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Un bout de pain contre votre carte de fidélité

Un bout de pain contre votre carte de fidélitéMe tendant le morceau de pain Lemaire qu’elle vient de couper…
– Vous avez la carte de fidélité ?
– Non-mademoiselle, et je n’en veux pas.
– Vous avez tort, vous auriez eu un morceau de pain gratuit, depuis le temps !

Oh la bougresse, elle n’est pas méchante, mais elle vient de dire une belle connerie.

OK, ce n’est qu’une simple vendeuse, pas encore remplacée par un automate à la mode.
OK, c’est sa patronne qui est en cause, elle ne fait qu’exécuter.

Mais franchement, nous sommes là dans une boulangerie de quartier.
Avec une clientèle régulière, fidèle.
Des visages que l’on connaît, et même des noms que l’on entend.
Des clients sympas, qui acceptent de faire la queue sur le trottoir aux heures de pointe.
Des gens tolérants, qui acceptent aussi de payer au prix fort des viennoiseries décongelées.

Et maintenant, on se prend pour l’hyper du coin !
À appliquer les mêmes recettes commerciales faisandées.

Non mais, une carte de fidélité !
Comme si la fidélité se mesurait au nombre de coups de tampon.

Madame la Boulangère de quartier, vos clients ne sont-ils que des cartes ?
Avez-vous besoin de compter leurs achats pour leur offrir un bout de pain, un croissant ?
Trouvez-vous normal de vendre plus cher pour redonner un peu à vos « fidèles » encartés ?
Ne pensez-vous pas qu’il s’agit là d’une grave erreur de communication, de marketing ?
Ne détruisez-vous pas ce qui reste, encore un peu, du commerce de proximité, l’humanité ?
Êtes-vous un club fermé, une association, un syndicat, avec les adhérents et les autres ?

Oui Madame la Boulangère, je refuse votre carte, et je paye donc mon pain au prix (très) fort.

Et comme si cela ne suffisait pas, presque à chaque visite, on m’interroge…
– Avez-vous la carte ?
– Vous ne voulez pas la carte ?
– Vous ne seriez pas mieux avec la carte ?

Mais pourquoi vous serais-je fidèle ?
Quand vous êtes fermée, je fais quoi ?
Quand vous n’avez pas fait assez de pain, je vais où ?

Remarquez, je comprends qu’il faille fidéliser…

Quand vos donuts, vos cookies, de bon matin, suintent la décongélation…
Quand votre pain, curieusement, n’est jamais chaud ni même tiède…
Quand on vous livre vos crêpes « maison » en pile, dans un sac en plastique, avec une facture…
Quand votre mari de boulanger se balade en voiture de grand luxe, de m’as-tu-vu, comme pour narguer…

L’impression est la même que dans une grande surface.
Où les prix sont augmentés pour vous restituer une « remise » de fidélité.

C’est ce que l’on appelle couramment de la remise arrière.
De l’argent que vous prenez, que vous volez, pour éventuellement le redonner.

Donc, non madame, je n’en veux pas de votre carte.

Je souhaiterais simplement que votre pain soit meilleur.
Que vos pâtisseries soient réellement fabriquées chez vous.
Que vos tarifs soient raisonnables pour du pain, du simple pain.

Et Madame, si vous voulez faire plaisir, faites un cadeau naturel, spontané, à vos clients.

Par contre, Madame la Boulangère, si vous faites l’amour avec votre Boulanger…
N’oubliez pas de tamponner vos deux cartes de fidélité !

Crédit photo : © PF/Grinçant.com (2013)

© PF/Grinçant.com (2013)

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16 commentaires sur “Un bout de pain contre votre carte de fidélité”

    1. Avatar photo

      Ici, les billets sont rarement à prendre au premier degré ;-)

      Mais je vous rassure, dans l’un des hypermarchés du coin, c’est la même sérénade (« Avez-vous la carte du magasin, la voulez-vous ? ») à chaque passage à une caisse humaine !
      Cela dit, on y trouve du pain bio 40 % moins cher…

  1. Avatar photo

    Paradoxe actuel : je passe prendre mon pain presque tout les soirs dans un supermarché du coin.
    (détour: 200 mètres)
    alors que j’ai juste à m’arrêter sur mon chemin pour le prendre dans une boulangerie.
    Hé bien oui, tout simplement le pain est meilleur et moins cher dans le supermarché !
    incroyable, non ?

