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L’argent, le sang et la démocratie – À propos de l’affaire Karachi

L'argent, le sang et la démocratie – À propos de l'affaire Karachi
Le juge Marc Trévidic

Vu ce dimanche, sur LCP, cette superbe enquête initialement diffusée sur Arte le 15 octobre 2013.
J’étais passé à côté, et je suis ravi d’avoir pu me rattraper.

Un documentaire finalement assez désabusé*.
Qui en dit long sur une déliquescence que l’on peut difficilement contester.

Si vous n’avez pas le temps, je vous invite à passer à 54:26.
Moment de la descente d’un train du juge Bruguière qui avait en charge ce dossier.

Avant d’enchaîner sur le juge Trévidic, qui, en le reprenant, lui a donné un nouveau départ.
Savourez ce moment où il nous explique les 3 niveaux du « Secret Défense » en France (01:12:18) :

Confidentiel Défense = Bibliothèque Rose
Secret Défense = Bibliothèque Verte
Très Secret Défense = Classé X

Pour conclure, en tant que juge antiterroriste français en France : « Mais bon, on ne doit pas être considéré comme des adultes de ce point de vue là ».
Puis il nous explique qu’il recherche des Œufs de Pâques…

Il y est question de gens de droite, du centre, de gauche…
Édifiant !

Quant au générique de fin, il se termine avec cette petite synthèse de la situation :

« Édouard Balladur est aujourd’hui retiré de la vie politique.

Son plus proche collaborateur en 1995, Nicolas Bazire, est mis en examen pour complicité et recel d’abus de biens sociaux et complicité de détournement de fonds publics.

François Léotard, deux fois perquisitionné par la Justice, est lui aussi retiré de la vie politique.

Son plus proche collaborateur en 1995, Renaud Donnedieu de Vabres est mis en examen pour recel et complicité d’abus de bien sociaux.

L’un des plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy en 1995, Thierry Gaubert, a été mis en examen pour recel d’abus de biens sociaux et blanchiment aggravé.

Ziad Takieddine est mis en examen pour recel d’abus de biens sociaux, fraude fiscale et blanchiment.

Abdul Rahman El Assir est mis en examen pour recel d’abus de biens sociaux.

Jacques Chirac est retiré de la vie politique.

Nicolas Sarkozy réfléchit à son avenir politique. »

Quel est l’intérêt supérieur ?
Est-ce vraiment celui de la France ?
Ou est-ce celui d’une mafia qui nous « dirige » ?

*Allez donc voir à la fin du générique pour en avoir une confirmation rapide

Crédit illustration : Juge antiterroriste Marc Trévidic (Image extraite du documentaire)

© PF/Grinçant.com (2014)

YouTube : cette vidéo (BciQHiqogZ0) n’existe pas --> En fait, elle n'existe plus !

L’argent, le sang et la démocratie – À propos de l’affaire Karachi (2013) – (01:24:48)
Réalisateur :  Jean-Christophe Klotz – Auteurs :  Jean-Christophe Klotz et Fabrice Arfi
Producteurs :  NOVA PRODUCTION, ARTE France

Sur YouTube par LePointHD (Merci)


Addenda du 15/08/2014-20:00

« Cette vidéo n’existe pas »

Si si, cette vidéo a bien existé !
Sa référence YouTube était même BciQHiqogZ0.

Je pensais que, dans une démocratie comme la France, un document ARTE/Thema,
qui plus est mis en ligne par Le Point,
avait des chances de subsister sur YouTube…

Eh bien non, même des juges n’ont pas le droit de nous informer sur une affaire sensible !
Ou bien leurs propos nous sont subitement interdits.

N’osant supposer qu’il s’agisse d’une histoire de droits d’auteurs,
et afin que ce billet ne soit pas caduc,
je mets donc à votre disposition les extraits (de citation) dont je parle…

Pour le documentaire en entier, il vous faudra le trouver autrement,
mais il vaut vraiment le coup ;-)


L’argent, le sang et la démocratie – Extrait 1 – Juge Bruguière (631)



L’argent, le sang et la démocratie – Extrait 2 – Le Juge Trévidic et le Secret Défense (112)



L’argent, le sang et la démocratie – Extrait 3 – Le Juge Trévidic et les Œufs de Pâques (1’22)



L’argent, le sang et la démocratie – Extrait 4 – Final avant générique (057)


Billet en rapport : Aux morts ordinaires du cynisme

25 commentaires sur “L’argent, le sang et la démocratie – À propos de l’affaire Karachi”

