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“Mayday”, les aventures d’un drone : pelleteuse et cockpit en rade

Drone : Vol à vue impératif !Période dronesque pour moi !
Et quand je suis accroché à une idée, je n’en démords pas.
Samedi, j’avais fait mon premier (vrai) vol en forêt, à une croisée des chemins.
Hier, mardi, j’ai décidé d’y retourner, avec deux idées en tête.
La première était de le faire grimper au maximum légal en France, soit 120 mètres.
Et la seconde était de prendre une meilleure photo d’un étang à proximité.
120 mètres d’altitude pour un drone censé pouvoir monter jusqu’à 4 000 mètres, c’est frustrant.
Mais bon, de toutes les manières, on doit le « garder à vue », et ce petit engin de moins de 250 grammes devient vite invisible.
Me voilà donc reparti pour faire mes 4 kilomètres à pied pour rejoindre mon « spot ».
La chaleur est presque écrasante, comme si mon sac à dos ne suffisait pas à me tasser.
Une fois arrivé, j’installe ma petite piste de décollage/d’atterrissage de 50 centimètres de côté en plein milieu de cette « croisée ».
Et je me mets à l’ombre d’un arbre pour piloter un peu à l’abri de la chaleur.
Et c’est parti, décollage pour les cieux, ou presque !

Mon héliport en danger…

Mais, au bout d’une dizaine de minutes, je vois de l’agitation au loin.
Un petit camion « plateau » qui s’approche…
J’entreprends de poser le plus vite possible mon drone sur sa minuscule piste.
L’opération à peine finie, un gars descend du camion pour décrocher la chaîne qui barre le passage.
Et que vois-je arriver, dans un nuage de poussière ? Un convoi exceptionnel !!!
Je me dépêche de récupérer mon drone, de plier ma piste, et de refermer mon sac à dos posé dans l’herbe.
Rangé sur le côté, le convoi passe devant moi et roule exactement là où était mon installation aéroportuaire.
Je laisse la poussière retomber avant de prendre une décision…
Le « porteur » devrait revenir, et il vaut mieux que je me casse d’ici !
Je décide donc de rejoindre le fameux étang situé à environ 500 mètres.

L’étang

Là, je rigole un peu moins pour mon drone…
Le terrain, c’est de l’herbe plutôt haute, de quoi flinguer les hélices à la moindre erreur.
Autour, il y a des arbres, à ne surtout pas percuter.
Et comme terrain de jeu, ben c’est de l’eau, et la mort/perte potentielle de mon joujou.
J’aplatis l’herbe pour poser ma petite piste, face orange bien visible.
Et je me dis que les atterrissages doivent forcément se faire parfaitement au centre.
Pour cela, je m’aide de la caméra en mode « oiseau » (vue verticale à 90°) — le “H” bien au milieu de mon écran — pour bien viser.
Problème : je suis en plein soleil, et ça tape vraiment dur !
Et c’est parti !…

Le télépilote photographié par son drone
En haut à gauche, ça n’est pas mon drone, c’est une… libellule !

Je remonte à 120 mètres pour tenter de photographier l’étang comme je le souhaite.
Malheureusement, je ne suis pas assez haut pour l’avoir en totalité.
Je me dis que je pourrais déverrouiller le plafond d’altitude pour monter davantage.
Mais j’aperçois un petit avion de tourisme dans le ciel, à ma gauche, et il ne vole pas très haut.
Non, il ne faut pas enfreindre ces règles de sécurité pour une malheureuse photo !
Malheureuse, la photo ? Pas tant que ça, et elle fera l’objet d’un petit billet dédié !
Le drone ramené à proximité, je m’amuse à m’approcher d’un pin pour en photographier la cime…

Écran noir !

Pour les personnes qui ne connaissent pas ce type de drone, il y a la télécommande.
Et on la couple avec un smartphone ou une tablette pour faire tourner le logiciel de pilotage.
Ce logiciel assure un retour vidéo issu de la caméra embarquée, permettant de piloter presque comme si l’on était à bord du drone.
Voici ma télécommande avec le smartphone que j’utilise, un Google Pixel 4a 5G récemment acheté :

Le "binôme" : télécommande & smartphone
Heureusement, télécommande en OcuSync 2.0 (stabilité et portée +++)

Occupé à piloter « à vue », je scrutais mon drone à l’assaut de la cime de l’arbre.

