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URSSAF, huissiers et consorts, complices du pire ?

En ces périodes, LCI — comme les autres chaines d’ailleurs — fait ses choux gras de faits divers morbides.
Hier, lundi, c’était un « débat » sur le viol/meurtre de la petite Angélique à Wambrechies, avec moult détails sordides.
Et samedi, ils revenaient, dans le même type d’émission, sur l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès*, qui a zigouillé toute sa famille en avril 2011 avant de disparaître (probablement suicidé dans une grotte, d’après un intervenant qui avait un livre à promouvoir).

Mais, j’ai été interpellé par un mail à sa maitresse, qu’ils ont passé à l’écran — tout en le citant —, et qui expliquait une drôle de situation, avec des accents de sincérité, même s’il avait déjà « tapé du fric » à la destinataire de cet écrit :

« Je suis ruiné, dans le fond du trou, comme jamais je ne l’ai été.
J’ai quatre mois de loyers impayés, je n’ai pas pu payer l’école d’Arthur, ma voiture est tombée en panne, j’ai été obligé de demander à maman de quoi acheter des cadeaux de Noël aux enfants (et je dois la rembourser), je n’ai pas pu payer mes cotisations URSSAF et ASSEDIC, j’ai de nouveaux huissiers aux fesses, je peux être expulsé de chez moi dès la fin de l’hiver, et je n’ai pas de quoi finir le mois de janvier… même si je fais quelques contrats avec les hôtels ouverts… Mais je n’ai même plus de quoi prendre la route pour aller les visiter…
Je ne dors plus, je fais des insomnies presque toutes les nuits avec des idées morbides (foutre le feu à la maison après avoir donné un somnifère à chaque membre de la famille… »

LCI, débat sur l'affaire Dupont de Ligonnès — Capture 28/04/2018-23h39
Un mail qui en dit long…

J’aimerais savoir dans combien de situations dramatiques sont impliqués URSSAF, huissiers et consorts…
Et je suis tout aussi surpris que cela se retourne presque toujours contre des… Innocents !

© PF/Grinçant.com (2018)

* Lien Wikipédia

Un billet en rapport, parmi d’autres ici : Aux morts ordinaires du cynisme (11/2013)

12 commentaires sur “URSSAF, huissiers et consorts, complices du pire ?”

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    Il y a quand même des solutions autres que liquider sa famille. Par exemple, vous pouvez vous mettre en faillite personnelle en cas de dettes, ou il y a des procédures de surendettement qui permettent d’effacer certaines dettes (ou au moins d’étaler les remboursements).

    Dans le cas de l’Urssaf, le problème est qu’en France le système de protection sociale est basé sur la taxation du travail (c’est pas partout pareil, en RFA, par exemple, c’est sur l’IR). À partir du moment où vous avez un système social onéreux, vous avez forcément des prélèvements importants -> ça pousse certaines activités à ne plus être rentables (ou alors à s’exercer au noir).

    Après, on peut évidemment discuter des méthodes de ces organismes (le pompon étant apparemment le RSI qui a fait tellement d’excès que Macron a décidé de le liquider). Mais quelle est l’alternative face à des mauvais payeurs ? Recourir à des gros bras mafieux ?

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      Le RSI, c’est maintenant l’URSSAF, et je puis vous dire que c’est tout aussi kafkaïen.
      Les « gros bras mafieux »… Ben ils existent (cités dès le titre), sous une forme plus « légale », avec même l’assistance des banques, de la police, de serruriers et de déménageurs, le tout aux frais de la personne/famille déjà sur le carreau…

      Les « mauvais payeurs » sont probablement marginaux, mais ceux-là jouissent le plus souvent d’une « impunité », surtout les « gros ».

      C’est un système mortifère, avec une « découpe » des rôles/actions cynique et qui pousse souvent au zèle/à la bêtise.

      Maintenant, pour moi, un tel mail (de “XDDL”) explique bien des choses. Après, la solution retenue est discutable, car le « système » s’exonère de toutes ses responsabilités alors qu’elles sont pourtant lourdes.

