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Esclaves modernes à domicile et employeurs particuliers

Esclaves modernes à domicile et employeurs particuliersPolitiques, Pôle-Emploi, chroniqueurs/bonimenteurs des médias…
Tous ont une formule magique pour dire qu’il y a plein d’emplois en France.
Des emplois extraordinaires, humains, avec plein d’employeurs.
Cette formule magique, c’est « emploi à domicile ».
Comme si tout individu pouvait avoir son esclave.
Et comme si tout esclave pouvait aussi employer l’un de ses pairs.

Beaucoup de retraités « aisés » peuvent ainsi regarder quelqu’un travailler pour eux.
Remarquez, c’est mieux que de regarder la télé.
Pour leur faciliter la vie, on a même créé en 1993 le « Chèque emploi service universel ».
Beaucoup de riches, voire de très riches peuvent user et abuser de ces emplois.
Pour balader toutou, peigner minou, chasser les moutons…
Pour faire ce qu’ils ne veulent pas faire, ce dont ils se jugent indignes.

Ce serait une aubaine pour les plus miséreux.
Que de leur cirer les pompes ou de laver leur vaisselle.
Et puis, c’est mieux que rien, mieux que de rester chez soi à peigner sa propre girafe.
Aide ménagère, garde malade, aide aux personnes âgées…
Soutien scolaire, garde d’enfant…
Autant de « travailleurs » non syndiqués au service de « particuliers employeurs ».

La plupart des personnes qui travaillent à domicile disent en être fières.
Disent être dans l’humain, faire le bien, rendre service.
Puis, en creusant un petit peu, ça semble être moins joyeux.
Elles en sont souvent arrivées là suite à un accident de parcours, irrémédiable.
Le « faute de mieux » qui devient presque un « must » pour l’assumer.
Une déchéance que l’on annonce du bout des lèvres « Je travaille à domicile ».

Tout cela est bien pratique pour les statistiques de l’emploi.
Et aussi pour Pôle Emploi, dont le portefeuille d’offres en est majoritairement composé.
Deux heures de ménage chez l’acariâtre du coin, c’est une offre d’emploi !
Des officines font d’ailleurs leur beurre en proposant des sous-emplois de ce type.
La règle étant que l’on ne doit jamais atteindre un temps plein.
Mais oublions ces autres « employeurs », et ne parlons que des « particuliers ».

À l’heure où bientôt tous les Français vont devoir opter pour ce type de job tant on les saigne.
Il est bon d’en connaître le profil avant de postuler et de passer une centaine d’entretiens.
En 2013, il y a eu en moyenne 2 millions d’employeurs, pour 530,7 millions d’heures déclarées.
Au dernier trimestre 2013, chaque employeur a en moyenne fait travailler pour 65,2 heures*.
Au taux horaire de 9,5 euros, le salaire net moyen versé par employeur a été de 620,40 euros*.
Bref, c’est peanuts, mais c’est l’avenir pour notre société, vous l’aurez bien compris.

* À interpréter au titre du trimestre, soit seulement 21,7 heures/mois, pour un salaire mensuel versé de 206,8 €.
Ces statistiques ACOSS se gardent bien d’indiquer le nombre de salariés/employés à domicile.
(Chiffres hors assistantes maternelles classées à part)

Et pourtant, cet avenir mirobolant et dérisoire est en déclin.
Même ces sous-emplois sont à la peine, comme tout le reste.
Sur un an, à fin 2013, le nombre de ces employeurs a baissé de 3,2 %.
Le volume des heures déclarées a baissé de 6,1 %.
La masse salariale nette globale a baissé de 5,7 %.
Le salaire moyen déclaré par employeur a baissé de 2,6 %.

On nous bassine maintenant en disant que c’est au profit du travail au noir.
Que les Français ne jouent pas le jeu.
Que les comportements sont asociaux et contraires à l’intérêt commun.

Quand un pays en est à parier sur ce type d’activité économique pour tout relancer.
Quand les politiques disent créer des dynamiques avec ce genre de « solutions ».
Quand l’on impose de manière quasi dictatoriale ce type d’emploi.

On peut se poser une vraie question…
Qui sont les visionnaires qui se battent tant pour être élus ?

Bon, ce soir je suis de corvée de vaisselle…
Mais, manque de bol, ça ne va pas créer d’emploi !

Crédit vignette : The Official Medallion of the British Anti-Slavery Society (1795) par Josiah Wedgwood – Source : British Abolition Movement (Public domain, Wikimedia)
Sources statistiques : Acoss Stat N°189 – Mars 2014

© PF/Grinçant.com (2014)

2 commentaires sur “Esclaves modernes à domicile et employeurs particuliers”

  1. Avatar photo

    Même les emplois « aidés » sont présentés comme un privilège : je me suis vu il y a quelques années refuser l’accès à une offre d’employé communal dans mon propre patelin sous prétexte que je n’étais pas « depuis assez longtemps au chômage ».
    Donc:conseil personnel aux nécessiteux:surtout ne faites preuve d’aucune initiative,sinon,vous risquez de vous faire râler dessus!
    Ps:sauf erreur de ma part,un individu qui bosse plus de huit heures par semaine n’est plus considéré comme un demandeur d’emploi;il faudra un jour qu’on m’explique l’astuce!

    1. Avatar photo

      Oui, l’un de ces effets de seuil totalement ridicule fait pour éradiquer les gens des statistiques du chômage au moindre petit boulot.

      Remarquez, dans les statistiques de ce billet, si l’on considère « un employeur unique » = « un employé unique », c’est-à-dire ne cumulant rien à côté, 65,2 heures par trimestre, ça ne fait que 5 heures de travail par semaine…
      Nous sommes donc même en dessous de ce seuil.
      Pour ces petits emplois, il y a donc forcément cumul de petits boulots pour survivre.

      À raison des classiques 35 heures par semaine, les 2 millions d’employeurs-particuliers n’en représentent plus que 285 0715 à temps plein !
      Et quand l’on voit le niveau de la rémunération, nous venter ces « emplois » est une belle arnaque.

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