Good trip : manger des tripes à Caen !

Qu’il est difficile de trouver un restaurant ouvert le dimanche !

Enfin, un restaurant digne de ce nom.

Pas l’un de ces trucs de chaînes qui envahissent la périphérie des villes.

En plus, le fantasme du jour : manger des Tripes à la Mode de Caen !
Normal, me direz-vous, lorsque l’on est de passage à Caen.

Après avoir écrémé les différentes fiches opportunistes qui pourrissent le Net.
Après avoir écarté les commentaires bidon qui, eux aussi, pourrissent le Net.
Après avoir éliminé les fiches commerciales payantes dans ce grand guide en ligne.
Après avoir pesté contre ces sites opportunistes aux numéros surtaxés pour réserver.

Appel direct à l’établissement :
– Êtes-vous ouvert ce soir, dimanche, pour dîner ?
– Mais bien sûr, voulez-vous que je vous réserve une table ?
Réponse favorable, évidemment.

Sur la carte accessible en ligne, il y avait : « Tripes à la Mode de Caen de chez Ruault »…

Jean-Pierre Coffe en parle ainsi, du tripier Ruault :
« Connues et renommées à travers tout le pays et même le monde, c’est à Vire, près du Donjon que vous trouverez les meilleures tripes à la mode de Caen. »

Le père Ruault (Michel) avait même été élu Champion du Monde de la Tripe en 1966 !
Oh, certes ! C’est plus ou moins du folklore, mais la tradition continue.

C’est la Confrérie de la Tripière d’Or qui décerne chaque année ce prix, et ce depuis 1952.
Une confrérie avec sa Chancellerie, son Grand Conseil de l’Ordre et ses titres honorifiques :

• Grand Maître
• Grand Commandeur
• Grand Chancelier
• Grand Argentier
• Grand Maître des Jurats
• Grand Écuyer de Bouche
• Grand Intendant
• Échanson
• Fourier

Bon, revenons à ce moment de joie, attablé, dans l’attente de l’assiette, en ce dimanche soir à Caen…

La voilà qui arrive…

Immense, toute blanche, avec un creux au centre.
Creux dans lequel ont été placées les tripes avec leur bouillon.

Illusion d’optique ou réalité ?
Comme l’impression que cela va laisser comme une faim.

Dans un monde en crise, pour s’adapter, il existe trois solutions principales :

• réduire la qualité
• réduire la quantité
• réduire la qualité ET la quantité

Heureusement, il y a trois pommes de terre vapeur dans un bol, à part.

Petites tripes, déconcertantes par rapport à ce que l’on voit habituellement.
Un bouillon à la sublime odeur.
Une texture idéale, ferme et élastique à la fois, fondante en bouche.

Presque divin !
Mais à ce niveau, il faudrait être Normand et membre de la Tripière d’Or pour pouvoir juger.

Bref, la conclusion est là, sous les yeux, comme sous le palais :
Ils ont choisi de privilégier la qualité !

Et c’est finalement tant mieux et devenu si exceptionnel.

Très bon mi cuit au chocolat pour conclure.

Avant de quitter les lieux, petite discussion avec l’un des serveurs qui demandait si cela avait plu :
– Ici, nous ne servons que des produits frais et de qualité
– Continuez, c’est devenu si rare, surtout un dimanche
– Oui, mais c’est frustrant de voir des gens qui ne font pas la différence avec ce qu’on leur sert dans des restaurants de chaînes, de la bouffe industrielle surgelée ou sous vide

Le comble, c’est qu’en disant cela, il désigne du menton une grande tablée de personnes âgées.

Sur cette chute qui en dit long, salutations.

Triste constat qui, après avoir réduit la quantité, risque de les amener à réduire aussi la qualité.

Des Tripes à la Mode de Caen « transformées en France », ça vous dit ?
Quand à l’origine des tripes, c’est à la mode, même à Caen, plus rien ne sera garanti…

Help, les séniors, les traditions, le terroir, le bon goût…
Ça vous concerne encore !

© PF/Grinçant.com (2013)