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Business et Fête de l’école

Business et fête de l'école maternelle & primaire - VersoUne boîte aux lettres aux normes, heureusement, pour des raisons de capacité.

Pas de Stop pub.

1,2 kg de publicité en une fois, banal.

Cela représente quand même 240 feuilles A4 pour imprimante…

Au milieu de la pile, une feuille jaune A3 pliée en deux.

Première vision, « Fête de l’école »…

En haut à gauche, le nom de l’école, c’est une école privée catholique de la commune…

Juste en dessous, la précision « Maternelle – Primaire »…

Le thème, « Les Arbres et les Végétaux »…

« De nombreux stands : salon de thé, crêpes, galettes, barbe à papa, glaces… ».

« De nouveaux jeux et défis pour les enfants ! »

Vous vous dîtes « Tiens, ces charmants bambins vont pouvoir s’amuser sainement… »

Et vous ouvrez ce document bien fluo.

Au milieu, vous découvrez le programme, qui commence par une messe et se termine par une tombola (lots sponsorisés).

Et tout autour, occupant 62 % de l’espace, devinez…

Des encarts publicitaires !

Trente et un, oui, 31 !

Business et fête de l'école maternelle & primaire - Recto

Médusé, vous refermez l’ensemble, pour voir au dos…

25 autres encarts publicitaires, oui, vingt-cinq !

Business et fête de l'école maternelle & primaire - Verso

Donc, hors lots de la tombola, 56 encarts !

Un annuaire papier Pages Jaunes ne ferait pas mieux !

Des publicités pour des vendeurs de vin, des restaurants, une banque, des assureurs, etc.

Et, pour entrer dans le « lourd », un encart qui n’est pas destiné au consommateur moyen : celui d’un fournisseur pour cantines, traiteurs, restaurants, commerces de bouche, friands de ce qui est « réfrigéré »…

Pas de « mention légale » (obligatoire) sur ce prospectus, mais une jolie phrase qui vaut son pesant de cacahuètes (tant pis pour les calories) : « Merci à tous les annonceurs, fidèles et nouveaux qui ont bien voulu participer aux projets éducatifs de nos enfants ».

Où sont les enfants, de maternelle et du primaire, dans une telle démarche désintéressée ?

L’école n’a-t-elle pas les moyens de prévoir dans son budget annuel cette fête ?

Les parents ne peuvent-ils pas la financer, ou participer à leur manière, pour que cela reste festif, éducatif et sain ?

Qui manipule qui ? C’est bien connu, les bambins de maternelle manipulent les banques, assureurs, commerçants et autres industriels de l’agroalimentaire…

Et si l’on finance ce genre de chose, ne devrait-on pas le faire discrètement ?

Et, puisqu’il y a « religion » dans la démarche, tous ces marchands ont-ils leur place dans le « temple » ?

Prosélytisme religieux ou commercial ?

Une chose est certaine, c’est que si votre bout’chou est réceptif à ce « cadre scolaire » désintéressé et épanouissant, votre carte bancaire va chauffer !

Quant à la télé, s’il reste scotché devant les publicités, c’est qu’on lui a expliqué qu’il apprendrait ainsi facilement le latin.

 © PF/Grinçant.com (2012)

3 commentaires sur “Business et Fête de l’école”