Cime de pin, sans pommes
Atteindre la cime de ce pin, ça ne mange pas de pain

Puis, machinalement, je baisse le regard vers le smartphone…
Et je vois un écran noir avec un cercle et la mention « Arrêt en cours » au milieu !
Grand moment de solitude !!!
Comme le drone a l’air de toujours répondre à mes manœuvres sur les joysticks, je me dis que la situation n’est pas si catastrophique.
Et je le ramène exactement au centre de son « landing pad » (la piste) entouré d’herbes.
Moteurs coupés, drone sauvé, et télépilote soulagé !
C’est alors que je fais un « débriefing » dans ma tête.
Que s’est-il donc passé ?
En fait, je pense le savoir.
Je sors mon anémomètre qui mesure également la température ambiante, et je le pose sur mon sac.
Au bout de deux minutes, il est déjà à 37,6 °C :

Écran de mon anémomètre/thermomètre
Ça chauffe !

Entre le soleil qui tape dur, la charge de la batterie, le logiciel de pilotage et le retour vidéo, j’imagine que le smartphone s’est trouvé en surchauffe.
Mais je n’ai vu/entendu aucune alerte…
Il faut dire que l’application est dite « plein écran »…
Je décide de remballer tout mon matériel et de rentrer tranquillement en tirant les leçons de cet incident…

Tout d’abord, je viens d’avoir la preuve que le drone pouvait se piloter — au moins pour le faire revenir — SANS le smartphone !
Et que ce système est quand même vachement bien foutu !
Qu’ensuite il faut toujours garder son sang-froid.
Et, pour finir, j’ai eu confirmation de mon diagnostic quand mon téléphone a daigné accepter de se rallumer :

SURCHAUFFE !!!
Un truc auquel je n’étais pas réellement préparé avec ce modèle, surtout avec une méthode aussi radicale que l’extinction automatique et brutale.

La pelleteuse

Me voilà reparti avec mon sac sur le dos.
Devant moi, je vois les traces du convoi exceptionnel de tout à l’heure.
Et au loin, j’aperçois l’engin qu’il transportait…

Au loin, une pelleteuse
J’aperçois le chargement du convoi exceptionnel…

Une pelleteuse Liebherr 922 de 23 tonnes, avec ses deux godets.
J’ai devant moi une machine pesant 92 500 fois le poids de mon drone !
J’ai presque eu envie de monter à bord pour m’amuser un peu…

Mais non, il faut que je rentre, car je suis impatient de voir le point culminant de ma journée…
Cette fameuse photo d’un étang tout ordinaire qui risque de devenir extraordinaire…
D’autant qu’elle me rappellera un après-midi plutôt mouvementé !

Vignette : « Et si le tableau de bord/l’écran de contrôle s’éteignait subitement ? »

© PF/Grinçant.com (2021)

10/06/2021 — La fameuse photo « teasée » : Ça n’est qu’un petit étang en forêt (photo)

10 commentaires sur ““Mayday”, les aventures d’un drone : pelleteuse et cockpit en rade”

  1. Avatar photo

    il me semble que certains drones ont une fonction de retour automatique (je suppose à une position GPS enregistrée).
    Certains sont même assez sophistiqués et capables d’éviter les obstacle devant eux grâce à leur camera IR.
    Je sais pas pour le vôtre, mais même si vous perdez le contrôle, tout n’est pas perdu !

    1. Avatar photo

      Oui, c’est ce que l’on appelle la fonction « RTH » pour « Return To Home », et ce drone en est doté.
      Par contre, ça n’est pas la panacée, et il convient d’être prudent en l’utilisant.
      Concrètement, avant de décoller, on règle l’altitude du RTH (par exemple 40 mètres) en fonction des obstacles environnants. Et si on le déclenche, soit le drone est au-dessus et il conserve son altitude, soit il est en dessous, et alors il monte à la verticale pour l’atteindre. Ensuite il fait une ligne droite pour se positionner à la verticale du point de décollage/de référence (on peut le repositionner en cours de vol) avant d’entamer automatiquement sa procédure d’atterrissage. À tout moment on peut reprendre la main pour plus de précision (cf. mon « landing pad » de 50 cm de côté).
      Le RTH se déclenche aussi normalement automatiquement en cas de batterie « limite », et aussi en cas de perte de signal de la radiocommande.
      Problème, sur mon modèle, si le drone se trouve à moins de 20 mètres de son point de référence, il se pose… directement ! Donc, dans mon cas, possiblement dans l’eau puisque j’étais au bord de l’étang. :-/

      Le mien n’a pas de détecteur d’obstacles, sauf dessous pour atterrir ou se positionner en mode « dégradé » au-dessus du sol (1,20 m), quand il ne capte pas correctement le GPS (par exemple en intérieur).
      Il faut monter assez haut en gamme pour avoir la totale dans ce domaine (le modèle « Pro » chez DJI), mais la fiabilité n’est pas parfaite, notamment pour éviter les petites branches.
      De toutes les manières, je débute, et c’est un choix de ma part, je ne compte pas sur les automatismes pour mieux apprendre à le piloter.
      Mais j’ai quand même testé le RTH dès ma première séance de vol, histoire de vérifier son fonctionnement ;-), et c’est assez bluffant/sécurisant.

