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Ce sachet de galettes BJORG est issu du délotage

Cutter pour délotage« Je m’en doutais » dit la surveillante des automates de paiement en s’approchant de moi.
C’est marrant, je m’en doutais aussi.
Cet article ne voulait pas passer au scanner.
Une caissière aurait compris tout de suite, mais moi pas, je m’acharnais.
Et puis j’ai regardé le code-barre…
Et il y avait comme une barre noire qui empêchait sa bonne lecture.
Une barre même pas faite à la main, au feutre indélébile.
Non, elle est bien droite, bien régulière, bien automatisée.
Le but est évidemment d’empêcher le bon scan de l’article.

Alors, pourquoi ?

La « cerbère » entre sa clef dans l’horrible machine, puis se met à entrer le code EAN de l’article, en tapotant les chiffres “3229820019086” sur l’écran tactile.
Puis elle m’explique « c’est parce que c’est un article issu du délotage, vous savez, ils déballent des lots… »

Eh oui, c’est exactement ce que je pensais !
BJORG a fait des packs de galettes « 4 céréales Bio », des lots de deux ou trois, mais peu importe, pour faire une « promo » pour les clients finaux.
Pour cela, il a mis un suremballage, avec un code-barre correspondant au « lot ».
Et, pour que le prix d’un seul article ne passe par accident, par transparence, il a rendu le code-barre de chaque sachet individuel illisible !

Paquet Bjorg 4 céréales Bio issu d'un délotage
Ce sachet n’a pas à être vendu individuellement au prix fort
Le code-barre barré
Barre noire pour interdire le scan

Oui, mais voilà, le client est souvent considéré comme un voleur, mais il y a bien plus voleur que lui ! Sauf que ces gens n’ont pas besoin de cela pour se faire des couilles en or à notre détriment.
En effet, sur ordre du directeur du magasin (ou de l’enseigne ?), une petite main est dotée d’un cutter, et elle est priée d’enlever le suremballage pour remettre ces articles « promotionnels » en rayon au prix « normal » (plein pot quoi).
La « remise » destinée au client final passe ainsi dans la poche du distributeur-voleur.

Car oui, Mesdames et Messieurs de la grande distribution (GMS, grandes et moyennes surfaces), c’est bien du vol pur et simple !

Vignette : « Cutter pour déloteur ou déloteuse de la GMS » © PF/Grinçant.com (2016)

© PF/Grinçant.com (2016)


Addenda du 28/10/2016 : Un petit complément mathématique dans mon commentaire de 13h56 ;-)


Addenda du 24/11/2016 :

DÉLOTAGE, LA PREUVE EN IMAGES

16/11/2016, probablement le jour où le représentant Bjorg doit passer dans ce magasin Leclerc…

En rayon, des packs « 2 + 1 gratuit » à 1,82 €, avec les codes-barres invalidés à l’intérieur :

Lot Bjorg "2 + 1 gratuit" en rayon à 1,82 €

Le lot acheté, sur sol d’automne, avec les codes-barres invalidés bien visibles sous le suremballage :

Lot Bjorg, suremballage et codes-barres des paquets invalidés

Sur le côté, l’étiquette du lot qui doit normalement passer au scanner :

Code-barre Bjorg sur le côté du suremballage à scanner pour le lot

Le code-barre du lot, référence 76477, fourni par Bjorg, à scanner, car ceux à l’intérieur ne peuvent être reconnus :

Le code-barre valide du lot 76477 - BJOR Lot galettes riz 2+1 grte 390g

Sur le ticket de caisse, le libellé est « GALETTES DE RIZ COMPLET 2+1 », avec le bon prix de 1,82 € :

Le lot passe bien en caisse à 1,82 € (extrait ticket)

24/11/2016, dans le même magasin Leclerc, tout est déloté, les paquets sont individuels, avec codes-barres invalidés, et prix à 0,95 € l’unité :

Le 24/11/2016, tout est à nouveau déloté en rayon, codes-barres invalidés, et paquet individuel à 0,95 €

Les codes EAN devront être entrés à la main par les caissières qui ont l’habitude de la combine.

Les trois paquets vous seront facturés 0,95 € x 3, soit 2,85 € au lieu de 1,82 € comme il se devrait.

Ajoutez à cela les explications du billet ;-)

CQFD

© PF/Grinçant.com (2016)


Quelques billets en rapport :

10 commentaires sur “Ce sachet de galettes BJORG est issu du délotage”

  1. Avatar photo

    Le prix affiché en rayon était-il en rapport avec celui de la facture ? Même code barre ?

    Merci Inspecteur Grinçant, de la cour des contes ;-)

    1. Avatar photo

      ;-) Après le “fabuliste”, le “conteur” ?

