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Commerçants et artisans de quartier qui délocalisent

Artisan BoulangerDemain, nous recevons !
C’est l’occasion du grand ménage…

L’aspirateur Hoover est de sortie… Hommage à cette marque américaine créée en 1908…
Ce modèle a été acheté chez un petit commerçant, mais il est marqué « Made in PRC » sur l’étiquette…

Pour compléter le nettoyage, sortie du nettoyeur vapeur Vaporetto de la célèbre marque italienne Polti, dont le siège est à Bulgarograsso (province de Côme).
Acheté neuf dans un « dépôt » à la mode, histoire d’avoir le meilleur prix (au diable le petit commerçant local qui ne le vendait pas).
Sur l’étiquette, il est marqué « Made in PRC »…

Nettoyage à la chinoise, donc.

Courses pour le lendemain…

Branle-bas de combat dans le supermarché pour dégoter deux poulets Label Rouge en promotion dont la DLC (date limite de consommation) n’est pas du lendemain.
Finalement, les recherches permettent de trouver, au milieu des blancs et des jaunes, des spécimens « noirs » avec un délai de grâce de 6 jours, comme quoi la persévérance paie !
C’est du Loué, « Nourri sans OGM < 0,9 % » (si c’est sans, ça devrait être 0 %).
Loué, c’est en France, et il y a la photo d’un « éleveur » qui a l’air heureux sur l’étiquette.

Boycott des frigos remplis de bouffe industrielle plus ou moins revendiquée.
Boycott de la poissonnerie et de la boulangerie : autant privilégier les petits commerçants/artisans locaux !

Jour de réception, fin des courses…

De bonne heure, arrivée chez l’artisan/boulanger… Regard amusé sur les muffins dont les pépites de chocolat transpirent… En fait, il s’agit du symptôme de la décongélation ! (Regardez la gueule des donuts !)
Les croissants sont encore plus rigolos tant ils sont bouffis et pâles. Récemment, une vendeuse, très embêtée devant un client, déclarait : « il fait les croissants plus gros, du coup les poches sont trop petites ! »
À 0,95 € la pièce, autant aller chez Lidl qui assume son terminal de cuisson, et où ils sont nettement plus jolis et bons, aux prix de 1,16 € les 4 !
Mais il est vrai que nous sommes chez un « artisan », qui de plus a bonne réputation : la « qualité » ça se paie…
Achat du seul pain qui semble vraiment « maison » et qui se conserve bien (quoique).

Idée d’aller chez le boucher/charcutier/traiteur…
Puis non, les cartons dissimulés près des poubelles signalent le passage du camion Pomona/PassionFroid aux heures où les poules commencent à se lever.

Donc salade vraiment « maison », avec des légumes en stock !

Un nouveau poissonnier s’est installé. Il paraît que le patron possède son propre bateau de pêche…
C’est vendredi, jour du poisson, et il doit avoir sorti sa meilleure marchandise.
Sur la glace, que de l’ordinaire…
Et sur les pancartes aux prix plutôt élevés, il y a parfois une mention en haut à droite…
« France » ou « ANE »…
Surprenant, car sur le coup nous sommes en Bretagne, pays du poisson, des coquillages et des crustacés s’il en est !
Repli sur des crevettes grises « ANE », et question au vendeur habillé en pêcheur : « Ça veut dire quoi ANE* ? »… « Atlantique Nord-Est Monsieur ! »

*Donc zone FAO27 pour les connaisseurs et l’Organisation des Nations Unies, c’est encore  plus flou et moins sexy

Bref, ces commerçants et artisans revendiquent une clientèle locale et se plaignent que les clients se délocalisent dans les hyper/supermarchés.
Mais eux-mêmes ne jouent absolument pas le jeu en privilégiant des fournisseurs qui ne sont pas locaux, voire de gros industriels de l’agroalimentaire, avec les effets dévastateurs que l’on connaît.

Avec cette bouffe toute prête et des produits venus de loin…
Avec des produits vendus comme « maison » (au minimum en péchant par omission) alors qu’ils leur ont été vendus par des commerciaux assortis de « conseillers culinaires »…
Avec des produits surgelés fabriqués on ne sait comment et avec on ne sait quoi, les « petites mains » locales sont de plus en plus rares, et donc merci pour l’emploi régional !

Un « artisan » peut-il être fier de décongeler simplement des produits, ou de les déballer pour faire plus joli, voire de les « cuisiner » au micro-onde ?

Ce même « artisan » local trouve normal que le petit maraîcher ou le minotier du coin vienne acheter ses croissants ou ses plats « traiteur » chez lui, mais il ne lui renvoie pas l’ascenseur !

Plaignez-vous, chers amis ! Vous sciez la branche sur laquelle vous êtes !

Mais il est vrai que certains de ces « commerçants » s’équipent maintenant d’automates de paiement, au motif que c’est plus propre (ils ne touchent plus la monnaie), mais surtout que, contrairement à une vendeuse, ça ne « vole pas » !
Le sourire en moins, la déshumanisation en plus… La négation du « Soyez commerçant ! »

En attendant, l’artisan/commerçant du coin fait bien rigoler (jaune) quand, après une journée harassante à avoir vendu aux « locaux », au prix fort, des produits industriels « pas locaux » et/ou décongelés…
… Il monte dans sa grosse berline « Made in Germany » !

Au fait, ça sonne, c’est la livraison d’un étui en cuir (pour smartphone) de marque « Swiss Charger »… « Made in China » !

 

PS : Ils ne sont pas tous concernés. Fort heureusement il reste des puristes amoureux de leur métier et de bons produits… Ils se reconnaîtront, mais surtout VOUS les reconnaîtrez en les privilégiant !

Crédit photo : Flickr CC BY-NC-ND 2.0 par Audrey AK

© PF/Grinçant.com (2012)

3 commentaires sur “Commerçants et artisans de quartier qui délocalisent”

    1. Avatar photo

      Les restaurants sont très concernés, effectivement. Les clients le savent ou osent (encore) y croire.
      Par contre, pour ce qui est de ces petits commerçants qui n’offrent pas les mêmes prestations (salle, service, etc.), l’arnaque est de plus en habituelle, et le pigeon n’est pas dans l’assiette (pour les traiteurs), mais du côté portefeuille.

  1. Avatar photo

    Parlons du poissonnier de ce billet, car c’était bien réel…
    Billet écrit le 30/11/2012.

    Avant, il y avait déjà un poissonnier, un gros, qui a fait faillite…
    Les locaux ont été « rachetés » par la ville… Pour y mettre un « nouveau commerce »…
    Devinez, c’était une nouvelle poissonnerie !
    Il est vrai que la commune s’implique curieusement dans certains commerces.
    Malgré tous ces « arrangements » et le poisson « ANE » pas forcément engageant…
    Poissonnerie fermée !
    Elle aura tenu tout juste deux ans.

    Poissonnerie fermée au bout de même pas deux ans

    Le maire va mettre quoi à la place ?
    Un poissonnier ?

    Quant à la crise, elle n’existe pas pour nos politiques, ou elle est dernière nous.
    Et les salariés (il y en avait) n’ont qu’à aller se faire chouchouter par Pôle Emploi.

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