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Oh, si vous saviez ! Ou le piège des secrets

Oh, si vous saviez ! Ou le piège des secretsQui ne l’a pas entendue, cette petite phrase-là ?

Qui ne l’a pas dite ?

« Oh, si tu savais tout ce que je sais ! »

Avec un petit air entendu, malin, lourd de sous-entendus.

Mais rien ne sera dit, les secrets seront bien gardés.

Jusqu’au jour où…

  • Combien de salariés en ont poussé, des chariots de viande de cheval ?
  • Combien sont ceux qui ignoraient ce qu’il y avait dans ce minerai ?
  • Combien sont ceux, dans cette chaîne, qui ne savaient réellement rien ?

Jusqu’au jour où le scandale a éclaté.
De la viande de cheval à la place du bœuf.

Un abattoir qui n’abattait plus grand-chose : le « négoce », c’est tellement mieux !
Ça entre sur des palettes, ça ressort sur des palettes.

Et maintenant, c’est la liquidation, tout le monde sur le carreau…

Tout le monde, enfin non, seulement certains.

Spanghero et ses 240 emplois vont à l’abattoir.
Mais pas la maison mère, la coopérative Lur Berri, qui a très vite effacé ce nom devenu infâme du groupe…
Pas la chaîne et ses traders en cascade.

Les secrets sont faits pour être bien gardés.
Ça, on le sait.

Ceux de l’armée, avec sa myriade de généraux aux arrêts (comprenez « au repos »).
Mais c’est normal, c’est la « Grande muette » !

Les pharmacies et leurs petits secrets, à la solde des grands laboratoires, au détriment des patients.
Le monde médical, avec des secrets encore plus gros, qui éclatent régulièrement.

La grande distribution et ses pratiques inavouables et inavouées.
Contre leurs collaborateurs, contre leurs clients.

L’administration, avec ses planqués qui préservent encore plus leurs fesses.
Fermant les yeux sur les abus et passe-droits en se rabattant sur d’autres, beaucoup plus innocents.

« Oh, si vous saviez tout ce que je sais ! »

Une petite phrase qui vous évacue de leur cour des miracles.

Une petite phrase qui les protège, eux, « gardiens du Temple ».

Enfin, croient-ils, jusqu’au moment où…

Jusqu’au moment où les secrets qui les protègent ne valent plus un clou.

Là, ils ne comprennent plus ce qui leur arrive.

Avoir aidé, inconditionnellement…
M’être tu, pendant de si longues années…
Tout ça pour ça, pour être jeté comme une merde !

Forcément, ces « secrets », si bien gardés, font des envieux.
Bien serviles, avec un raisonnement à court terme.

Le patron de Carrefour l’a dit : « Plus on augmente le nombre de personnes qui réfléchissent, plus on s’éloigne de la simplicité recherchée dans notre activité »

Et quoi de mieux que des gens qui ne réfléchissent pas, ou plus du tout, pour garder des secrets ?

Sauf qu’il s’agit d’un piège cynique.
Le monde du secret est exclusif pour son prochain.

Avec ce fonctionnement, les parents excluent leurs enfants, ceux des autres, du monde du travail.

Sauf à en faire des esclaves décérébrés avec un scanner au poignet.
À bosser dans un hangar recyclé en « Drive ».
Pour que d’autres esclaves du système se garent avec leur voiture pour récupérer leurs courses.
Gardant, eux aussi, le secret, en préférant ne pas savoir ce qui se cache derrière.

Tout va bien, jusqu’au jour où une petite bulle se détache de la grosse…
Jusqu’au jour où une filiale se détache avec ses petits secrets.
Et jusqu’au moment, où on la fait éclater, cette petite bulle.

Non, mon ami(e), ce ne sont pas tes secrets que tu protèges, mais leurs secrets.

Mais chut, il ne faut pas le dire !

