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Elle soupirait

Elle n’était pas vraiment jolie.

Mais elle avait un charme certain.

Très féminine, très vivante.

C’était un plaisir de la regarder s’agiter.

Son rire était particulier, un peu malsain, un peu vicieux.

Elle avait un petit ami, épisodique…

Il habitait loin et venait rarement.

Lorsqu’il la rejoignait, elle prenait plusieurs jours de congé.

De retour au travail, elle soupirait en permanence et disait qu’elle était fatiguée.

En fait, elle pratiquait…

Les photos cochonnes, le fouet, les menottes, les appareils vibrants, et bien d’autres choses.

Son partenaire n’était qu’un accessoiriste !

Il débarquait toujours avec un grand sac rempli de gâteries.

Pour l’exciter, elle devait faire la vaisselle entièrement nue, avec un tablier noir, en cuir.

Deux pinces à linge étaient accrochées à ses seins.

Il la regardait…

Lorsque la vaisselle était terminée, il bandait.

Ils passaient illico dans la chambre.

Menottée à la tête de lit, elle était offerte.

Il arrivait par derrière.

Il la prévenait « salope, tu vas déguster ! ».

Et il mettait l’interrupteur de son godemiché dernier cri sur « ON »…

Il rugissait, il fallait couvrir le bruit du moteur électrique.

Arrivée à la jouissance totale, elle s’affalait sur le lit, suspendue à ses menottes, haletante.

Lui, il allait se finir dans le couloir.

Elle revenait au bureau, et elle soupirait, elle soupirait…

Ses collègues, une femme et deux hommes, la regardaient bizarrement.

Entre ses soupirs, il lui arrivait de bosser.

Et les jours passaient, de plus en plus nombreux.

Elle n’en pouvait plus, il lui fallait rejoindre son étalon.

Ses collègues ne pipaient mot, ils la regardaient bizarrement.

Ils n’aimaient pas ses soupirs.

Elle n’en pouvait plus d’être au bureau, il lui fallait rejoindre son homme.

Elle a préparé ses bagages.

Dans une trousse, elle a placé des pinces à linge, un phallus miniature en peau de crocodile, de la ficelle, un petit martinet, un foulard rose, et bien d’autres choses…

Elle est arrivée au travail avec un grand sac.

Le train était à dix-huit heures.

Pour déjeuner, elle a laissé son bagage.

Le soir, elle l’a ouvert devant son dominateur, et la trousse n’était plus là !

De retour au bureau, elle a demandé sa mutation.

Accordée.

Depuis son départ, ses collègues s’enferment dans leur bureau pendant la pause déjeuner.

Et l’après-midi, ils soupirent, ils soupirent, ils soupirent…

© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)

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