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Il y a quoi dans ces saucisses de Savoie ?

Est-ce le porc qui est dans les saucisses Diots ?Oh, des Diots de Savoie !

D’authentiques saucisses savoyardes, à consommer avec un vin local comme l’Apremont ou la Mondeuse.

Et le doute n’est pas permis, elles sont bien de là-bas :

  • Marque « Salaisons du Mont-Blanc » sur fond rouge, avec un chapeau de montagnes.
  • « Diots de Savoie », au-dessus du massif du Mont-Blanc stylisé.
  • « Fabriqué au cœur de la Haute-Savoie », avec l’écusson en plein milieu, pour mieux le souligner.
  • Code emballage commençant par 74… Avec mention « FR », mais aussi « CE ». Normal, la France est en Europe…
  • Nom du fabricant, qui sonne un peu industriel, mais bon, le code postal commence bien par 74…

Diots de Savoie "Salaisons du Mont-Blanc"

À une époque où le bœuf est remplacé par du minerai de cheval, ça fait plaisir de voir de belles saucisses 100 % pur porc (au fait, ça n’est pas écrit).

En plus, dans le coin, il y a des élevages de porcs « fermiers », comme la Ferme du Follon à Copponex (74), ou « des cochons dans les prés », chez Marin Lamellet Karen à Venthon (73).

Bref, le terroir !

Malheureusement, ces diots ne sont pas faits de ces bêtes-là…

L’étiquette, au dos, nous fait vite retomber sur terre :

Composition Diots de Savoie "Salaisons du Mont-Blanc"

Écrit en tout petit :

Ingrédients : viande de porc (94 %)
Conservateurs : E250, E300, E301, E252, sel
Lactose, épices, dextrose, plante aromatique
Colorant : E120, arômes naturels
Boyau naturel.Porc origine France

Comprenez, par cette dernière ligne, que seul le boyau, élément hautement sensible, vient d’un porc « élevé » en France (dans les prés ?).

De quoi vous couper l’appétit en cette époque torturée.

Et qu’y a-t-il comme morceaux dans ce « hachis » de porc ? Du « minerai » ?

Et d’où viennent ces morceaux ?

Une fois de plus, le packaging est totalement trompeur.

Et ce qui est grave, c’est que cela nuit gravement à l’intérêt régional, car la tradition est tout, sauf respectée.

Voilà une vulgaire saucisse industrielle qualifiée de « Diot » pour faire bien et pour la vendre plus cher.

Seuls quelques % viennent de France, et pourtant le code-barre du produit commence par « 3 » pour « France ».

En creusant bien, c’est une société qui fait partie de la nébuleuse du Groupe BIGARD qui fabrique ces choses…

Bref, voilà des Diots de Savoie seulement « transformés » en France.

Et la publicité qui va avec pour nous le confirmer (et pas de mention « VPF ») : « Fabriqués au cœur de la Haute-Savoie ces diots vous permettront de réaliser des plats régionaux typiques pour mettre vos papilles en éveil. » 4 diots de Savoie (1) Transformés en France

Publicité catalogue pour ces "Diots de Savoie" des "Salaisons du Mont-blanc"

Décidément, on nous prend toujours et encore pour des iDiots !

 

PS du 27/02/2013 : Sur une autre page du même catalogue, il y a une mention « VPF » plus rassurante (quoique, même avec ça, on a vu ce qu’il en était) pour un produit similaire (des saucisses de Montbéliard)…

Saucisses de Montbéliard avec mention VPF (Viande de Porc Française)

Crédit photo : Flickr CC BY-NC-ND 2.0 par Bollilaurent
+ © PF/Grinçant.com (2013) & les marques, les saucisses et leurs concédants, d’où qu’ils viennent

© PF/Grinçant.com (2013)

Billets en rapport :

23 commentaires sur “Il y a quoi dans ces saucisses de Savoie ?”

