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Liberté d’expression, Presse et Internet

La Presse revendique la liberté d’expression, mais elle s’en éloigne de plus en plus.

Elle est, certes, obligée de s’adapter, notamment au Numérique à travers l’Internet.

Il est évidemment plus facile de tout gérer, tout contrôler dans une édition « papier »…

Pas de commentaires, ou ceux soigneusement choisis pour l’édition suivante.

De la publicité bien placée pour ne pas sembler trop en rapport avec certains articles.

Recours aux dépêches quasi systématiques, le lecteur ne voyant que la mention, écrite en tout petit, du nom de l’Agence.

Recours aux pigistes, forcément moins impliqués que des journalistes « intégrés », notamment pour l’investigation.

Pour la presse locale, généralisation du CLP, ou Correspondant Local de Presse, véritable esclave de la Presse.

Il y perd en effet souvent sa dignité, sa signature, ses droits d’auteur, le tout, généralement, pour une rémunération qui ne couvre même pas ses frais…

Quant au virage « Internet », il est négocié de différentes manières, et le principal problème est celui des « commentaires »…

Passons sur les « blogueurs associés », ou les « devenez l’un de nos rédacteurs », qui écrivent dans un espace qui n’est pas le leur, tout en engageant leur propre responsabilité.

Dans ce monde, nous trouvons de tout :

  • Vous devez être abonné à la version payante, papier ou électronique, pour pouvoir commenter.
  • Vous fournissez des tas d’informations, pour vous rendre compte que vos commentaires ne sont pas publiés avec votre pseudo, mais avec votre nom.
  • Vous venez de vous inscrire à la « communauté du journal », sans avoir réellement été prévenu, avec partage des informations.
  • Vous n’avez le plus souvent aucune possibilité de modifier ou supprimer un message, même dans les minutes qui suivent.
  • Vous ne pouvez pas supprimer votre compte.
  • Vous êtes « blacklisté », vous n’avez plus, ni accès à votre compte, ni possibilité de le supprimer.

Bref, beaucoup de choses assez contraires aux recommandations de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés).

Quant à la « Modération », le sujet est sensible, mais dans le cas des sites de Presse les plus connus, c’est souvent ubuesque…

Il s’agit d’un problème difficile pour tout gestionnaire de site, mais c’est gérable, surtout lorsque l’on en a les moyens, d’autant que, souvent, des modérateurs « bénévoles » se bousculent au portillon pour ces sites.

Il y a presque toujours une « Charte de modération », très similaire d’un site à l’autre. En gros, le Responsable éditorial, et ses Modérateurs par délégation, ont tous les droits (normal, ils sont chez eux après tout).

Nous ne parlerons que de commentaires conformes aux règles les plus classiques, pas de spam ou de « point Godwin »…

La modération peut être faite a priori… Donc, tout est validé avant publication, et là nous constatons que vos commentaires ne sont quasiment jamais publiés, car :

  • ils ne sont pas dans la ligne « politique » (non dite et non écrite)
  • ils détonnent par leur pertinence, au regard de l’article commenté
  • ils s’opposent, avec argumentation, à ce qui est écrit
  • ils vont trop loin par rapport aux intérêts des partenaires économiques (rarement explicites, hors publicités), ou des connivences politiques
  • il y a un lien vers un billet extérieur, pourtant en rapport avec l’article (la « promotion », même non commerciale, ne doit se faire que dans un sens lorsque l’on est « installé »)

La modération peut aussi se faire a posteriori… Donc, elle ne se fait qu’après mise en ligne, au bon gré du Modérateur, ou surtout sur signalement (« Signaler un abus »).

Il s’agit d’un choix stratégique quant à la liberté d’expression, mais aussi quelquefois technique, tant les commentaires peuvent être nombreux.

Dans ce cas, outre les situations listées précédemment, nous constatons :

  • alors qu’un commentaire a été publié, il est supprimé, ou changé en « Commentaire modéré, veuillez respecter notre Charte… »
  • que, quasiment jamais, vous n’êtes informé par mail de cette modération (alors que l’on vous signale le moindre nouveau commentaire sur le sujet)
  • qu’il n’est quasiment jamais fait référence au motif réel inclus dans la Charte : à vous de trouver, si vous le pouvez
  • que vous êtes à la merci de n’importe quelle personne qui n’a rien compris ou qui nourrit une quelconque acrimonie à votre égard (ou qui s’amuse)
  • qu’un commentaire pertinent, efficace, engagé, a beaucoup plus de chances de se faire modérer que les blablas de cour de récréation (ou les trolls) qui permettent de revendiquer autant de visites au compteur pour le site (et même bien davantage)
  • que l’on vous bloquera, lors de la saisie, pour un lien extérieur, même pertinent, au motif « Lien interdit » ou, plus hypocrite, « Mot trop long »
  • autre blocage, idiot car avec des réglages trop bas, celui du «Vous avez dépassé le quota de messages pour l’adresse IP…»

À la limite, vous pouvez vous rebiffer et écrire au Modérateur, si vous trouvez son adresse mail, ce qui est rarissime.

Mieux, un journal économique papier/internet, qui appartient à un titre encore plus connu, vous informe que vous avez été « blacklisté » (motif, la fameuse Charte), avec le mail du Responsable éditorial… Vous écrivez et, en réponse, mail disant que votre courrier ne peut être distribué pour raison technique…

Vous écrivez alors au Directeur éditorial de ce groupe de Presse, via l’adresse figurant sur le site principal… Vous ne recevrez jamais la moindre réponse, même pas expresse (pour le clin d’oeil).

Ce billet, non prévu, a été écrit suite à un article « Marianne », l’investigation, internet et l’avenir de la presse écrite, rédigé par le PDG du journal…

Il se plaignait d’attaques diffuses, sans toutefois préciser lesquelles.

Le jour même (hier), un commentaire, pourtant pertinent, vers Grinçant.com, était modéré a posteriori : « Ce commentaire a été modéré par l’équipe de rédaction. Merci de bien vouloir respecter la charte des commentaires de Marianne… », sans le moindre mail informant de cette action, ni du réel motif.

Se faire « censurer » (dans certains cas, c’est un bon synonyme pour « modérer ») sur un journal qui vient donner des leçons sur « l’investigation, internet et l’avenir de la presse écrite » en dit long…

… sur la Liberté d’Expression, et donc de la Presse !

© PF/Grinçant.com (2012)

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