  1. Avatar photo

    je ne sais pas si j’ai vraiment envie de regarder ce reportage surement passionnant.
    Mais pour apprendre quoi de plus ?
    qu’ils sont tous pourris ?
    Et puis ce soir j’ai les nerfs.
    J’ai fait l’erreur de regarder les infos de 20h…
    Pour voir les même pantins sortir les même inepties.
    A 14 ou 15% des voix ils sont encore en train de la ramener, de frimer, de crâner… (sauf Valls)
    « Il n’y a que 40% de votants » …
    Et bien oui.
    Et la loi mathématique des grands nombres s’applique pour 40%
    le résultat est le même pour pour 100%.
    La preuve ? ils gouvernent avec des sondages sur 1000 à 2000 personnes.
    Et 40% de plus de 60 millions de Français cela donne plus que 2000 personnes…
    Toujours à prendre les gens pour des Cons.
    Mais les Cons, c’est bien eux tellement prétentieux qu’ils ne sont plus capable de voir la réalité autour d’eux.

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      Il y a deux termes importants, dès le début du billet : désabusé et déliquescence.
      Je pense qu’il va falloir passer à la vitesse supérieure, car ils se foutent effectivement de nous, quels qu’ils soient.

      Cependant, pour cette enquête, c’est à voir, notamment le passage sur Bruguière, à partir de 54:26.
      Notre démocratie n’en est vraiment plus une.
      Le vote d’aujourd’hui l’illustre d’ailleurs encore.

      PS : Fabrice Arfi, c’est celui de Médiapart ;-)

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        « Je pense qu’il va falloir passer à la vitesse supérieure, car ils se foutent effectivement de nous, quels qu’ils soient. »

        Yippi ka ye…

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    En dictature, c’est : ta gueule !
    En démocratie : cause toujours !
    Plus l’exploitation de l’homme par l’homme dans un cas, le contraire dans l’autre.

    C’est simpliste, mais réaliste…

    Quant à savoir qui manipule, c’est pour comme les comptes offshores, déroutant.

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    J’ai regardé…
    Pas en entier je l’avoue, j’ai des envies de meurtres au bout d’un moment.
    Quel imbroglio !

    Finalement, ce que j’en retire c’est que l’égo de quelques individus tue directement et indirectement des dizaines de personnes.

    Que des contrats signés deviennent des gouffres financiers pour le pays uniquement par leurs malversations et pour leurs seuls intérêts personnels.

    Que la justice est aveugle, vraiment et complètement aveugle. ( complice ? )

    Que quel que soit le parti, on ne dit rien car le voisin pourrait ressortir d’autres trucs et que nous sommes « gouvernés » à tous niveaux par ces gens atteints du premier au dernier de la maladie d’alzeimer…

    Et ils continuent à nous donner des conseils sur comment diriger nos entreprises sans jamais en avoir dirigé une seule.

    Des conseils sur ce qu’il ne faut surtout pas voter car on met la démocratie en danger ! Quelle démocratie ?

    Je n’ai jamais compris l’intérêt des meetings de campagne.
    pourquoi dépenser des fortunes pour aller convaincre des gens déjà acquis à votre cause ???

    Je ne vais pas démarcher des clients qui ont déjà signé le devis !

    1. Avatar photo

      Encore hier soir, ce qui sert de président au pays nous explique (sic! ) qu’il a compris le message.
      Il serait temps, c’est la deuxième fois.
      Mais qu’il faut garder le cap……….
      Vous êtes en mer sur votre youyou. Un gros truc de plusieurs centaines de tonnes fait cap de collision avec vous mais vous êtes prioritaire.
      Vous gardez le cap ?
      Moi non.

      Lui oui…

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        Je pense qu »il est autiste, fou, nul et tellement imbu de lui-même.
        Et nous n’aurions aucun moyen de nous en débarrasser légalement et démocratiquement ?
        Belle « république » !

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        Le peuple croit avoir fait entendre sa voix. Il faut vraiment être naïf pour croire que Marine Le Pen va pouvoir faire quoi que ce soit, tout est verrouillé.
        Hier, Valls a promis une baisse d’impôts; acheter la populace, la corrompre, la diviser; et d’un coup, les critères de Maastricht, les fameux 3% qui t’étranglent tout le reste du temps deviennent relatifs. C’est de la magie. On imagine que c’est par pure philanthropie que les créanciers veulent bien donner une rallonge.
        De toutes leurs foutues manigances,on peut déduire une chose: leur oeuvre n’est pas achevée, ils ont besoin de temps.
        Je rappelle un point du Traité de Lisbonne rejeté et adopté quand même: l’armée d’un pays de l’Union peut intervenir dans tout pays de l’Union pour garantir ‘la liberté du Marché’ en cas de trouble, etc, etc.
        Bienvenue en Urss.