  1. Avatar photo

    Précisions sur ce billet, fournies par commentaire sur le site de Libération :

    Diot de Savoie:

    viande de porc (94%)
    Conservateurs : E250, E300, E301, E252, sel
    Lactose, épices, dextrose, plante aromatique
    Colorant : E120, arômes naturels
    Boyau naturel : porc origine France

    E250 : nitrite de sodium (poison, mais aussi conservateur possiblement cancérigène)
    E300 : vitamine C (acide ascorbique, antioxydant)
    E301 : ascorbate de sodium (base conjuguée, pour neutraliser l’acidité de la vitamine C)
    E252 : nitrate de potassium (salpêtre, toxique)
    E120 : Acide carminique (colorant rouge carmin, allergène et soupçonné d’être un facteur d’hyperactivité chez l’enfant)
    sel : chlorure de sodium (toxique à haute dose)
    lactose : sucre du lait
    dextrose : autre nom du glucose (pas de danger, sauf chez les diabétiques)
    épices, plantes aromatiques, arômes naturels : termes pour noyer le poisson
    viande de porc: bouillie nourrie avec des tourteaux de soja et bientôt des tourteaux de poulet.
    Boyau naturel: morceau de côlon ayant accueilli des excréments (avec tout pleins de germes) par le passé.

    Bon appétit.

    PS: Avec tout ce sodium, les cardiaques n’ont qu’à bien se tenir ! Heureusement quand même que les arômes sont naturels !

    Lien : liberation.fr/monlibe/comments/tree/2181793/#c7931543
    (Edit du 10/09/2013, article et commentaires effacés)

    No comment !

  2. Avatar photo

    Moi je lis: « Boyau Naturel . Porc origine France ». Et vu que les ingrédients doivent être mis par ordre décroissant de masse (me semble-t-il), je pense que ce sont des mentions séparées des ingrédients eux-mêmes. Du coup, le « porc origine France » se réfère probablement à tout le porc.

    À part ça, je ne vois pas le rapport entre « origine France » et le fait que cela ne soit pas du minerai infâme :)

    1. Avatar photo

      Justement, cette mention aurait dû apparaître après la première ligne, derrière « Viande de porc (94 %) »…
      Et comme le moindre détail est fait pour nous entourlouper…

      D’ailleurs, ce produit figurait sur un catalogue publicitaire, et le renvoi amène bien à la mention « Transformés en France ».
      Cet élément sera probablement ajouté à l’article.

      Cordialement.

    1. Avatar photo

      Il n’est pas écrit « charcuterie artisanale » dans le billet, et personne n’est dupe sur le caractère industriel de la chose.
      Mais « industriel » ne devrait pas signifier « grand n’importe quoi » comme c’est le cas ici.

      Quant au prix, 6,92 €, ça n’est pas si donné que ça…
      Voici un extrait d’une offre en cours (du 26/02 au 04/03/2013) chez Carrefour, des saucisses de Toulouse, biens spécifiées VPF/France, à 4,90 € le kilo :
      Saucisses de Toulouse VPF Carrefour

      Cordialement.

  3. Avatar photo

    Bonjour,
    Je trouve dommage de vouloir alerter le consommateur sur certaines dérives… et de ne pas être mieux renseigné !
    Je partage l’avis de Jean-Marc concernant la mention sur l’origine du porc… de plus, quel intérêt cela aurait de mentionner l’origine géographique des boyaux ??? L’absence du logo VPF ne veut pas dire que le porc ne vient pas de France : il s’agit d’une démarche volontaire, contrôlée par un organisme certificateur… et donc payante. Si tous les produits avec VPF ne contiennent bien que du porc français, ceux qui ne portent pas ce logo n’utilisent pas forcément du porc étranger. Et qui dit porc français ne dit pas viande de meilleure qualité…
    Le commentaire en provenance de Libération qui nous rappelle que le boyau est un morceau de colon… préférez-vous un boyau cellulosique donc artificiel ? croyez-vous que les produits dits artisanaux sont embossés dans autre chose que du boyau naturel ?
    Si l’ajout d’autant d’additifs est contestable, elle permet (malheureusement) de répondre à certaines demandes des consommateurs… la durée de conservation des produits est souvent un critère important dans l’achat. L’ajout d’un colorant pour que la chair reste bien rose répond bien malheureusement à la préférence de certains consommateurs pour des saucisses roses… et pas grises comme les saucisses sans colorant.
    Il ne faut pas attendre un niveau de qualité identique pour tous les produits alimentaires. Travailler des matières premières plus qualitatives a un prix. Etes-vous prêts à payer ce prix ? si oui, dans ce cas orientez-vous vers des produits dont la qualité est encadrée et contrôlée. Les saucisses Label Rouge n’ont pas de colorant par exemple… (mais pas de Diots Label Rouge à ma connaissance). Ou du moins, référez-vous à la mention « qualité supérieure » qui vous prémunira de certains excès d’additifs (et à une qualité de viande meilleure, avec un C/P plus bas… et vous garantira l’utilisation d’un boyau naturel, et non d’un ersatz en plastique).
    Enfin, tout industriel qu’est le fabricant de ces diots, il est soumis, comme l’est un artisan, au Code des Usages de la Charcuterie qui définit très clairement ce que sont les diots, et quels ingrédients peuvent entrer dans leur composition.
    Voilà, c’était pour faire court car il y aurait encore bien d’autres choses à dire… et ce n’est que mon avis.