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    Bonjour,
    Tout le monde ne réagit pas de la même manière, mais il est très douloureux de tout perdre. Mais, contrairement à ce que l’on peut croire, ce n’est pas la fin. Il y a ensuite un renouveau. Une fois que nous comprenons que vivre avec le minimum est facile, alors nous nous sentons plus légers et heureux.
    Malheureusement, chaque jour, l’État nous invente une nouvelle contribution pour nous empêcher de relever la tête.
    Des situations dramatiques, j’en connais plus que nécessaire. On ne devrait pas parler de survie mais de vie tout simplement.
    J’essaie de l’appliquer chaque jour. De ce pas, je vais aller offrir un brin de muguet à ma vieille voisine, muguet cueilli dans mon jardin. (Pas besoin d’en acheter à un prix exorbitant)
    Bonne journée.

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      Beaucoup de gens ont « peur de tout perdre » alors qu’ils n’ont déjà… plus rien, s’ils regardent bien !
      Et l’essentiel n’est certainement pas là, même si la société fait tout pour faire dériver vers le financier/matérialisme, l’artificiel.
      Mais, dans un environnement « familial », c’est forcément très difficile à vivre, car il y a souvent la honte, le jugement, et ça explose le plus souvent en vol.

      L’URSSAF, les huissiers et consorts sont les premiers à dire : « Mais vous ne pouvez pas emprunter à la famille, à des proches, pour nous payer ? »… Bref, un pousse au… Crime et au pire !

      Pour beaucoup, le muguet « qui vaut », c’est celui qui a été « acheté » dans la société de consommation, et un jour précis (aujourd’hui).
      Là, vous êtes un peu hors « système ». ;-)

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    Oui, je me rends bien compte que je suis un peu hors système (j’aimerais l’être plus, voire totalement). D’ailleurs, depuis que je vis ainsi, j’ai beaucoup moins d’amis… Mais j’apprécie d’autant plus ceux qui sont encore là.
    J’ai une amie commerçante décédée cette année qui a vécu la galère pendant 2 ans à cause du RSI qui ne voulait pas reconnaître sa maladie…
    Comme vous dîtes si bien, les gros bras ont maintenant des costumes et l’aval du pouvoir.
    Bonne journée…

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      « (j’aimerais l’être plus, voire totalement) » (Je suppose « hors système ».)
      Pas facile ! Car « il » fait tout pour vous ramener en son sein, coûte que coûte (pour vous).

      Quant aux « amis », c’est dans ces situations que l’on devient clairvoyant, tout comme sur la société et ses trucages/mensonges/faux-semblants.

      Au moins, les « gros bras », vous pouvez leur casser la gueule… Allez donc faire pareil avec ceux en « col blanc » ou qui ont chacun leur « petit » rôle dans la machine à broyer/détruire…

      PS : Combien des gens déclenchent des saloperies — et en crèvent — avec toutes les turpitudes crées par ces organismes et autres « petites mains » souvent d’une inhumanité/lâcheté/bêtise* sans nom ?…

      * Le fameux « Je ne fais que mon travail ! »

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    Je me permets de vous raconter ce qui m’est arrivé il y a une dizaine d’années. Désolé, si je suis un peu long…

    En 2002, j’ai acheté un petit restaurant, avec ma compagne, dans le sud de la Drôme. Nous ouvrons le 31 mai, et sur les conseils de ma comptable (et au vu du chiffre d’affaires de notre prédécesseur), nous optons pour être au régime « micro », sans paiement de TVA. Ayant ouvert juste avant le début de la saison estivale, à la fin de l’année notre C.A. est réévalué par le fisc au prorata, et ce dernier estime que nous devrions faire un C.A. annuel de plus de 115 000 €… et que donc nous sommes redevables de la TVA à partir de 2003.

    Donc, commence 2003, et tous les trimestres il y a la TVA à sortir… Mais il y a aussi le fait que les 3 premiers mois de l’année sont très creux, peu de clients, la ville où je suis étant une destination assez touristique. Et donc commence la longue bataille de la trésorerie, où il faut aller faire la courbette tous les deux mois chez le banquier, pour lui demander d’augmenter le découvert (et donc les agios)… Le cercle infernal !