      Oui, car il s’agit effectivement du produit habituel vendu à l’unité en rayon, dont certains n’ont pas cette fameuse « barre ».
      C’est bien une « technique » pour interdire le scan du paquet individuel et forcer celui du suremballage, enfin, avant le… délotage !

      Il m’est déjà arrivé (accidentellement) de partir avec un pack de six bouteilles d’eau au prix d’une, car c’était le code-barre d’une bouteille, et non celui du pack, qui avait été retenu par le lecteur de l’automate.
      Mais, sur la plupart de ces appareils, il y a maintenant une vérification de la cohérence article scanné / prix / poids… :-/ avec blocage et appel de l’hôtesse-cerbère en cas de doute.

      Je pense aussi que BJORG fait ça pour se protéger également de la GMS, car la plupart de ces efforts/promos sont à la charge des marques…
      Donc, sont à la fois floués, et la marque, et le consommateur !… Sauf que c’est ce dernier qui est le plus à plaindre.
      C’est du « détournement » et/ou du vol.

  2. Avatar photo

    Si c’est légal, alors ça me donne une idée, rajouter une barre sur ma plaque d’immatriculation pour que ça bugue au centre de traitement !

    1. Avatar photo

      Ah ben oui, c’est « légal », il s’agit juste de magouilles/détournements, d’un tour de passe-passe au détriment des clients (et des marques, mais c’est toujours le client qui paye l’addition au bout)…
      Je vais en expliquer davantage dans un prochain commentaire ;-)

      Par contre, pour votre plaque, là, vous risquez gros si vous faites ça… Genre être abattu au volant par un flic qui s’en serait rendu compte et qui aurait eu peur que vous ne soyez un dangereux terroriste.
      Plus sérieusement, nous sommes en France, et coller un petit scotch pour imiter la grande distribution sur un sachet de Bjorg peut presque vous emmener au Goulag :

      Code de la Route, Article L317-2 :
      I. – Le fait de faire usage d’une plaque ou d’une inscription, exigée par les règlements en vigueur et apposée sur un véhicule à moteur ou une remorque, portant un numéro, un nom ou un domicile faux ou supposé est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende.

      II. – Toute personne coupable de cette infraction encourt également les peines complémentaires suivantes :
      1° La suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l’activité professionnelle ;
      2° La confiscation du véhicule.
      III. – Ce délit donne lieu de plein droit à la réduction de la moitié du nombre maximal de points du permis de conduire.

      1. Avatar photo

        Merci pour le rappel, je m’en doutais bien, même si une barre façon délotage n’est pas un faux numéro, comme la boue malencontreusement projetée, une trace de limace, une dégoulinure, etc. ;-)

        A priori, l’affichage du code barre est obligatoire, a une utilité évidente pour la logistique, le suivi, le passage à la caisse, etc. Donc, en bloquant sa lecture par un maquillage volontaire quelle qu’en soit la raison cette « liberté » est-elle légale ?

        Sinon, pour une fois, Grinçant, fabuliste, conteur, reporterre et goûteur a relevé le niveau de ses produits de tests, exit les sardines, paniers Y, etc. Bjorg c’est de la bonne ;-)

        1. Avatar photo

          En France, une simple limace peut donc vous envoyer en prison ;-)

          Légale, oui, puisque le « délotage » n’intervient (enfin normalement) qu’en bout de chaine…
          C’est le lot, avec son suremballage et le code-barre correspondant, qui devient l’article.
          Après, dans le magasin, ça devient un « détail »… Sauf quand on le relève comme je le fais dans ce billet ;-)

          Là, je ne « teste » pas ;-P
          Mais comme ça fait partie de quelques achats courants, il se trouve que ça tombe sur du Bjorg.
          D’ailleurs, sur ce type de produit, l’écart de prix entre la MDD et la marque « de référence » n’est pas vraiment déterminant…

          PS : Je teste aussi du Boletus pinophilus, et ça c’est (vraiment) du bon ;-P

  3. Avatar photo

    Prochaine étape, le fabricant met aussi un coup de feutre sur le code EAN.
    Je connaissais pas l’astuce du délotage, j’aurai appris quelque chose aujourd’hui.

    1. Avatar photo

      On peut aussi avoir une étiquette blanche sur les codes-barres de ces paquets individuels…
      Mais là, c’est beaucoup plus vicieux, puisque cela empêche la lecture des barres, tout en permettant la saisie manuelle du code numérique ;-)

      Ce genre de billet a aussi un but « didactique », même si j’entends parfois « mais de quoi tu te mêles ? » ou alors « il n’y a pas des choses plus importantes dans la vie ? » ou encore « t’as qu’à pas acheter ! »
      Bref, des paroles de parfaits CONsommateurs et de « collaboration » avec un système foireux.