    1. Avatar photo

      Bonjour,

      En vous remerciant tout d’abord pour votre commentaire.

      Le but ici est d’alerter et non de « renseigner » de manière exhaustive.

      Les « Diots de Savoie » sont pris en exemple, avec visuels à l’appui, car le fabricant joue sur la corde « produit local », alors qu’il ne s’agit, presque, que de vulgaires chipolatas.
      On peut considérer que le consommateur est trompé et que, de plus, cela donne une mauvaise image des véritables diots.
      Effectivement, il n’y a pas de Label Rouge, donc ils jouent là-dessus…

      Concernant l’origine de la viande, il faut hélas considérer qu’en l’absence d’informations précises, c’est le plus défavorable qui est servi.
      Donc, s’il n’est pas mentionné « Porc français », c’est que le porc n’est pas français.
      Par contre, s’il est marqué « Français » sur la ligne du boyau, il est probable que seul le boyau soit français.

      Pour le « VPF », qui est une démarche volontaire, ne pas y recourir est donc… volontaire !
      Le consommateur peut donc tout supposer.
      Dans le cas de ce produit, il est « transformé » en Savoie, mais le siège social du fabricant est… en Bretagne !
      Ce fabricant fait lui-même partie du groupe Bigard. Il est évident qu’un tel groupe a les moyens de recourir au « VPF » s’il y trouve un intérêt.
      L’exemple des saucisses de Montbéliard, en fin d’article, est là pour démontrer qu’ils savent utiliser le logo VPF quand ils le souhaitent.

      Pour finir, et par rapport au commentaire fait sur ce billet sur le site de Libération, on peut se demander si, au point où cela nous mène, il ne serait pas logique de trouver du boyau synthétique…

      Cordialement.

      1. Avatar photo

        Bonjour. Je faisait une recherche sur les diots et je suis tombé sur votre site. C’est fort dommage que par manque d’information vous fassiez preuve d’erreurs de jugements pouvant porter préjudice au fabriquant. Même si cela date je me permets de réagir.
        1) considerer ce fabriquant comme un villain industriel alors que le packaging indique un produit local : vous êtes-vous renseigné sur l’usine de fabrication ? Il s’agit effectivement d’une unité appartenant à un grand groupe mais en l’occurrence le site est à dimension humaine d’une PME (<100 salariés) et fabrique ces produits dans le respect de la tradition locale.
        2) l’origine de la matière première. Votre analyse illustre bien la difficulté de l’étiquetage alimentaire. La réglementation impose l’étiquetage de l’origine de la matière porc dans l’ensemble des produits alimentaire. Le origine France ici concerne bien l’ensemble des fractions porc du produit : viande + boyau. Sinon il serait indiqué, par exemple : viande de porc origine UE (cf Knackies). Cette mention a ete placée en fin de déclaration pour gagner de la place et éviter les redondances viande / boyau. Si vous recherchez les étiquettes actuelles de ce produit, vous verrez un logo « Le Porc Français ».
        C’est bien de faire un site de veille sur les produits alimentaires, mais avoir quelques notions de réglementations permet d’éviter les erreurs grossières.

  4. Avatar photo

    Je sors juste du visionnage du doc « Une vie de cochon » relégué à 22h40 mardi soir sur France 2.

    Une très belle enquête, courageuse, et pénible. Il faut s’accrocher…

    Le commentaire ci-dessus reproduit évidemment les éléments de langage de la filière, c’est pitoyable.

    La réalité est terrible, pour les bêtes, et tout l’esclavage que cet élevage imposé dans sa forme intensive provoque, en particulier en Bretagne. La souffrance domine dans les élevages, les abattoirs, les bêtes, les hommes, et les femmes, tout ça pour quoi ? du minerai de cochon !

