répondre à nos questions, nous vous reposons celle du début de notre entretien : votre banque va-t-elle bien ?

B.P. Je ne sais pas ce qui m’arrive, j’ai l’impression de répondre honnêtement pour la première fois de ma vie…
Alors non, notre banque ne va pas bien depuis longtemps, et notre sigle BVPP (Banque Vraiment Pleine de Pépettes) veut maintenant dire « Banque Vraiment en Pénurie de Pépettes ».
Et même pour moi, son président Bruno PÉPETTES, j’envisage de faire enlever le S à la fin de mon nom. Ça fera plus modeste !

NDLR : pépettes, le mot commun, peut également s’écrire pépètes, mais chacun sait de quoi il s’agit… Étymologiquement, ce terme signifierait « galet plat pour faire des ricochets ».

  © PF/Grinçant.com (2012)

*toute ressemblance, ou similitude, avec des établissements, des personnages, et des faits existants ou ayant existé, ne saurait être que coïncidence éventuellement fortuite

2 commentaires sur “BVPP – Banque Vraiment Pleine de Pépettes”

  1. Avatar photo

    En fouillant dans les cartons d’archives de PF je suis tombé sur ce petit billet.

    Il est toujours (plus que jamais ?) d’actualité.
    J’y ajoute une petite contribution.

    En 2009 ou 2010 l’ancien président qui veut aujourd’hui le redevenir, le Sarkoétron bien nommé, nous disait au cours d’une réunion exceptionnelle du conseil de l’Europe : « finis les paradis fiscaux, j’y ai mis un terme !! ». Monté sur ces talonnettes son discours fut salué comme un GRAND discours fondateur et magnifique. Mais venant d’une si petite personne, le 1er pet émanant de son arrière-train vint enfumer toute la badaudaille populaire qui buvait ses paroles et criait au génie.

    En 2012 le Hollandais volant nous disait « mon ennemi c’est la finance ! ».
    Avant de nous mettre un banquier d’affaire en 2014 comme ministre de l’économie, ministre dans un gouvernement de gauche qui a incontestablement de gros problème de latéralisation car il confond droite et gauche, à moins qu’à force de narcissisme le miroir de sa traitrise lui amène cette confusion des genres.

    Doit on rire, doit on pleurer ? Chacun jugera…

    Mais, en tout cas, en 2014 explose l’affaire Luxleaks (c’est pas loin c’est juste frontalier avec notre pays et surtout le pdt de la commission de l’UE fut l’ancien 1er ministre de cet état voyou).
    Il est d’ailleurs étonnant que les seuls mis en cause dans ce scandale furent les journalistes auteurs de l’enquête et les lanceurs d’alerte, et que cette mascarade (à 2 chiffres et nous parlons de Milliards d’€) fut étouffée dans l’œuf ou/et ne trouva guère de publicités et relais dans les meRdias classiques.
    Toute proportion gardée on prend moins de gant avec la Suisse.

    Mais bon Dieu, j’oubliai, évidemment la Suisse n’est pas dans l’UE et il ne faut donc surtout pas que le bon peuple puisse douter de l’Europe, cette magnifique œuvre de destruction massive des droits des peuples.

    Mais il est vrai que l’UE sait fort bien recycler les déchets toxiques de la politique et de la Finance.
    Sans doute faut il y voir là, la seule signification de l’Europe des 27, cette tartuferie qui anéantit les peuples mais enrichit la caste qui s’assoie sur les référendums des gens… Mais allez, on y croit, vous avez même le droit de voter, de toute façon si votre vote ne convient pas on s’assoira dessus comme le nabot Sarko lors du NON au référendum.

    Bref après tous ces discours et petits rappels, vous pourriez dire je suis un vieux réac ou un menteur. Alors donc comme il faut bien à un moment voir si les paroles de ces « salauds » et pitres suivent les actes… Je vous laisse lire : Les gros profits des banques françaises dans les paradis fiscaux (ParadisFJ.info, le 16/03/2016)*

    A la lecture vous vous direz peut être : « Ah ben ça alors on nous aurait menti ? »
    Oui, on se fout joyeusement de notre/votre gueule, mon interrogation est : pourquoi les peuples se laissent ainsi tondre, voire soutiennent ces enfoirés ?
    J’avoue ne pas comprendre, merci de m’éclairer.

    *{Note de la modération : s’agissant de la reprise d’un article du Parisien, dépouillé de ses infographies, je vous invite aussi à consulter l’article d’origine.}

    1. Avatar photo

      Puisque vous parlez de « cartons d’archives » pour ce billet, j’en profite pour en ressortir trois qui lui sont postérieurs :
      – Loi Macron, miasmes, gangrène, tumeurs démocratiques (02/2015)
      Poilus, Macronite aiguë, cancers et prostate (11/2014)
      La Finance et les banques doivent bien se marrer (08/2014)

      Quant à votre interrogation finale, j’avoue ne pas comprendre non plus.
      Ou plutôt si, mais c’est très inquiétant.

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