      En cas de « perte », on peut visualiser sa dernière position sur une carte Google Maps, et même le faire biper pour tenter de le retrouver au son lorsque l’on est à proximité.
      Bon, si ses hélices sont HS et qu’il est accroché en haut d’un arbre en pleine forêt, ça aide, mais pas énormément.

      PS : Pour la détection d’obstacles, il ne s’agit pas de « caméra IR », mais de sonars.

  2. Avatar photo

    Une pelleteuse de 23 tonnes bourrée de métal, acier, liquide hydraulique et un drone de 250 g bourré de technologies. Un lien commun entre les deux ? Un seul individu pour conduire les 23 t et un seule personne pour piloter les 250 g ! Dans les deux cas, il vaut mieux que l’utilisateur ne soit pas bourré ! ☺ ☺ ☺

    « Une technologie qui se limiterait à la classification des formes des outils et à l’analyse des états d’une fabrication entretiendrait vis-à-vis de l’ethnologie les mêmes rapports que la zoologie systématique vis-à-vis de la biologie animale. »
    André Leroi-Gourhan (1911-1986), le Geste et la Parole, t. II, p. 34

    Une question : Y’a-t-il un signal d’avertissement lorsque le drone s’éloigne trop avant de perdre le « contact » total avec la manette de pilotage ?

    1. Avatar photo

      Oui, il y a un indicateur de « force du signal » (comme sur un téléphone mobile), et des messages d’alerte écrits (avec des bips), voire vocaux (en anglais).
      De toutes les manières, avec cette technologie — OcuSync 2.0 —, la portée maximale téhrorique est de 10 km (norme FCC, USA) ou de 6 km (norme CE, France).
      Mais comme l’altitude réglementaire (en zones « volables ») est plafonnée — en France — à 120 mètres (le drone est annoncé comme pouvant voler jusqu’à 4 000 mètres), et qu’il y a « obligation » de le garder « à vue » (et avec la taille de l’engin, il devient vite invisible malgré une LED à l’avant et à l’arrière), la perte de signal est normalement quasi impossible en usage « normal ». De toutes les manières, le « retour vidéo » de la caméra se dégrade avant la perte des possibilités de pilotage. Et il y a le fameux « RTH » (Return To Home) — ou au pire l’atterrissage automatique (alea jacta est) — si le drone ne peut plus communiquer.

  3. Avatar photo

    Le smartphone qui surchauffe, je n’ai jamais eu ça, même derrière le parebrise en mode GPS… En plein air en plus.

    La seule fois où je l’ai constaté c’est en bivouac dans la sacoche liée à mon panneau solaire pliable que j’avais suspendu sur la tente, noir sur noir et bien exposé. Maintenant, je déporte le smartphone ou la batterie externe ou j’évite le plein soleil, la lumière recharge bien aussi.

    Les 120 mètres de hauteur c’est assez théorique, un chasseur ou un hélico guerrier descend à 100 m ou 50 m. Je ne parle pas des avions de tourisme, ULM, etc. qui se dispensent facilement de ces règles (hors circuit de piste).

    L’essentiel c’est de voir et d’être vu.

    Enfin, et c’est valable pour tout ce qui vole mécaniquement, les oiseaux ne se faisant jamais avoir c’est d’anticiper toute perturbation due au relief, au masquage comme les arbres, les turbulences associées vont déstabiliser l’engin d’où la nécessité de lui laisser suffisamment d’air autour.

    1. Avatar photo

      Si, moi j’ai eu ça, et même avec un « vrai » GPS TomTom qui m’affichait régulièrement un message du type « Surchauffe, arrêt nécessaire ».

      J’ai aussi utilisé un téléphone Asus qui se mettait à faire n’importe quoi lorsqu’il était presque brûlant, en utilisation GPS notamment, derrière le parebrise de ma Xantia. Raison pour laquelle j’ai aussi un support à installer sur une grille de ventilation (ce Billet).

      Sur ce coup, j’ai été extrêmement surpris, car c’est un téléphone acheté en avril dernier, et je l’avais testé derrière le parebrise — en plein soleil, mais ça tapait moins —, et tout semblait OK.
      Mais là, il y avait une « conjonction » de phénomènes : plein soleil (j’étais sous un arbre avant d’être délogé par le convoi exceptionnel, on m’aperçoit d’ailleurs sur les photos de prise d’altitude) pas de vent logiciel « gourmand » en ressources (notamment du fait du « retour vidéo » en 720p) charge de la batterie en cours.
      DJI a voulu bien faire, la télécommande charge « tranquillement » la batterie du smartphone en utilisation, et ça n’est pas désactivable. J’avais tiqué sur ce point en lisant la notice, et les faits m’ont donné raison.