    C.A. 2003, environ 71 000 €, bien loin de ce que le Fisc avait calculé, moi aussi j’aurais préféré celui avancé par cet organisme, mais l’hiver 2003 n’est guère mieux que le printemps.. Fin 2003, je demande à ma comptable d’écrire au Trésor public (vous parlez d’un nom…) pour opter de payer mensuellement ma TVA plutôt que trimestriellement. Ce qui est mis en place pour 2004.

    Rebelote en 2004, belle saison, mais chiffre d’affaires toujours en dessous de ce qui est prévu. Je risque de tout perdre à cause d’une trésorerie très négative. Mais là, au moins, je vois le bout du tunnel, car n’ayant pas dépassé le plafond pour être redevable de TVA pendant 2 ans, je demande à ne plus en payer à partir de 2005, ce qui m’est confirmé par courrier du Trésor public local, et je me dis que l’on va enfin pouvoir respirer. La banque décide de continuer à m’aider (moyennant des agios, faut pas rêver, elle ne fait pas ça pour mes beaux yeux…).

    Les années passent, et je fais en sorte de limiter mon C.A. et de regonfler ma trésorerie, bien que chaque année je refais mes courbettes au banquier pour expliquer que c’est l’hiver, et que j’ai bientôt fini de payer mon emprunt, et que ça ira mieux en été…

    Puis, en mars 2008, je reçois un courrier du Trésor public du département me disant que je suis redevable de 26 000 € pour TVA non payé en 2005, et 2006, et que bien sûr cela ne tient pas compte de 2007, ni des 3 premiers mois de 2008. J’ai un mois pour régler la somme avant que je ne sois mis en demeure. Comme vous pouvez vous en douter, je tombe de haut, et je décide d’appeler la personne qui m’a envoyé ce courrier.

    Je tombe sur elle assez rapidement, elle se souvient très bien de mon dossier, et me dit qu’en effet je suis toujours redevable de TVA. Je lui explique que j’ai un courrier me signifiant que je ne suis plus redevable de TVA depuis 2005 ; elle me dit que ce courrier ne vaut rien, et que je dois toujours payer ma TVA. Je lui explique alors que si je suis ses calculs, je suis en tout redevable de plus de 38 000 € et qu’il m’est impossible de trouver une telle somme en moins d’un mois et que c’est la faillite assurée pour moi. « Si c’est ce qui doit vous arriver, eh bien il en sera ainsi, car, Monsieur, la loi c’est la loi ! » ai-je droit en réponse…

    Je m’adresse au Trésor public de ma commune, qui insiste bien que je ne suis plus redevable de rien, et qui, lorsqu’il voit le nom de la personne sur le courrier, me dit : « Oh, vous n’avez pas de chance, elle c’est une grosse connasse ! ». Ça rassure…..

    Ma comptable m’explique que tout a été fait dans les règles, elle ne comprend pas non plus, et pour nous donner plus de temps, nous écrivons au médiateur du Trésor public. Ma comptable m’explique aussi qu’un de ses clients, un maçon, s’était suicidé il y avait 2 ans de ça, suite à un courrier similaire pour un redressement sur la TVA, mais avec une somme beaucoup plus grosse…

    3 mois plus tard, je reçois enfin un courrier du médiateur, qui m’explique que je suis toujours redevable de TVA car, fin 2003, j’ai OPTÉ pour payer ma TVA mensuellement, et que pour eux c’est à partir de ce moment qu’ils ont calculé les 2 ans (donc, j’en déduis que la première année, ça compte pour du beurre), mais qu’ils abandonnaient les poursuites grâce au courrier fait par le Trésor public local (merci à eux) qui déclarait que je n’étais plus redevable… Mais, au final, c’est quand même moi qui étais dans mes torts…

    Pauvre France…

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      De toutes les manières, ces gens ne veulent jamais avoir tort, y compris quand l’acharnement devient ubuesque.
      Et quand il y a de l’empathie, c’est souvent un piège, ou bien pour protéger leurs arrières.

      « La loi c’est la loi ! », et la réalité, le concret, c’est quoi ?
      Quand on ne peut pas payer leurs montants exorbitants, et souvent « décalés » (pour diverses raisons, dont celles que vous expliquez), on fait comment ?
      Certains s’endettent en revolving pour plonger dans une (autre) spirale infernale, d’autres « tapent » famille et amis quitte à se brouiller avec tout le monde, et d’autres peuvent envisager un hold-up, mais avec toutes les chances de se faire prendre par maladresse.

