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SOS foufoune

Je vis avec elle depuis maintenant près d’un an et demi.

« Vivre » est un terme trop fort pour les circonstances actuelles, car nous faisons chambre à part.

À la moindre occasion elle se montre odieuse, ce qui m’oblige à répondre malgré mon extrême patience.

Nous souffrons tous les deux de cette situation.

Il est tard.

Je songe au passé, aux débuts, à la découverte de nos corps.

Au début, elle était extrêmement pudique, et nous devions faire l’amour dans le noir.

Les volets ne parvenaient cependant pas à arrêter totalement la lumière des lampadaires de la rue, et j’arrivais quand même à voir…

Elle s’en est vite rendu compte et les draps sont venus s’interposer.

Pour faire les choses bien, nous étions condamnés à les faire cachés !

N’étant pas dénué de malice, j’ai trouvé la solution en rampant sous les draps, tentant de rejoindre ma cible…

J’y suis assez souvent parvenu.

Pour le lui faire comprendre, chaque regard était ponctué d’un coup de langue.

Elle trouvait ça bon !

Ses petits cris de jouissance m’encourageaient.

Je m’activais, tel un chat lapant avec avidité un bol de lait.

L’endroit à titiller m’était parfaitement connu et je gagnais à tous les coups.

J’aimais dégager mon chemin à travers sa toison brune, mon seul but étant son cratère chaud et humide.

Sortant, en nage, de dessous les draps, je disais « Ah, quelle est bonne ta foufoune ! ».

Elle trouvait ce mot mignon dans ma bouche.

Et c’est vrai qu’il était mignon, mais moi, j’allais au- delà des mots !

À la moindre occasion, je pensais à cette foufoune, et à sa forêt plus tout à fait vierge…

Très vite, nous avons intellectualisé notre relation, et son visiteur fut qualifié de « foufounet ».

Faire l’amour était vraiment rigolo.

« Mets ton foufounet dans ma foufoune ».

« Ton foufounet est enrhumé ».

« Ta foufoune devient marécageuse ».

« Je vais enfourner mon foufounet dans ta foufoune ».

« Elle est plus étroite aujourd’hui, c’est une foufounette ! »

La vie sans foufoune devenait impossible.

Et elle est devenue impossible puisque sa foufoune m’est maintenant interdite…

Je fantasme, j’envisage de créer un mouvement pour la libération totale des foufounes.

Mon foufounet trouverait bien foufoune à son pied…

Ma foufoune préférée est au dessus, et moi je suis en dessous.

Un plancher, ou un plafond nous sépare.

Pour un foufounet, traverser un plafond, c’est difficile, même pour rejoindre une foufoune !

Je craque, je vais lui dire qu’il me faut à nouveau sa foufoune, coûte que coûte.

À la moindre occasion, je lui lance une allusion.

J’ai droit à un sourire amusé en retour.

Sa foufoune m’est interdite, il y a des bandes jaunes sur ses lèvres rouges.

Une foufoune, une foufoune, je suis fou de foufoune…

Les jours passent.

Les allusions défilent.

La foufoune se défile aussi…

Un week-end, j’ai emmené ma porteuse de foufoune à la plage, dans un cabriolet.

Est-ce l’idée de la décapotable, mais, le soir venu, la foufoune s’est ouverte.

Elle m’a dit « Je vais dormir avec toi ! ».

Le foufounet était fier !

Elle est venue.

Elle s’est déshabillée.

Elle m’a dit « Mon chéri, pour toi, j’ai rasé ma foufoune ! ».

Et je me suis trouvé devant une foufoune ratiboisée !

Et je ne l’envisageais pas sans plumage.

Horreur, malheur.

La toison il me fallait reconstituer, comme dirait tante Suzon.

Un mouvement de recul…

Je me suis précipité vers le tapis de bain, de couleur rouge, et à poils très longs.

Avec mes ciseaux, j’ai découpé habilement une pièce à sa mesure.

J’ai pris mon flacon de gel pour cheveux et j’en ai aspergé le dessous du fragment de tapis.

Fébrilement, j’ai collé mon morceau de tapis, fendu en son milieu, sur sa foufoune adorée.

La laque a fait le reste.

Face à une foufoune rouge, mon foufounet se sent l’âme d’un taureau.

Et en plus, j’ai remporté le Concours Lépine pour l’invention de la perruque pour foufoune…

© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)

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