  1. Avatar photo

    Tout à fait d’accord avec votre étonnement écœuré… Mais (car il y a souvent un mais, sinon tout serait trop simple)…
    En tant que président d’APE j’organise également une kermesse (dans une école publique, ce qui ne change pas grand chose, sauf qu’on ne commence pas par une messe mais par un apéro pour ceux qui sont venus nous aider à monter les stands) : comme dans le cas cité, nous organisons une tombola, financée grâce aux dons. Ce sont les commerçants locaux, parfois également parents, ou des organismes (piscine, parcs de jeux, etc) qui contribuent soit en nous apportant un financement, soit par des dons variés (lots, tickets d’entrée). Je ne sais pas si on pourrait faire sans, surtout quand on considère le petit nombre de parents qui se mobilisent (et c’est également vrai quand il s’agit de défendre l’école face aux suppressions de postes). C’est dommage, j’en conviens. C’est même rageant certains jours, surtout quand ceux qui n’ont pas bougé le petit doigt viennent se plaindre ou donner des leçons de morale.
    Mais l’argent récolté tout au long de l’année grâce aux opérations (tombola, kermesse, vente de crêpes, organisation de foire à la puériculture) permet ensuite de : faire baisser le prix des activités, payer tous les frais de transport pour toutes les sorties pédagogiques (et ça c’est un gros budget), aider certaines familles qui sans cela n’enverraient pas leurs enfants en classe verte ou au cinéma ou à un spectacle, acheter du matériel pour l’école.
    Car non, l’école n’a pas les moyens de prévoir des budgets pour toutes ces activités. L’école devrait être gratuite, oui, mais elle ne l’est pas. Une place de cinéma coûte aujourd’hui autour de 5 euros pour un enfant, un luxe pour beaucoup. Grâce au financement que nous apportons, les parents ne payent « que » 5 euros pour 5 films dans l’année et c’est parfois déjà problématique.
    Bien évidemment, ce serait idéal d’obtenir des aides de la part des commerçants, des banques et assureurs ou du parc Bidule sans qu’il soit fait mention de leur participation. Mais alors ils ne donneraient rien, parce qu’évidemment ils pensent en terme de retour sur investissement. Est-ce qu’alors il faut que je cesse de les solliciter ?
    Je suis preneur de solutions. Parce que tout cela est épuisant, que parfois on se démène et on n’est pas vraiment récompensé, et qu’il n’y a aucun « retour sur investissement » pour les parents qui s’investissent. Et que si j’en juge par mon cas, je n’ai nul besoin de tout cela. J’ai grandi entouré de livres, suis allé très tôt au cinéma voir autre chose que les blockbusters (ça ne s’appelait pas comme ça à l’époque), dans les musées ou aux concerts, et j’essaye d’offrir la même chose à mes enfants. Mais j’estime qu’il faudrait également en faire profiter les autres.
    Alors, avec tous ces bons sentiments gorgés de naïveté, je fais comment, moi ?

    1. Avatar photo

      Bonsoir,

      Je comprends votre réaction, mais il s’agit effectivement d’une solution « faute de mieux », suite à une carence qui devient généralisée quant au financement normal de l’enseignement, y compris des écoles maternelles et/ou primaires.

      Le drame, c’est que cela vous oblige à demander à des intérêts purement commerciaux de vous aider, et ce en échange d’un service disproportionné, en les qualifiant « d’annonceurs »… Leurs motivations ne sont nullement celles des enfants ou de votre établissement, et la manipulation n’est pas loin… (Voir le fournisseur pour cantines qui pourrait au moins offrir gracieusement ses services et produits pour cette fête annuelle).
      En comparaison, si vous saviez ce que facture un journal local, ou pire encore, l’annuaire national bien connu, vous jugeriez certainement qu’ils abusent de la situation.

      Ce billet est une dénonciation au sens noble du terme : la situation est anormale, et la solution trouvée n’est pas normale…

      À la limite, une simple citation sous la forme de liste aurait été compréhensible, mais tous ces encarts poussent effectivement à l’écoeurement.

      Pire encore, le message de l’école n’est pas explicite : il n’est pas dit « venez nombreux »… Non, nous avons une double page jaune, bien symbolique…
      Cela démontre que l’intérêt des enfants passe derrière les intérêts commerciaux.

      Faire comment ? Bonne question !
      Mais il me semblerait qu’une participation payante de 4 ou 5 euros par visiteur (dont parents) serait envisageable (et consommations à un prix raisonnable), plus des « gestes » des fournisseurs habituels, mais non strictement publicitaires.
      Mais là, franchement, il n’y a pas matière à attirer quiconque, et c’est dommage…

      C’est un problème qu’il convient de soulever, et c’était une occasion.

      Cordialement.

      PF/Grinçant.com

      PS : précisons que dans le lieu concerné, les moyens ne semblent pas manquer, et que ce qui est montré semble relever d’une simple stratégie…

      1. Avatar photo

        Je rajoute pour faire bonne mesure que, malgré tout, certains sponsors le font de manière désintéressée, exigeant par ailleurs que leur nom/logo n’apparaisse pas. Mais c’est rare effectivement. A l’inverse, d’autres commerçants (et par ailleurs parents de l’école, donc conscients – normalement – de la finalité de la chose et de l’impact limité d’une publicité sur un billet de tombola acheté majoritairement par les parents/grand-parents/voisins des enfants qui les vendent) refusent de participer, estimant le « retour commercial » insuffisant.
        Quant aux moyens de ladite école, je ne me prononcerai évidemment pas. Mais si j’en juge par le cas (unique) dont je m’occupe (un peu plus à l’ouest semble-t-il), ce genre d’opération est plus que jamais nécessaire, puisque certains parents ont de plus en plus de mal à faire face aux coûts induits par toutes les activités et sorties mises en place dans le cadre scolaire (et il y a là très certainement matière à réflexion, sur les missions attribuées à l’école et sur les moyens que la société dans son ensemble lui accorde). Les bénéfices engrangés ne me permettent pas (hélas ?) de partir aux Seychelles couler une retraite précoce et heureuse, mais viennent aussi parfois en complément des aides sociales.

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