      Après, tout est fait pour générer la honte, l’angoisse du lendemain, la perte de confiance, et c’est ce qui explique que le suicide puisse être envisagé dans bien des cas.
      La solution retenue par XDDL va plus loin, car il a emmené du monde avec lui, sa famille, mais des psychologues « honnêtes » pourraient parfaitement expliquer un tel geste qui n’est pas si irrationnel, hélas.

      Le malheur, c’est que les « connasses » de cet acabit continuent à faire des ravages, même si elles sont parfois parfaitement identifiées dans leur « milieu ».

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    « Et je suis tout aussi surpris que cela se retourne presque toujours contre des… Innocents ! »

    C’est en effet ce qui m’interpelle le plus dans ce genre de situation… Quitte à « partir », autant emmener avec nous ceux qui ont très largement contribué à nous faire prendre cette décision. D’autant plus qu’il s’agit au passage de rendre service à l’humanité, car il y a fort à parier qu’ils en ont déjà mené d’autres, et seront encore amenés à en mener d’autres vers la tombe.
    Bref, autant faire cela de manière utile…

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      Ils font ça « à la chaine », ne se rendant même plus compte de leur cynisme et du rôle — souvent abject — que le « Système » leur fait jouer.

      Récemment, j’en ai vu une qui balade tous ses dossiers dans une valise à roulettes et qui fait tous les tribunaux « compétents » (de Commerce, TGI) pour « abattre » industriellement/massivement des gens qui n’avaient qu’un souhait : travailler tranquillement et sereinement, et pouvoir faire vivre leur famille, jusqu’à ce que l’enfer n’arrive sous des airs souvent bien minables/pathétiques, mais avec la « force juridique/publique », malgré — souvent — des erreurs/incompréhensions magistrales…

      Allez, je remonte un vieux billet de 2012 : Saisies, les pinces du crabe se referment ;-)

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    Ces déraillements émanant principalement de fonctionnaires ne devraient pas exister. Mais les textes de lois repris par les administrations font que rien n’est fait pour aider le citoyen lambda. J’ai été victime, obligé à payer des sommes qui n’étaient pas dues au Trésor Public. J’ai eu gain de cause après des courriers pour démontrer que je n’occupais qu’un seul logement alors qu’il m’était demandé de payer la taxe d’habitation pour deux logements… Bref, c’est triste que dans un pays civilisé et qui a le plus de fonctionnaires, c’est dans ce pays que les bourdes les plus grosses et les injustices sont répandues, pêle-mêle, face aux citoyens lambda. Pour vous prouver ce que j’écris, je vous invite à lire un livre que vous ne trouverez plus en librairie neuf, mais vous pourrez le trouver sur les sites de vente d’occasion ou l’emprunter dans une médiathèque. Ce livre a été écrit par Thierry Desjardins et est paru en 2000. Des prises de décisions, des règlements, des textes de lois absurdes apparaissent, et nous vivons au milieu de cela. Des lois et des textes ont changé quelque temps après sa parution. Mais, à sa lecture, vous rirez, quelquefois vous rirez jaune des situations exposées et vous constaterez que vous n’avez pas été le seul, que d’autres citoyens, dans d’autres domaines, ont subi ou exercé des doléances, des dols contre des lois qui sont normalement prévues pour vivre mieux, étudier mieux, travailler mieux dans notre pays. Sans parler des taxes prélevées sur les entreprises. En France, ce n’était pas le cas au vu des situations exposées par l’auteur.
    Le livre : « Arrêtez d’emmerder les Français ! Il y a trop de lois idiotes dans ce pays » par Thierry Desjardins, chez Plon.

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      Il y a des situations où en rire, même « jaune », devient compliqué/difficile.

      Étroitesse d’esprit, bêtise et acharnement (+ lâcheté), je vous assure que ça fait un drôle de cocktail.
      C’est tellement pathétique que ça n’en est même pas racontable*, sans même parler du risque de représailles supplémentaires.
      Mais bon, comme j’en ai vu d’autres et que je dois être un peu maso. ;-)

      *J’ai pourtant de quoi écrire — moi aussi — des bouquins, mais bon, « blogueur » me convient plutôt bien.

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