J’ai envie de passer mon permis moto.
Ces engins m’ont toujours attiré.
Ils renforcent la virilité de leur propriétaire.
C’est toujours bon à prendre !
Je trouve une auto-école qui pratique des tarifs attractifs.
Ils préparent aussi au permis moto.
Mon code est toujours valable, je n’ai pas à le repasser.
Ma première leçon est pour aujourd’hui.
J’arrive à l’heure pour cette séance qui a lieu sur circuit.
L’engin est en face de moi.
Je l’imagine entre mes cuisses.
Justement, je dois l’enfourcher, car c’est mon tour.
C’est très difficile, je suis plutôt petit.
J’y arrive enfin.
La machine est sur sa béquille centrale.
Mes pieds sont à dix centimètres du sol.
Mon moniteur me dit qu’il m’est impossible de continuer si je ne touche pas le sol, c’est trop dangereux.
Il propose de me rembourser.
Je refuse et lui donne rendez-vous pour la prochaine leçon.
J’ai acheté une paire de chaussures à talon aiguille.
La semelle est épaisse, et le talon très haut.
Il est difficile de marcher, mais cela devrait me permettre de passer le permis convoité.
Je me rends à mon deuxième cours.
Ça marche, et mon professeur ne peut que me faire poursuivre la formation.
Les leçons se succèdent.
Je suis bon élève.
C’est la dernière.
Elle a lieu dans le Bois de Boulogne.
Rouler sous les arbres est très agréable.
Il y a un feu rouge.
Je m’arrête, mes talons aiguilles cramponnés au sol.
Deux colosses arrivent à ma hauteur.
L’un me dit :
« 200 ? »
Je regarde mon compteur et réponds :
« Oui, 200 ! »
J’ai sacrément dérouillé, je n’y étais pas préparé.
Je puis maintenant vous l’affirmer.
Non, la moto ne rend pas plus viril, c’est même le contraire.
Et je sais de quoi je parle.
© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)