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Chipie

Une petite boule de poils vient de traverser la pièce.

Silencieusement, comme sur un coussin d’air.

Je suis de passage chez une amie.

Je lui demande ce qu’est cette noirceur sur le sol blanc.

« Chipie, mon lapin nain ! » dit-elle avec fierté.

En fait, une lapine naine.

Elle l’attrape et me montre la bestiole.

Le poil doux, le faciès têtu, la crotte toujours prête à sortir.

Charmante.

À nouveau libre, elle se balade d’une démarche chaloupée.

Dans un coin, sa cage, avec des friandises et un biberon.

Amusante rencontre.

Nous vieillissons tous.

Je me déplace souvent.

Mon amie m’héberge régulièrement.

À chaque fois, je retrouve Chipie et son air insouciant.

Après des journées épuisantes, regarder vivre ce lapin est délassant.

Enfin un être silencieux, inoffensif.

Tous les anges ne sont pas blancs.

Quelques années passent, ponctuées de rêveries devant cet animal.

C’est le jour de l’An.

Le téléphone sonne.

Certainement des vœux de bonheur.

Non, c’est le malheur qui frappe.

« Chipie vient de mourir », m’annonce une voix sanglotante.

Rien à dire.

Ce qu’il faut faire ?

Prendre un lapin blanc…

Car la mort aime être accompagnée de noir !

© PF/Grinçant.com (Projections 1992-1993)

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