Aller au contenu

À quoi bon ?

Je suis obligé de vivre.

Mais souvent, je me dis « À quoi bon ? ».

En effet, à quoi bon vivre dans ce monde où survivre est déjà difficile.

La vie, c’est une humiliation permanente.

Dépendance de la nuit, de la pluie.

Dépendance de la société, de l’autre.

Des années à errer.

D’une femme à l’autre.

D’un lieu à un autre lieu.

D’un travail à un autre travail.

Des années à se chercher.

Des années sans se trouver.

Une montre au poignet, le décompte est permanent, irréversible.

Comme ses aiguilles, tout est rotation, valse.

Les têtes, les êtres, la terre, les planètes…

Impossible de trouver un centre commun.

Un manège infernal qui rend fou.

Selon le référentiel, je suis tout ou rien.

L’égoïsme de l’individu n’est rien vu d’une autre galaxie.

Jeune, j’étais sûr d’être unique, forcément le meilleur.

Et puis j’ai découvert que je n’étais pas seul.

Un sur des milliards, laminé par la société.

De quoi vous briser.

J’ai continué, j’ai grandi.

Hagard.

Et je suis là, à hurler ma douleur.

Vivre, à quoi bon ?

Cartésien, pour moi tout doit avoir un sens.

Et la vie n’a qu’un sens, la mort.

Précipiter les choses ?

J’ai pensé au suicide, mais je me suis dit « À quoi bon ? ».

Qu’est-ce que la mort pour un non-croyant ?

Surtout s’il n’est pas certain de ne pas croire.

Pour beaucoup, la mort, c’est une nouvelle vie.

Alors, à quoi bon abréger ma vie pour en commencer une autre, dans l’inconnu ?

Je préfère errer, errer en espérant un jour tomber sur la solution.

Mais j’ai peur, j’ai peur que cette solution soit « À quoi bon ? »…

© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)

Étiquettes:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *