Début d’une nouvelle année, je décide de me faire rafraichir la tignasse.
J’entre un peu en avance dans le salon de coiffure, c’est un « mixte ».
Ma coiffeuse habituelle est seule, et elle termine une cliente.
J’ai mes habitudes, je m’installe dans le coin d’attente.
Et je me demande quel sera mon choix pour des « extensions »…
L’année s’annonce joyeuse, donc autant mettre de la couleur !
C’est mon tour, je passe dans la zone shampouinage…
Alors qu’elle me masse le cuir chevelu, elle est interrompue par la sonnette de la porte.
Elle m’abandonne en s’excusant, et commence une discussion.
C’est un homme qui parle, mais je ne le vois pas :
— Est-ce que vous pourriez me raser pour 5 euros ?
— Ah non, monsieur, ici c’est dans le cadre d’un forfait, avec une coupe…
— Vous ne pouvez vraiment pas, je suis à la rue, et je n’ai que 5 euros ?
— Non, hélas, c’est impossible, voyez plus loin, il y a un coiffeur « Homme » qui fait des coupes à 10 euros…
L’homme repart en remerciant et en souhaitant une bonne soirée.
Elle revient s’occuper de moi.
— C’était un SDF ?
— Il a dit être à la rue, mais je ne pouvais accepter, ça n’est pas mon salon, et après, s’ils se passent le mot…
Fauteuil « coupe », nous entamons une nouvelle discussion…
— J’ai vu qu’une femme avait sauté du dixième étage d’une tour voisine, un peu avant Noël…
— Oui, elle était cliente. Son arrêt maladie de longue durée se terminait, et elle ne retrouvait pas de travail.
Il en faut, du courage, pour faire ça !
— Elle a sauté de devant, ou de derrière l’immeuble ?
— Non, du côté…
Donc elle a opté pour une petite fenêtre et non un balcon… Une belle façon aussi de ne pas atterrir sur quelqu’un !
C’est fou ce que le temps passe vite à papoter chez la coiffeuse !
Et comme j’ai pu payer avec une carte bancaire, en lui laissant un pourboire, j’ai même eu un petit cadeau :
Un mètre, serait-ce pour mesurer la repousse de mes cheveux ?
© PF/Grinçant.com (2020)