Mardi 12 novembre, je suis en quête de produits « traiteur » — des entrées — pour une invitation.
8h05, je traverse le marché principal — les « Halles » — qui est ouvert depuis cinq minutes.
Vous avez dit un « marché » ? Presque tous les étals sont fermés, et pas un client dans les allées !
Je me dirige alors vers la rue où se trouve le meilleur traiteur de la ville.
8h20, toujours une grille devant la porte, alors qu’il est indiqué 8h15 comme heure d’ouverture.
Un gars en tenue de charcutier finit par ouvrir les lieux.
— Bonjour, avez-vous des coquilles Saint-Jacques ?
— Non !
— Des bouchées à la reine ?
— Non !
— De la salade de calamars ?
— Non, ça n’est pas la saison.
— Du pâté en croûte ?
— Non !
— Et en salades, vous avez quoi ?
Il me désigne les récipients loin derrière son comptoir et devant lesquels il n’avait pas encore mis les petites ardoises avec les noms et les prix.
Rien ne me semblait appétissant, alors je me rabats sur le plus simple.
— Vous avez de la piémontaise ?
— OUI !!!
Et me voilà reparti avec une barquette à 13€90 le kilo, le double de celle vendue au rayon « traiteur » de Leclerc.
Frustré, je décide de repasser par le marché, en me disant qu’il serait peut-être plus animé à 8h25.
Et je me retrouve à nouveau devant ce triste spectacle :
Au total, d’ouverts, un poissonnier, un boucher, deux « fromagers », un seul vendeur de fruits et légumes.
Ah, j’oubliais, une « épicerie fine » et… un charcutier !
Et, divine vision, dans son étal, du… pâté en croûte !
Je crois qu’il était à la pintade, histoire de justifier les 38€90 le kilogramme.
J’en demande deux tranches.
En remarquant, à côté, de la piémontaise à 19€90 le kilo.
Je pose alors la question : « Est-ce normal que quasiment tous les étals soient fermés ? »
— Alors, déjà, le mardi n’est pas une grosse journée, et, en plus, nous sommes le lendemain du 11 novembre (un lundi) qui était férié. Par exemple, la volaillère, en face, n’a pas eu d’abattage.
OK pour l’explication.
Mais elle oublie de me dire que le marché est toujours fermé le lundi, ce qui limite l’excuse du 11 novembre.
Je repars avec, dans mon petit sac en lin, ma piémontaise, et maintenant un peu de pâté en croûte.
Pour être honnête, la piémontaise était carrément dégueulasse.
Et le pâté en croûte, lui, était délicieux.
Le tout, avec un arrière-goût de survivalisme dans une ambiance de fin du monde/de pays en crise.
Visuel : « Du pâté en croûte, un luxe qui se mérite en 2024. »
© PF/Grinçant.com (2024)
« Et me voilà reparti avec une barquette à 13€90 le kilo, le double de celle vendue au rayon “traiteur” de Leclerc. » Et en plus elle est dégueulasse. C’est là que l’on devrait pouvoir déguster / goûter pour juger / voir le goût de la marchandise ! Je pense que vous avez répertorié le stand en espérant que le commerçant améliore ses plats pour faire plaisir aux clients et les voir revenir ! Le commerçant risque de fermer sa boutique par l’absence de clientèle qui a été dégoûtée. Mais ce n’est pas avec la clientèle présente qu’il va faire des affaires, à ce que je peux voir des rayons tristement vides.
Un menu ? « Mardi 9 : salade piémontaise, navarin d’agneau local, légumes coucous, fromage, petit suisse sucré/gâteaux secs, nectarine ». Ouest-France, 08/06/2015
La salade piémontaise a été achetée dans un commerce indépendant du marché, et il a « pignon sur rue ».
Clientèle plutôt « bourgeoise » qui doit avoir le goût décadent.
Ce marché est révélateur de l’ambiance, en France, en 2024, et ça en dit long.
Après le billet « Les bananes de la mort » qui ont laissé un goût de pourri dans la bouche, cette salade piémontaise ne rehausse pas le tableau des mets à emporter / à acheter !
Que ce soit des produits naturels ou « fait maison », les aigrefins sont bien présents pour écouler les produits / nourriture au citoyen lambda, n’est-ce-pas ?
Quant au chlordécone, pour les lecteurs qui ne connaissent pas, j’avais appris cela et laissé plusieurs liens dans le billet cité « Les bananes de… »
Cela m’a permis de retrouver des commentaires de Flavien, de La Soupape… Un peu de bonheur dans ce monde de menteurs de nos dirigeants / politiques.
« Cette fois, c’est un commentaire détaillé de près de 900 pages qu’il nous propose. » Études Germaniques, 2014, Gilbert Merlio (Cairn.info)
Le pire, c’est qu’ils s’adaptent probablement à la demande de leur clientèle.
Depuis, j’ai pris de la salade piémontaise au Super U, à moins de 9€90 le kilo, et elle était bien meilleure.