Crédit photo : CC BY-NC-SA 2.0 par Leo Reynolds (Flickr)

© PF/Grinçant.com (2013)

4 commentaires sur “Oh, si vous saviez ! Ou le piège des secrets”

  1. Avatar photo

    Bien vu ! Sauf qu’avec les médias, les détenteurs des secrets les mieux gardés s’empressent de liquider les petits secrets, ceux qui donnent à manger au petit peuple.

    Je trouve qu’on est bombardés de « révélations », d’envers du décor, par la télé, les journaux, etc

    Du coup, tout devient prétexte à « dénonciation » non ? Les émissions de soi-disante investigation ne révèlent plus rien. « Comment, un vendeur sur les marchés a acheté dans la grande surface du coin ses fromages qu’il présente comme faits à la ferme et sur lesquels il marge 35% ? »

    Eh oui, ça s’appelle le négoce, ça existe depuis la nuit des temps et aujourd’hui tout le monde fait pire sur leboncoin…

    Je pense donc plutôt que les médias jouent le rôle d’assommoir : on nous laisse croire qu’il n’y a plus de secret, qu’on peut tout savoir. Et pendant qu’on se croie malin à déjouer les petites combines de commerçants les plus gros dorment tranquille.

    Si on savait… Mais on fait on sait déjà. Vous l’écrivez d’ailleurs tout au long de ce blog… On sait que l’homme est un loup pour l’homme.

    Finalement, n’est-ce pas tout ce qu’il faut retenir ?

    1. Avatar photo

      « On sait que l’homme est un loup pour l’homme.
      Finalement, n’est-ce pas tout ce qu’il faut retenir ? »

      Si, mais il faut en tirer des conclusions à appliquer dans chaque situation, et trouver un juste milieu.

      Je vais même me permettre de citer la conclusion, plutôt métaphorique, de l’un de mes billets précédents :

      Benjamin PIGEON ne doit plus faire l’autruche.
      Il a probablement une tête de buse.
      Dans cette vie, mieux vaut être vautour ou coucou.
      Le pigeon, c’est bien connu, on lui donne les miettes.
      S’il en reste !

      (Petits meurtres contre l’emploi )

  2. Avatar photo

    Allez, c’est la saison des up ;-)

    « Plus on augmente le nombre de personnes qui réfléchissent, plus on s’éloigne de la simplicité recherchée dans notre activité »

    Je l’adore celle-là !

    Ce patron ne confondrait-il pas son activité avec son chiffre d’affaire, et son bonus ? Là, c’est sûr, il vaut mieux pas trop y penser quand on range des boîtes dans les rayons, ou qu’on scanne les codes barres. Pourtant sans ces activités-là, pas de bonus.

    Tous ces bons à rien, ex premiers de la classe, ou de la lignée, devraient faire un stage dans un kiboutz, un ashram, ou tout autre structure où chacun fait ce qu’il sait faire pour la communauté, sans bonus, sans ségrégation, sans favoritisme, souvent sans bénéfice matériel.

    Évidemment, il faut laisser l’ego au vestiaire, ou à l’incinérateur, dans ces cas-là.

    Quand tout est transparent, les secrets inavouables deviennent les bulles éphémères ;-)

    Pour autant, je ne relativise pas la pratique du chantage à l’emploi au profit des « secrets » à taire, je suis d’accord que c’est une gangrène qui arrange les nuisibles.

    1. Avatar photo

      « Tous ces bons à rien, ex premiers de la classe, ou de la lignée »
      Pourtant, ce gentil garçon (Georges Plassat) n’a pas fait les grandes écoles au sens classique du terme en France.
      « Georges Plassat naît à Bollène, dans le Vaucluse. Il grandit et passe son baccalauréat à Moulins dans l’Allier. Plassat est diplômé de l’école hôtelière de Lausanne et de l’Université Cornell aux États-Unis. Il effectue ses débuts au sein du groupe hôtelier Hilton, puis rejoint la société de restauration collective Eurest en tant que directeur des ventes. » (Wikipédia)
      Le billet d’origine : Grandes entreprises : laissez votre cerveau à l’entrée !

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