    2 morceaux choisis, si j’ose dire, la stupéfaction de l’ingénieure biologique chargée des analyses d’ADN de 4 échantillons, dont 2 (sur 3) de la grande distribution contiennent plus de 3 individus dans la même tranche. En voilà une qui va faire ses courses différemment. Puis, une incursion rapide dans un élevage artisanal avec des porcs pas roses, pas sélectionnés génétiquement, pas charcutés, qui fouinent dans le sol, se roulent dans la boue, et s’ébattent dans un petit champ sous l’oeil bienveillant de l’éleveuse qui consolide son activité.

    Enfin, je cite Périco Légasse du Magazine Marianne, invité avec la réalisatrice du documentaire dans l’émission C à vous de mardi soir, en écho au passage du doc où on voit les truies dans des cages : « Ce sont nous, les consommateurs qu’on a mis dans des cages ! »

    1. Avatar photo

      J’ai pris l’habitude d’acheter des rouelles.
      Normalement une tranche provient d’une bête unique ;-)
      Rouelle de porc
      (Photo/recette)
      Mais est-ce vraiment sûr ?

      PS : Je n’ai pas eu le courage de regarder ce reportage, saturé que j’étais par les politiques en daube.
      Pour ceux/celles qui veulent voir : https://www.youtube.com/watch?v=hTDdhmCcA5o

      Édit 15/01/2017-17h40 : Vidéo X2qhC9JhNrI supprimée sur YouTube, remplacée par hTDdhmCcA5o.

      1. Avatar photo

        C’est malin, une image pareille en plein marasme, qui réconcilie avec la vie, le temps de remercier le cochon, et le (la) cuistot ;-)

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          Justement, en plein marasme, j’ai trouvé ça hier :

          Jambon, rouelle de porc à rotir à 3,10 €/Kg

          1,4 kg à pour 4,32 €.
          Porc « français », il n’est par contre pas dit s’il est breton, industriel ou d’appartement, abattu en Allemagne par des Polonais.
          Cela dit, une fois cuisiné, pas aussi parfait que sur la photo, mais excellent quand même ;-)

          PS : Et c’est vraiment autre chose que du jambon saumuré fait au moins avec 3 bestiaux différents.

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        Oui, il semblerait que les tranches de « jambon » soient assemblées/reconstituées à partir d’au moins 3 porcs différents.
        Une sorte de bunga bunga à l’abattoir ou dans les ateliers du « transformateur ».

        1. Avatar photo

          Oui, c’est ça, au moins 3 individus, sans doute plus, la biologiste a expliqué l complexité de la mesure quand c’est du mélange.

          On le voit sur la tranche elle-même, des zones différentes en couleur et textures.

          Rien à voir avec la rouelle mitonnée par PF :-)

    1. Avatar photo

      Par contre, évitez le saucisson d’âne…

      Il paraît que ce ne sont pas des bêtes du coin, mais surgelées des pays de l’Est.
      En attendant d’y mettre des élus locaux, ou du continent.

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        Il n’y a pas que le saucisson d’âne qui n’est pas Corse mais toutes les charcuteries sont faites avec du bétail d’importation.
        Vous ne pensiez quand même pas que la Corse était capable de fournir autant de tonnes de Coppa ???
        le paradoxe, c’est que la baisse du nombre de chasseurs implique une quantité croissante de dégradations dues aux cochons sauvages…
        Chaque chasse de mes voisins et amis donne cinq voir six ou plus bêtes abattues !
        Mais quand on connait, on peu avoir de la vraie charcuterie Corse. pas vraiment compliqué, il suffit de réserver chez le producteur d’une année sur l’autre…
        Ne croyez pas qu’il y ai de quoi faire bombance… le quota par famille est de 2 coppa, 4 ou 5 saucissons, du lonzo et quelques figatelles…
        pourtant, pour le saucisson d’âne il y a de la matière première ici comme ailleurs…
        On peut toujours demander aux anciens si il accepteraient de l’importation pour rendre service…

          1. Avatar photo

            Ça n’est pas moi, ni Mpil, qui prétendons produire/vendre du saucisson d’âne du « terroir », mais les Corses eux-mêmes…
            Et il semblerait que celui dont nous parlons (du moins la viande d’ânes), vendus aux « touristes », vienne des pays… de l’Est !

            1. Avatar photo

              Une chose est sure :
              Il y a plus d’ânes pour acheter ces saucissons, que de viande d’âne dans le produit supposé en contenir ;-)

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