    1. Avatar photo

      Très souvent exact.
      Oui paradoxe.

      Et ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est qu’il y a encore beaucoup de boulangeries (qui déconnent sec avec ce qui est écrit dans le billet, mais aussi avec la mode des automates) alors qu’il y a du pain dans toutes les petites/moyennes/grandes surfaces à un prix souvent inférieur.
      Même dans certains Lidl il y a des baguettes potables cuites toute la journée (surgelées/terminal de cuisson) au tiers du prix.
      À croire que les Français ont augmenté leur consommation de pain, malgré un prix exagéré.
      (Même les Paniers de Yoplait coûtent moins cher au kilo)

      PS : La marge des boulangers est considérable. Le pain bio (plutôt bon et qui tient 4/5 jours) de l’hypermarché dont je parle dans mon précédent commentaire était récemment en promo à 2,875 € le kilo, soit 56 % moins cher que chez le boulanger du billet…
      D’ailleurs c’est le pain en illustration.

  2. Avatar photo

    Je reviens sur une partie du sujet. Un peu plus de temps disponible ce soir !
    Je crois avoir déjà abordé ici-même le problème ses viennoiseries surgelées chez les « maîtres artisans » comme ils aiment se faire appeler maintenant.
    je suis un adepte de longue date du croissant frais au beurre, au vrai beurre qui poisse bien les doigts.
    Il me fallait mes croissants au minimum le dimanche matin, rituel incontournable.
    C’est terminé depuis des années, plus une seule boulangerie dans un rayon de X kms , du plus petit patelin à la grand ville, ne fait ses croissants lui même. trop cher à faire !
    il est sur que vendre un surgelé au même prix que le fait maison il y a peu, c’est rentable !
    Mais ce n’est que du court terme. je ne mange plus de croissants… donc rentabilité du surgelé dans mon cas = 0.

    1. Avatar photo

      Pour eux, tout devient trop cher à faire !
      Dans le cas des donuts dont je parle, même les gouttelettes ne les dérangent pas pour la mise en vitrine : lamentable !
      Et les gens achètent ;-(

  3. Avatar photo

    Complètement d’accord. C’est triste de voir que même les petits prennent cette direction… À croire que la seule solution restante est de tout faire soi-même… Éventuellement avec des machines faites-maison qui fabriquent automatiquement ce qu’on veut… Un peu comme la NASA qui veut imprimer de la nourriture avec une imprimante 3D standard.

    1. Avatar photo

      D’autant que le pain fait dans une machine à pétrir à moins de 100 euros n’est pas si mal et tient la route face à bien des boulangeries dites « artisanales »…
      Et au moins, on sait ce que l’on met dedans, et l’on peut varier.

      Au fait, j’ai vu une « boulangerie » qui s’est implantée dans un centre commercial, et qui ne fait que des pains un peu « spéciaux ».
      Dont un aux… Kiwis !
      Prix supérieur à 15 euros/kilo.
      Le « fournil », derrière la vitrine, n’est là que pour la déco, idem pour le mec qui fait semblant de malaxer un bout de pâte.