      Pour ma part, je « savais » question délotage (cf. mon billet de juin 2013), mais j’ai « appris », ou au moins « percuté » sur cette bande noire, et du coup je partage ;-)
      Au moins, on sait que l’on se fait « enfler » de manière particulièrement malhonnête.

      Je reviens en expliquer davantage ;-)

      PS : Je publie volontairement le nom de la marque, BJORG, car elle devrait normalement « gueuler », mais bon, c’est un vrai « système », et pas que « U », car là c’est du Leclerc, mais ils sont (presque) tous à la même enseigne question « magouilles » de ce genre ;-)

  4. Avatar photo

    Comme promis, un petit complément d’explications ;-)

    Le “deal”, par exemple pour une offre « Le 3ème paquet offert », c’est que Bjorg offre le troisième paquet au magasin, qui doit lui-même l’offrir au client, le tout dans un suremballage…
    En gros, le magasin ne paye le pack de trois qu’au prix de deux, et le propose, avec sa marge habituelle, au prix de deux, alors que le client, lui, a bien un paquet « offert »…
    En « délotant », le magasin casse le “deal”, et vend plein pot un paquet qui lui a été… offert !
    Pour l’exemple, admettons le paquet de galettes à 1 €, prix habituel final d’un paquet unique, avec une marge de 25 % sur le prix de vente pour le magasin (omettons la TVA pour éviter de compliquer la démonstration).
    Normalement, 3 paquets sont facturés par Bjorg 2,25 € au magasin qui les revend 3,00 €, la « marge » étant de 0,75 €.
    Avec notre offre promotionnelle, Bjorg ne facture que 2 paquets au magasin, soit 1,50 €, qui devrait donc vendre le pack de 3… 2,00 € puisqu’il y a un paquet d’offert. La marge du magasin est donc de 0,50 €.
    MAIS, en « délotant », le magasin revend le paquet « offert », qui devient donc une « marge » à 100 %… Le client qui achète 3 paquets délotés paye donc 3,00 € quelque chose qui n’a coûté que 1,50 € au magasin qui fait donc passer sa marge à… 1,50 €, la doublant (passant de 25 % à 50 %) ainsi avec cette « astuce »…

    En fait, c’est même PIRE !
    Bjorg dit « on fait de l’animation, c’est gagnant/gagnant », et en prime le client final est content…
    Oui, mais l’enseigne répond : « Ah ben non, car nos galettes MDD (les copies), on les a dans l’oignon, elles sont plus difficiles à vendre » + « C’est un coup “Bjorg”, c’est donc à Bjorg d’en supporter tous les coûts », ou encore « Vous comprenez, moi, j’ai un manque à gagner »
    En fait, le troisième paquet « offert » est bien payé au magasin pour qu’il n’y ait pas de « préjudice » ! Et c’est le cas pour toutes les « opérations » de ce genre…
    Donc, Bjorg va vendre à l’enseigne ses 3 paquets au prix de 2 , donc 1,50 €, puis va « dédommager »* l’enseigne pour sa marge perdue sur le troisième paquet, soit 0,25 €, le « lot » passant à 1,25 € pour une vente à 2 €, avec une marge de toujours 0,75 € pour le commerçant, mais maintenant de non plus 25 %, mais de 37,5 % pour le magasin…
    Et, dans ce cadre, en « délotant », le magasin (ou la centrale GMS) garde ces « avantages » à la charge de Bjorg, mais vend individuellement chaque paquet, soit 1 € l’unité, et donc 3,00 € les trois, quelque chose qui ne lui est revenu qu’à 1,25 €… En vendant ce paquet « offert » dans ce contexte, la marge sur chaque « lot » passe donc à 1,75 €, soit de 25 % habituellement à… 58,33 % !!!
    *Et le « dédommagement » peut aller bien au-delà.

    C’est du pur parasitisme au détriment de la marque (Bjorg en l’occurrence pour ce billet), mais aussi du client qui est privé d’une « opportunité «  de faire des économies…

    C’est une « astuce » (ainsi qu’un racket) parmi tant d’autres dans la grande distribution…

    Et bien sûr, Bjorg, pour « rattraper » ces opérations, les répercutera sur ses tarifs à venir… Et le client paiera encore plus cher un peu plus tard…
    L’INSEE n’y verra d’ailleurs que du feu, puisque les galettes « Bio » ne font probablement pas partie de son « panel » d’articles pour le calcul de l’inflation ;-)

    J’espère que vous avez tout suivi, car c’est vicieux…
    Et pourtant, j’ai fait simple, car ça peut être encore (beaucoup) plus tordu :-/

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