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Les effets de l’hypoxie* à la caisse

Je ne savais pas si je pouvais entrer dans ce demi-enclos d’automates de caisse.
Les deux de gauche étaient en « indisponibilité », les petits mâts étant illuminés en rouge.
Et une petite mamie occupait à elle seule les deux de droite.
Mais elle s’affaire plutôt sur le plus proche de moi, en vidant le bac et en remplissant son cabas.
Je m’avance donc vers l’automate finalement libre, et je commence à scanner mes articles.
La mamie se dirige alors vers la sortie de l’enclos condamnée par un portillon.
Mais, ce qu’ils appellent encore « hôtesse de caisse » — là un homme visiblement proche de la retraite — se précipite vers la dame…
Le mât de son automate clignote et un gros message est inscrit sur l’écran.
— Mais Madame, vous n’avez pas payé vos courses ! Remettez-les dans le bac !
— Ah, mais comment ça, d’habitude ça marche ?!
Le cerbère à côté d’elle, elle repose ses courses en tremblant.
— Voilà. Maintenant il faut scanner votre carte Leclerc, vous l’avez ?
Oui, elle l’a, elle s’exécute.
— Et maintenant vous devez payer…
La mamie marmonne : « Ah ben ça alors ! »
Tout en observant la scène avec amusement et en me demandant si elle n’avait pas tenté une sorte de vol à la tire, je termine de scanner mes articles.
La dame veut sortir de l’enclos, mais le portillon est fermé.
« Mais il faut insérer votre ticket de caisse ! » dit le cerbère, tout en ajoutant : « Oh, vous n’avez pas l’air dans votre assiette ! »
Pendant ce temps, je commence à vider le bac en mettant mes achats dans mon sac en lin.
Et je regarde machinalement l’écran où il est inscrit : « Veuillez reposer vos articles ! »
C’est alors que je me rends compte que j’étais (aussi) en train de partir sans… payer !

© PF/Grinçant.com (2021)

* Mamie avec masque, tout comme moi sur ce coup.

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