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          Je ne suis pas du tout naïf ni dupe et prêt à croire tout ce que dit MLP !
          Mais pas plus naïf concernant les autres UMP ou PS.
          Après 40 ans d’alternances et co-habitations diverses, j’en ai fait le tour !
          On est dans une telle Merde que j’ai du mal à voir comment on peut s’en sortir autrement que par un confit majeur.
          Alors le FN me semble une voie moindre et non explorée. A voir.
          Et a ceux qui pensent que c’est une voie dangereuse je rappelle que si ont doit faire un décompte des morts dans l’histoire, le communisme et le socialisme sont loin devant !

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            « On est dans une telle Merde que j’ai du mal à voir comment on peut s’en sortir autrement que par un confit majeur. » = c’est précisément là où ils nous emmènent. L’Uerss est morte, ils ne parviendront jamais à l’imposer comme ils comptaient le faire, par la tromperie. Au vu de leur attitude hier, ce sera par la contrainte. Par l’économie, je pense. MLP ne compte pas, elle sera dépassée ; nous ne sommes déjà plus dans la politique mais dans le destin;

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                Cette Viviane Reding ne changera décidément jamais.
                Cela dit, c’est ce qu’ils pensent là-bas, et la Communauté européenne, c’est réellement ça.

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                  Avant même d’avoir tous les résultats, Juncker s’est publiquement félicité de bientôt prendre la place de Barroso et de poursuivre le grand oeuvre.

                  Donc, de facto, la confrontation entre le peuple et ces jusqu’au-boutistes est inévitable. Tout aussi inévitablement, ils l’ont prévu.

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                    Juncker, le Luxembourg…
                    Autant de charisme que Barroso ou Van Rompuy…
                    Tout cela est plus que symbolique.

                    Dommage que le Vatican ne siège pas à l’UE, ils auraient pu nommer le pape.

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                      Ce Juncker, banquier et blanchisseur (le Luxembourg est un paradis fiscal), tout un symbole, c’est sûr.

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      Ce documentaire illustre à merveille ce qui se passe en ce moment et jusqu’où ils sont prêts à aller (jusqu’à tuer ou à sacrifier*).
      Quant à la justice (complice ?), il n’y a qu’à voir l’attitude du juge Bruguière…

      *Il n’y a qu’à voir la « confession », hier sur BFMTV, de Lavrilleux, un fusible en larme qui essaye encore de couvrir Copé et Sarkozy…
      Qu’on le retrouve mort, d’une manière ou d’une autre, ne m’étonnerait nullement.

      Et pendant ce temps, tous ces mafieux de l’UMP, se réunissent en ce moment dans une salle… De l’Assemblée Nationale !
      C’est un Bureau politique : Abus de biens sociaux jusqu’au bout !

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        Et la réalité aussi illustre à merveille ce qui se passe sur un autre plan:

        « 14h15. Merkel appelle à des politiques de «compétitivité». La chancelière allemande Angela Merkel loue la France pour avoir pris le chemin des réformes, et appelle à des politiques de «compétitivité» en Europe pour contrer la montée des partis populistes qu’elle a jugée «regrettable». »

        Autrement dit, l’Ue conçue pas réformable ne sera certainement pas réformée et on va rajouter une louche de suicide. On va direct au crash continental, accrochez vos ceintures.

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    Il n’y aurait pas une erreur concernant le portrait du juge Trévidic ?

    Ce visage ressemble furieusement à celui de Carlito …
    Mais c’est peut-être le cadrage … hi, hi …

    En tout cas le rapprochement ne manque pas de sel !

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      Non, aucune erreur, il s’agit d’un extrait du reportage.
      Je ne suis pas d’accord avec cette ressemblance, mais c’est très subjectif.

      Je vous laisse juge si vous n’êtes pas truand ;-)

      Profils Trevidic vs Sarkozy

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        Truand en col blanc, cela va de soi ! Depuis que des députés UMP voudraient qu’ils soient exonérés d’emprisonnement… ces truands là.

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    Ce juge vient de donner un concert de reprises de Bob Dylan.

    Le juge est un enfant du rock (Le Parisien)

    « La ligne est tracée
    La malédiction est lancée,
    Ce qui arrive lentement maintenant
    Va bientôt s’accélérer.
    Comme le présent de maintenant
    Sera plus tard le passé,
    L’ordre établi change rapidement.
    Et le premier maintenant
    Sera bientôt le dernier.
    Car les temps sont en train de changer. »
    [in ‘the times they are a-changing’]

    « Don’t think twice it’s alright », c’est quand même autre chose que ‘mon Raymond’.