  4. Avatar photo

    Les cartes de fidélité, c’est typiquement l’application du principe marketing selon lequel « un avantage profite d’abord à celui qui l’accorde ». Mais force est de constater que, sauf exception parmi des consommateurs éclairés comme sur ce blog, ça marche assez bien, encore que selon les sources, un bon quart sinon tiers des cartes de fidélité dorment dans les portefeuilles et ne sont guères utilisées. Or elles représentent un coût d’émission et de gestion assez élevé. Je ne parle pas ici de la carte de fidélité « artisanale » qui se résume à un bout de carton avec un tampon à chaque passage, mais de la carte avec piste magnétique et/ou code-barre permettant l’identification parfaite du client et le suivi de ses habitudes de consommation (cf. les grandes surfaces ; c’est d’ailleurs si important pour elles de suivre leurs clients qu’elles versent des primes à leurs caissiers/caissières quand elles en placent une nouvelle). La fidélisation du client n’est d’ailleurs qu’un prétexte car quand tout le monde fidélise avec des remises (apparentes) rétrocédées, il n’y a plus aucun avantage concurrentiel. Ce qui est important c’est de savoir ce que consomme le client. Et comme ça coûte cher pour obtenir l’information à grande échelle, il n’y a pas de secret, ça va lui être refacturé sous une forme ou une autre ou ça va servir à faire pression sur les fournisseurs, ce qui revient au bout du bout au même.

    Pour revenir à la boulangerie de quartier, un autre irritant : « et avec ceci ? » (ceci étant souvent l’unique pain quotidien).

    Un jour une amie a pris cette solicitation au mot : « Euh, eh bien avec ceci je ne sais pas, là ce gâteau c’est quoi exactement, qu’est ce qu’ili y a dedans, et celui-ci et encore celui-ci ? Et la boîte de chocolats là, y’en a combien dedans ? Et ça fait combien au kilo alors ? ». Pour conclure au bout de longs instants à l’heure de pointe (devant des clients indisposés mais hilares quand même) : « Non, rien d’autre. Merci, ça ira comme ça ». Je vous l’assure : ni la patronne, ni la vendeuse ne lui ont plus jamais refait le coup du « avec ceci ? ».

    1. Avatar photo

      En fait, il s’agit d’une augmentation généralisée et systématique (5 à 10 % minimum) des prix pour financer leur système.
      Ensuite, il y a remise arrière sur une minorité de clients qui font partie du cercle « carte de fidélité ».
      En plus, c’est exclusif, car certaines « promos » leur sont réservées (stratégie qui génère de l’amertume chez ceux qui ne veulent pas de la carte).

      Cela crée une inégalité entre les clients, les uns finançant les autres en payant encore plus cher in fine.

      Là où c’est hallucinant, c’est la réponse fréquente à la question « Vous avez 20 € sur la carte, vous les prenez ? » :
      – Non non, laissez-les sur la carte !
      Comme si cet argent était une aubaine, plus en sécurité sur les comptes du magasin (qui le fait fructifier) que dans sa propre poche.

      Sans parler des points/crédits/euros qui tombent en déchéance (gardés par le magasin) du fait d’une date limite systématique et qui restent dans la poche du commerçant.
      Sans parler des personnes hospitalisées, et surtout de celles qui décèdent… Cet héritage-là reste dans la poche de l’enseigne ou du magasin !

      Il serait tellement plus simple de pratiquer les justes prix et de rendre les clients fidèles en étant simplement un vrai bon commerçant.

      Pour le « Et avec ceci ? », il y a le « Ce sera tout ? », que je trouve encore plus méprisant, car cela sous-entend « Ça n’est pas assez ».

  5. Avatar photo

    Allez, juste un petit bémol à ce billet :
    Ne dites pas « Quand vous êtes fermée, je fais quoi ? » à votre boulangère.

    Un jour, arrivant à une caisse de supermarché sans aucune file d’attente, j’ai distraitement dit à la jolie caissière « Vous êtes ouverte ? » et elle m’a répondu, avec un sourire fatigué, « Moi non, mais ma caisse, oui ». Je n’ai pu que m’excuser :-)

      1. Avatar photo

        Moi c’était lors de l’achat d’un rose pour ma dulcinée, comme j’aime bien le faire régulièrement. L’apprentie, toute mignonne, me demandant en l’emballant : « Je vous coupe la queue ? »
        Et moi de répondre : « La mienne non , la rose oui … »

        1. Avatar photo

          Comme quoi, Messieurs, si vous sortez avec une fleuriste, vérifiez bien qu’il ne vous manque rien le lendemain matin  !

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