      C’est un Google Pixel 4a 5G — je pense revenir sur ce choix dans un prochain billet — avec un dos « plastique » (mon Huawei Mate 20 Pro a un dos céramique, et ça, pour la chaleur :-/), et je pensais être tranquille de ce côté-là.
      J’ai lu qu’il y avait des problèmes de surchauffe sur le Pixel 3 — essentiellement lors d’une utilisation « intensive » avec charge simultanée —, et seul ce modèle semblait concerné. J’ai cherché pour le mien, plus récent, sur le web concernant ce sujet, et je n’ai rien trouvé.
      Je sais par contre que, plutôt que de faire n’importe quoi, il s’éteint carrément, ce qui n’est peut-être pas plus mal. Il y a probablement eu une « notification » avant, mais elles sont masquées par le logiciel de pilotage (DJI Fly) qui est en mode « plein écran ».
      Reste aussi à savoir à quelle température il se met en « Alerte surchauffe ».
      J’ai installé une appli pour surveiller en permanence la température qui reste affichée dans une petite bulle, en superposition.
      Il faut dire qu’il s’agit d’une utilisation un peu « extrême ».
      Il existe également des visières/cache-soleil que l’on peut adapter, mais je trouve ça un peu « bricolage ».

      Les 120 mètres (par rapport au point de décollage/pilotage), c’est la nouvelle réglementation européenne depuis le 1er janvier 2021. Près des aérodromes, et dans certaines zones, elle peut même être réduite à 30 m (selon les couleurs, interdit/100/50/30, sinon c’est 120). Il faut consulter Géoportail — en activant le calque « Restrictions UAS catégorie Ouverte et aéromodélisme » — pour voir si l’on peut voler, et dans quelles conditions
      Il vaut mieux s’y tenir, car, en cas de pépin/infraction, les « forces de l’ordre » peuvent saisir les « logs » pour analyse.
      Je note aussi que l’altitude ainsi que les coordonnées GPS sont inscrites dans les Exifs des photos.

      Je suis du genre prudent. ;-)

      PS : En pratique, on peut voler très loin, grâce à la caméra et au retour vidéo (limites « techniques » annoncées par le fabriquant : portée 6/10 km, 4 000 m d’altitude). J’ai bien dû déborder un peu par rapport au « à vue », puisque le pilotage se fait aussi beaucoup à l’écran/au smartphone… ;-)

      1. Avatar photo

        Vous avez plus de recul sur le sujet, quelles sont les processus gourmand qui tournent, y compris en tâche de fond ?

        L’affichage et sa luminosité est un bon client en général. Dans le cas du drone, la communication, le pilotage, la localisation (?) et si je lis bien, la charge obligatoire ça fait beaucoup.

        J’ai l’application « Ampère » en cas de doute.

        Pour le GPS, en Combi, j’ai une excellente aération qui passe derrière le parebrise, et sur la moto c’est sur le guidon. J’ai aussi des modèles anciens Samsung S5. La charge est permanente sur les deux véhicules, une appli GPS et une autre pour les boîtes à images, le tout en autonome, luminosité max à moto, et pas de SIM sur le S5 dédié à la navigation.

        1. Avatar photo

          Je dédie ce smartphone exclusivement à tout ce qui est GPS/rando et « pilotage », et je désactive tout ce qui n’est pas utile, comme le Bluetooth et le Wi-Fi.
          Je laisse la luminosité en automatique, mais bien sûr, en plein soleil, elle est au maximum.
          Il n’y a presque rien en tâche de fond, et je ferme systématiquement toutes les applications après leur utilisation.
          Pour la température (et pas que), j’ai pris l’application System Monitor – Cpu, Ram Booster, Battery Saver en version payante.

          En fait, j’aimerais désactiver cette « charge forcée » par la télécommande (RC), mais c’est impossible dans la version actuelle de l’appli DJI. Ça part d’une bonne intention (ils considèrent donc que le smartphone est indispensable et qu’il doit être opérationnel), mais ça peut s’avérer contre-productif, la preuve.
          Je viens de faire 110 km (90 minutes de route) en voiture avec l’appli GPS/de guidage TomTom + 3 heures de randonnée + une petite séance de pilotage de drone de 25 minutes (et 4G/5G activée, notamment pour recevoir les infos « trafic » et certaines alertes), et ma batterie est encore à… 83 % ! Bon, il y a eu une petite recharge obligatoire via la télécommande, mais ce téléphone me semble parfait question batterie/autonomie.

          Le dessus du tableau de bord de la Xantia est un vrai four en plein soleil (malgré la clim). Sur le Combi, j’imagine qu’un parebrise vertical protège davantage.
          De toutes les manières, pour ces usages, il vaut mieux faire attention au matériel que l’on utilise.

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