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      Merci.

      L’illustration de l’article :

      Trévidic, enfant du rock
      (LeParisien.fr, « Le juge est un enfant du rock » Élisabeth Fleury | 1 juin 2014, 07h00)

      « Sur scène avec sa guitare et l’harmonica dont il ne se sépare jamais »
      Effectivement, ça a plus de gueule qu’un fan de Carla Bruni !

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    Ceci est un extrait d’un livre de Denis Robert intitulé ‘Une affaire personnelle’. Denis Robert est un ex-journaliste de Libé, un journaliste en rupture de ban.

    Sur la presse et le journalisme:
    « Une des légendes (véhiculée par la presse) voudrait que les banquiers d’affaires ou les grands patrons de l’industrie investissent dans les médias ou l’édition pour aider des secteurs en crise sans arrière-pensée. Ils n’ont jamais dépensé un centime par altruisme ou parce qu’ils auraient la fibre journalistique. Ils font d’abord du business.

    Posséder une télé, une radio ou un journal doit rapporter, aider à asseoir un pouvoir, permettre d’assurer la promotion d’un poulain, réguler le flux d’informations. Une démocratie s’asphyxie sans liberté d’informer. Il va falloir se creuser pour trouver des espaces et des moyens nouveaux. Il en existe sûrement. Un grand bourgeois en fin de règne ou en rupture de ban ? Un commando de journalistes sautant sur TF1 ? Une percée sur Internet ?

    Le Canard enchaîné reste une exception et une réserve. Un peu comme le journal de la nuit sur France Télévisions. Il subsiste bien sûr des journalistes, nombreux, qui se bagarrent au quotidien à l’intérieur de leur rédaction, dans leur radio, leur news ou leur gratuit pour faire passer leurs sujets sur telle ou telle affaire, mais ils ressemblent de plus en plus à des Indiens. La génération qui arrive a besoin de bosser. La sélection à l’entrée des écoles de journalistes est aujourd’hui statistiquement plus difficile qu’en médecine. Plus de monde pour moins de places. Plus de pression et moins d’informations.

    Bakchich, Rue89, MediaPart, les blogs, LaTéléLibre, des sites citoyens comme Agoravox : l’Internet fait bouger les lignes. Mais concernant les enquêtes au long cours, les liens entre finance et politique, nous sommes face à une Panzer division.

    Le journalisme des années 1990, celui des affaires, est mort. En quinze petites années, à coups de démissions, de lâchetés, de peurs des procès, de reculades du corps judiciaire, de glissements progressifs vers l’anecdotique et le people, de paresse et de compromissions, nous avons creusé son tombeau. Reste à balancer la dernière pelletée de terre. Accomplir le geste discrètement. Sans fleurs ni couronnes.

    L’époque est à la bluff-démocratie, informée par Bouygues et Dassault Aviation, supervisée par Bolloré et Endemol, noyautée par Decaux et Albert Frère, enveloppée par Pinault et Arnault, sponsorisée par la Société générale et Prada-France. Les hommes de pouvoir communiquent et occupent l’espace par leurres interposés. Mon enquête sur la multinationale apparaît anachronique dans ce paysage. Elle n’aurait pas dû être publiée sous forme de livre mais dans un journal.

    Les journaux ou les télévisions n’ont plus les moyens, l’intérêt ou l’énergie pour financer et risquer ce type de travail. Quant aux éditeurs, l’aventure avec Laurent Beccaria tient davantage de l’inconscience (la bonne inconscience) que du plan raisonnable. Les procès qu’on nous fait, leur répétition, sont l’arme fatale des nouveaux censeurs. Bien que nous ayons raison sur le fond, je ne suis pas sûr aujourd’hui, connaissant les embûches et les pressions, que nous nous lancerions à nouveau avec le même entrain. Trop d’ennuis.

    Quand j’expliquais à Joseph Gordilla que je ne devrais pas exister, c’était pour cette raison. Je suis un produit dérivé du système médiatique. Je n’ai pas choisi la marginalité. Autour de moi, les hommes et les règles ont glissé. Les journalistes installés ne me soutiennent pas car je les renvoie à leur suffisance, leur vacuité, leur démission devant l’ampleur de la tâche ou les pressions de la hiérarchie. Je n’ai rien à attendre d’eux et ils me le rendent bien. (…) »

    Sur le monde actuel, si propre sur lui:
    « Les mafieux ne touchent plus beaucoup aux armes, sauf pour en vendre aux pays en guerre. Les mafieux se sont coulés dans l’époque. Ils multiplient les passeports et les domiciliations. S’ils veulent éliminer un gêneur, ils sous-traitent. Il suffit de trouver le bon réseau et l’arme adéquate. Inutile de prévenir ou de menacer. Les vrais gêneurs n’ont pas le temps de voir venir la balle ou la bouffée de polonium.

