Votre serviteur a passé une partie de son enfance au « Pays aux 3 254 étangs ».
Je parle de la Brenne, dans l’Indre (36).
C’est maintenant une réserve naturelle.
Mais le petit gosse passait plutôt son temps à pêcher le chevesne dans la rivière, à la « volante ».
Un peu comme la pêche de la truite à la mouche, mais en plus rustique.
Comme ce poisson est plutôt plein d’arêtes, j’avais pris l’habitude d’apporter mes prises à un vieux Monsieur.
Il habitait au centre du village, dans un petit rez-de-chaussée aux murs noircis.
Pour me remercier, il me servait de l’eau-de-vie de prunes « maison », de la dure, de la forte, de la vraie.
À huit ans, je buvais, en douce et modérément, des trucs réservés aux adultes.
Avant-hier, autre région, celle où je réside actuellement.
Il faisait chaud et le soleil ne faisait pas preuve de discrétion.
Petite randonnée — dix kilomètres — dans une forêt pleine de fougères.
Et au milieu, ne coule pas une rivière, mais il y a de beaux étangs.
Une façon de renouer inconsciemment avec une partie de mon enfance.
Cette forêt, je la connais bien, mais c’est toujours un plaisir que de la retrouver.
D’ailleurs, ici, vous avez déjà aperçu quelques photos volées en son cœur.
Une façon aussi de remplacer une forêt bretonne, plus grande et belle, que j’affectionnais particulièrement.
Tout cela pour mettre un peu de texte, alibi pour vous présenter quelques photos…
Il y a un modeste château, et un magnifique arbre, près d’une dépendance
Et un premier étang, une île, une barque, et au loin, un jars
Je vous avais bien dit qu’il y avait un jars
Plus loin, un autre étang, eau bleue grâce au ciel, et une branche noyée
Je vous avais bien dit qu’il y avait une branche noyée,
source d’un beau reflet
Et un troisième étang, majestueux, et une petite libellule
Vous ne pouviez pas la voir,
mais je vous avais bien dit qu’il y avait une libellule
Notez que la végétation est cramée.
Et que la scène aurait pu être plus belle.
Mais c’est une véritable libellule, bien vivante.
Et, comme j’ai mis le soleil en miniature pour ce billet.
Et comme j’étais en forêt.
Autant vous montrer quelques arbres.
Et surtout ce que l’on appelle un « sunstar » en photographie.
On obtient cet effet — une diffraction de Fraunhofer — en utilisant une petite ouverture (ici f11).
Et le résultat dépend de l’objectif et du nombre de lamelles du diaphragme…
Là, j’ai un diaphragme à neuf lamelles, et l’on obtient donc un sunstar à dix-huit branches.
Un peu de technique au service de la beauté de la nature.
Vignette : « Presque pas de sunstar sur ce coup. »
© PF/Grinçant.com (2020)
Vous avez la un très bel endroit, merci de nous le présenter. Ce vieux monsieur ne doit plus être de ce monde. Qelle drôle de manière de remercier un enfant de cet âge. Même modérément, vous aviez le gosier drôlement assuré pour avaler de la prune, de la bonne et forte. En tout cas, c’est pas banal, et ces souvenirs doivent être plus intenses que s’ils vous avait donné des bonbons.
C’était aux environs de 1970, et il devait avoir dans les 80 ans. Bien sûr qu’il est décédé depuis belle lurette.
Du rustique dans ce genre de village du centre de la France.
Il vivait chichement, et il m’offrait ce qu’il avait, en me considérant presque comme un adulte. Je passais toujours un bon moment, les discussions étaient intéressantes, même pour un gosse qui lui apportait du poisson plus qu’ordinaire, mais durement attrapé.
À cette époque, j’étais aussi dans une école religieuse, et l’on avait droit à des bonbons si on allait se confesser…
Même si j’étais un pécheur, je ne me suis jamais laissé tenter, ni par ces bonbons hypocrites ni par la confession.
Bon, parfois, quand j’avais quelques dizaines de centimes en poche, je m’offrais quelques Malabar/Carambar — à 5 centimes de franc l’unité, soit 0,0076 € — en descendant du bus ouvrier, juste devant la boulangerie…