Michel Rocard serait mort sur iTélé.
Michel Rocard serait mort sur BFMTV.
Michel Rocard serait mort sur LCI.
Bref, Michel Rocard serait mort sur la TNT.
Tout le monde pleurniche.
De droite, comme de gauche.
Tout le monde s’en revendique.
Un petit homme si grand.
Le pire est d’entendre un Manuel Valls.
Pleurer son maître à penser.
Pleurer son père politique.
Pleurer un si grand homme.
Rien que ce « témoignage » me révulse.
Voyez ce qu’enfantent ces politiques.
De génération en génération.
De grands en petits, ou l’inverse.
Et à la mort de Valls, on nous fera quoi ?
Des oraisons sans horizon ?
Des honneurs sans raison ?
Des pleurs jusqu’à Vierzon ?
Je crains un aussi grand pataquès.
Plutôt crever avant que de voir ça.
En silence, comme il se devrait.
Sans emmerder tout le monde.
L’indécence est devenue la norme.
Plus ils sont petits, plus on les fait énormes.
Ils nous ont emmerdés de leur vivant.
Et l’on transcende leur génie inexistant.
Ils détruisent, les uns après les autres.
Ils trahissent, les uns après les autres.
Le résultat est terrifiant, inique.
Nous en voyons les effets cyniques.
État d’urgence ?
État de veille funéraire ?
Pays qui n’a plus de valeurs.
Pays qui se complait dans le malheur.
Bref, hier je revenais de balade.
Le genre de balade des gens heureux.
Une balade où l’on peut chanter des ballades.
Une balade en pleine réalité, la vraie.
Et là, sur un chemin, j’ai croisé la mort.
Simple, ordinaire, normale, respectable.
Silencieuse, discrète, comme une transition.
Aussi importante que celle de ces mécréants.
Mais de celle-là, personne ne parlera.
Il n’y aura pas d’hagiographie.
Il n’y aura pas d’honneurs.
Pour une créature sans déshonneur.
Oui, le jour où Michel Rocard est mort.
Ce petit lapin est mort.
Paix, aussi, à son âme.
Car il le mérite probablement tout autant.
“Mort de Michel Rocard, mort d’un petit lapin sur un chemin de randonnée, deux évènements équivalents pour qui aime la nature. Oraison de raison et équité.”
Vignette : « Un autre éclairage » © PF/Grinçant.com (2016)
© PF/Grinçant.com (2016)
Deux autres billets intemporels au XXIe siècle :
Le très regretté Georges Brassens le chantait : « Les morts sont tous des braves types »… Et il en sera de même lorsque nous aurons le bonheur de perdre l’apprenti caudillo catalan. Malheureusement pour moi, sauf heureuse surprise, je ne serai plus là pour le voir.
Merci, Auxi, pour cette superbe référence.
En plus, il y est question de (mémoire de) lièvre ;-)
LE TEMPS PASSÉ
Dans les comptes d’apothicaire,
Vingt ans, c’est un’ somm’ de bonheur.
Mes vingt ans sont morts à la guerre,
De l’autr’ côté du champ d’honneur.
Si j’connus un temps de chien, certes,
C’est bien le temps de mes vingt ans !
Cependant, je pleure sa perte,
Il est mort, c’était le bon temps !
Il est toujours joli, le temps passé.
Un’ fois qu’ils ont cassé leur pipe,
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés :
Les morts sont tous des braves types.
Dans ta petit’ mémoire de lièvre,
Bécassine, il t’est souvenu
De notre amour du coin des lèvres,
Amour nul et non avenu,
Amour d’un sou qui n’allait, certes,
Guèr’ plus loin que le bout d’son lit.
Cependant, nous pleurons sa perte,
Il est mort, il est embelli !
Il est toujours joli, le temps passé.
Un’ fois qu’ils ont cassé leur pipe,
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés :
Les morts sont tous des braves types.
J’ai mis ma tenue la plus sombre
Et mon masque d’enterrement,
Pour conduire au royaum’ des ombres
Un paquet de vieux ossements.
La terr’ n’a jamais produit, certes,
De canaille plus consommée,
Cependant, nous pleurons sa perte,
Elle est morte, elle est embaumée !
Il est toujours joli, le temps passé.
Un’ fois qu’ils ont cassé leur pipe,
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés :
Les morts sont tous des braves types.
Georges Brassens – Album le « Le Mécréant » (chanson n° 13) – 1960
(Copie locale pour préservation du patrimoine :-))
(Attention, le son est FORT !)
Georges Brassens, un adorable bonhomme, lui, et ça se voit, ne serait-ce que dans cette vidéo.
La comparaison avec Valls fait froid dans le dos, rien qu’au regard.