    Les vrais mafieux lisent le Financial Time ou le Wall Street Journal et descendent à l’Hôtel Royal de Luxembourg ou au Beau Rivage à Genève. Ils ne mangent pas de pâtes à Little Italy mais plutôt dans un Milanese food de Londres où on sert des spaghettis aux truffes dans des coupes à champagne. Ils se sont civilisés, policés, politisés. Ils achètent des clubs de football avec des copains traders ou des actions du CAC 40 parce que c’est plus clean. Sur Euronews, on exhibe parfois un mafieux en cavale, genre Bernardo Provenzano retrouvé dans une bergerie sicilienne. L’image achetée à la RAI doit être floue et sale, prise au petit matin si possible à Corleone – bien préciser au sud de Palerme. Le mafieux qui passera en boucle doit être spectaculaire et avoir le physique de l’emploi. Il doit être blafard, moustachu et la chevelure hirsute. Il faut lui trouver un surnom comme le boucher, énumérer la liste des dizaines de victimes égorgées et le montrer avec des menottes. L’image esquissera l’idée que les politiques et la police luttent efficacement contre le crime organisé, veillent sur nous et qu’il existe bien une frontière entre eux et nous. (…)

    J’ai mis les pieds dans l’arrière-cuisine du village financier. J’ai compris le fonctionnement de ce bordel très policé. La multinationale à laquelle je me suis intéressé loue son savoir-faire et ses coffres-forts à toutes les banques de la planète. Elle offre, moyennant commissions, quantité de services. Elle prête de l’argent, investit, archive, cautionne. Avec l’électronique, il est très difficile d’en retrouver la trace. Des techniciens de la finance ont créé un outil complexe, subtil et performant, dont les règles de fonctionnement ne sont connues que des initiés. L’outil subtil des banquiers a permis la mondialisation financière. Il est un point aveugle de la finance mondiale. Une maison close où l’argent peut entrer, tranquillement, sans frapper. Et ressortir sans prévenir. Seuls quelques banquiers ont la clé. Pour entrer, il faut payer. L’abonnement est cher. On peut s’abonner directement, ou s’abonner chez un abonné, ou chez l’abonné d’un abonné d’un abonné. Ça marche en cascade. Chacun sa commission. Chacun ses fusibles.

    Les chambres de compensations internationales sont les clés de voûte du capitalisme clandestin. De manière générale, une clé de voûte est un élément unique qui permet de maintenir la cohésion des multiples éléments l’entourant. Le capitalisme clandestin a pris le pas sur l’autre, qu’on pourrait appeler le capitalisme officiel. Ou la vitrine légale. Le but ultime du capitalisme, l’officiel comme le clandestin, reste la fabrication de profit destiné à une minorité de privilégiés. Il nous enchaîne et nous plie à son service. Refuser sa logique devient de plus en plus difficile. Surtout quand on est journaliste ou écrivain. Dès que vous résistez, le système vous marginalise puis, si vous résistez vraiment, cherche à vous briser. »

    Source: http://www.agoravox.fr/auteur/denis-robert

    1. Avatar photo

      J’ai oublié de préciser que je citais Denis Robert parce que Clearstream semble être la grande lessiveuse où est passé l’argent de Karachi, des frégates de Taiwan, et de ceci et de cela. Et comme de juste, cette lessiveuse est made in Luxembourg, patrie de notre futur président de Commission européenne. C’est peut-être un bon point, l’avènement du soleil radieux de la Justice et de la Démocratie puisqu’étant de la partie, il connait bien tous les rouages. On y croit?

      Clearstream : « Manipulations » le docu qui gêne France Télé

  7. Avatar photo

    Ajout d’un addenda, la vidéo complète de l’enquête, mise en ligne par Le Point, ayant été supprimée, j’ai mis à votre disposition quatre extraits de citation afin que ce billet reste ce qu’il est.

    Décidément, drôle de pays, drôle de dossier, drôles de politiques, drôles de médias…
    Pour les éventuels censeurs, je ne reprends pas un document d’auteurs*, mais les déclarations de… Juges !

    *Et même, je doute que ceux-ci aient envie que leur travail soit aussi classé « Très Secret Défense ».

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