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Vivre trente minutes dans un sac poubelle

Quand l’on m’a répondu au bout du fil, j’étais soulagé !
Ouf, mon salon de coiffure habituel avait bien rouvert !
Il n’avait pas fait faillite suite au confinement.
J’ai pris mon rendez-vous, et ça n’était pas avant cinq jours.
« Venez avec un masque, c’est obligatoire ! »
Je vais enfin retrouver ma coiffeuse préférée.
Et peut-être apprendre des potins d’un quartier où je n’habite plus.

Quinze minutes en avance, je me gare sur la place, face à une agence bancaire.
Et j’attends l’heure dite, dans ma voiture.
Je regarde mon FFP2 en me demandant comment on pourra me coiffer avec ça.
C’est l’heure, je chausse mon masque « bec de canard ».
Et je descends avec l’impression d’aller attaquer la banque juste en face.

Mais non, je rentre bien dans le salon de coiffure.
Les trois coiffeuses sont masquées.
Et avec des tabliers blancs genre toile cirée.
Je n’ai pas le droit de mettre ma sacoche dans l’armoire habituelle.
Non, ce sera au pied d’un portant, près du sol.
Et ma coiffeuse attitrée arrive avec ce qui ressemble fortement à un sac poubelle.
« Vous pouvez enfiler ça ? », me dit-elle en m’aidant.
Il y a un trou pour la tête.
Et je cherche les trous pour passer les bras.
— Ah non Monsieur, il n’y a rien de prévu pour passer les bras !
Puis elle se justifie…
— Nous n’avons que quelques capes en tissu, lavables, et à 13 heures, il ne nous reste que ces capes à usage unique…
Une « cape » ? Ça a la couleur, la texture, la forme et l’odeur d’un sac poubelle bas de gamme !

Shampoing, puis passage dans le fauteuil pour coupe/coiffure.
Je voulais me photographier, mais impossible sans les mains.
Impossible de se gratter le nez ou une oreille.
Condamné à me contempler dans le miroir dans cette tenue ridicule.
— Et le masque, c’est vraiment obligatoire ?
— Oui, il y a des contrôles, et des salons sont fermés s’ils ne respectent pas les règles.
La coiffeuse fait son taf, elle se souvient de mes exigences.

Ouf, c’est fini, elle me sort de mon sac poubelle !
En allant vers la caisse, malicieux, je lui pose une question…
— Vous prenez les espèces, ou c’est uniquement CB en sans contact ?
— Non, bien sûr, nous prenons tout !
Tiens donc, mais ça laisse la possibilité d’un pourboire !
C’était d’ailleurs le sens de ma question, en plus d’une sorte de « solidarité » (comptable).
Et j’ai la bonne surprise de voir que le tarif n’avait pas augmenté, contrairement à d’autres salons.

Bon, je suis à l’air libre, et le masque saute immédiatement.
Je viens de faire une drôle d’expérience.
Et dire que des soignants ont utilisé des sacs poubelles en remplacement de surblouses…
Je mesure d’autant plus à quel point cela a dû être difficile à vivre !

© PF/Grinçant.com (2020)

2 commentaires sur “Vivre trente minutes dans un sac poubelle”

  1. Avatar photo

    C’est devant le coiffeur que tous les êtres humains, du plus riche au plus pauvre, du plus important au plus faible, baissent la tête.

    Et pour votre coiffure, avez-vous trouvé votre couvre-chef ?

    coiffure : Objet fabriqué servant à couvrir la tête (pour abriter, protéger, orner…) : béret, bonnet, calotte, chapeau, coiffe, toque, couronne, diadème, kakochnik, chéchia, fez, keffieh, kippa, tarbouch, turban, bob, bonnet, calot, casque, casquette, chapska, képi, shako, barrette, calotte, chapeau, mitre, tiare, cornette, mortier, toque.

    « Je veux une coiffure, en dépit de la mode,
    Sous qui toute ma tête ait un abri commode. »

    Molière (Jean-Baptiste Poquelin, dit) 1622-1673, l’École des maris, I, 1.

    1. Avatar photo

      Un couvre-chef ?
      Oui, j’en ai un qui me va bien, et je l’ai montré dans ce billet :

      Masque & Couvre-chef
      Une bonne solution pour se protéger de la 5G ?

      Pour l’été, et pour une meilleure aération, j’envisage un entonnoir, qui a aussi l’avantage de laisser sortir la fumée.

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