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Un héron au triste sort

Je me disais, je ne le voyais plus.
Pourtant il y avait comme une connivence.
Des fois, il s’envolait à dix mètres de moi.
Pour se reposer un peu plus loin.
Je n’arrivais pas à le photographier de près.
Il semblait me narguer, ou jouer.

Lui ou un autre, mais ils sont peu nombreux ici.
J’adorais son décollage, presque lent.
J’adorais son vol majestueux.
Plusieurs fois j’en ai parlé ici.
Plusieurs fois je vous ai bassiné avec.
Plusieurs fois je vous ai montré l’un de ces hérons.

Aujourd’hui, le temps est lourd et triste.
Et l’eau du lac est verte à certains endroits.
Une tripotée de canards vient de fuir.
Mais une chose m’interpelle.
Là, près de la rive, à l’abri des branches.
Plus petit que d’habitude, comme rabougri.

Héron mal en point

Il a l’air mal en point.
Le cou sale, le plumage piteux.
Sa tête penche lentement en avant.
Péniblement, il la relève, l’air triste, éteint.
Il étend les ailes pour flotter.
Et soulager l’une de ses pattes squelettiques.

Derniers moments pour ce héron

Il n’en a probablement plus pour longtemps.
Triste scène, dure réalité.
Il n’y a pas grand-chose à faire.
Personne n’en parlera, pas d’hommages.
Rien en nécrologie, dans un journal de la PQR.
Sauf ici, un peu, une dernière fois.

© PF/Grinçant.com (2017)

Héron se reflétant dans l'eau
Réflexion de héron. Le même ?
Autre ambiance, en novembre dernier.

 

7 commentaires sur “Un héron au triste sort”

  1. Avatar photo

    La Mort des oiseaux poème de François Coppée. (pas JF)

    Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois,
    A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois,
    Pendant les tristes jours de l’hiver monotone
    Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
    Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
    Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
    Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
    Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes.
    Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
    Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

    1. Avatar photo

      Oui, celui-ci se cache incontestablement.

      Je vois qu’un héron cendré peut vivre jusqu’à 25 ans.
      J’espère qu’il aura eu son maximum.

  2. Avatar photo

    J’ai un autre constat à faire. Les animaux ont la décence et la pudeur humble que les « humains » n’ont plus.
    De plus, Grinçant s’intéresse plus aux animaux qu’aux « hommes ». Un peu comme s’il avait fait le tour de ceux-ci , et que l’on a beaucoup plus à apprendre de la faune et de la flore. Si c’est le cas, je suis en phase.

    1. Avatar photo

      Exact, les humains sont de plus en plus dans l’indécence et dans l’incorrection.
      – La complainte de l’inconnue du quai SNCF
      – Du boulet en randonnée
      – De l’élémentaire courtoisie du Bonjour

      Cette scène est cruelle, mais elle n’est pas gratuite, elle est simple et c’est la vie.
      Ce moment m’a touché, et je me demandais si je devais photographier et en faire un billet. Photos prises à 11h40, brève publiée à 14h28, car j’ai estimé que ça avait du sens.

      Disons que la nature apporte énormément, et que j’aimerais bien y plonger certains énergumènes pour les ramener à la réalité et tenter de leur rappeler ce qu’est l’humilité.
      « Fait le tour », bien évidemment non, mais je deviens de plus en plus sélectif.

  3. Avatar photo

    Bonjour,
    pas grand chose à ajouter, si ce n’est que je souscris à vos écrits et commentaires.
    Bonne journée à toutes zet tous.

  4. Avatar photo

    Bonjour,

    Merci, Grinçant de vous faire le « porte-parole » des animaux, et surtout des oiseaux.

    Car, tandis que nous abattons massivement la volaille contaminée car impropre à la consommation, on ferme allègrement les yeux sur ces animaux « sauvages » qui, par dizaines, viennent mourir sous nos fenêtres.

    La mort fait partie de la vie, me direz-vous.
    Certes, n’empêche que les oiseaux ont de moins en moins « honte » de mourir en public, ils ne se cachent presque plus pour livrer leurs dépouilles aux regards détournés des humains.
    Ici un pigeon, là une corneille et plus loin un héron.
    Dans un silence assourdissant ils témoignent des ravages de cette grippe mortelle.
    Pour chaque poulet consommé, combien de ces habitants du ciel succombent dans l’indifférence quasi générale ?

    1. Avatar photo

      Disons que je rencontre essentiellement des oiseaux (mais de moins en moins, effectivement) lors de mes sorties/randos, mais il est vrai que je ne fais pas spécialement dans l’Animalier. D’ailleurs, je ne suis pas équipé — photographiquement parlant — pour cela.
      Pour les oiseaux, je ne suis jamais vraiment opérationnel, mais les hérons restent assez « faciles » pour moi, et j’aime particulièrement cette espèce, mais pas dans l’assiette.

      Je ne sais s’il s’agit de la « grippe » concernant ce malheureux, mais j’avais constaté qu’à certains endroits — et à ce moment — ce lac comportait beaucoup de nappes vraiment « vertes » (résultat de l’abus de phosphates ?)…
      Et en plus, c’est de l’eau que l’on retrouve au robinet. :-/

      Je cherche des chiffres, mais ils sont durs à trouver.
      Je note cependant que l’on parle — pour les « élevages », et les volailles dites « de chair » — en « TEC » pour « Tonnes équivalent carcasse »
      En France, en 2013, c’était 1,87 million de… TEC de « volailles », dont 1,15 million pour le « poulet »…
      À la louche, pour un « poulet » moyen de 1,5 kg, ça nous ferait donc plus de 750 millions de « poulets » élevés/abattus, rien que dans notre charmant pays.

      En comparaison, je l’évoquais dans ce joli billet (à cause des photos), il n’y aurait qu’environ 2 millions de cygnes… sur terre !

      Aussi : Fumer tue, même les oiseaux

      Allez, rien que pour finir sur une note positive, je recolle ici une adorable rencontre sur l’Île de Bréhat :-)


      (Février 2016 : Il est peut-être encore en vie !;-)

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