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Que voulez-vous, il y a de la demande !

Phrase entendue à la télé, voilà longtemps, au moment de l’implantation des enseignes « low cost ».

Mais, en fait, le phénomène date de bien avant.

Il était question de poulet.

Vous savez, de ces bestioles qui ne ressemblent à rien.

Du poussin vieilli, dans des conditions lamentables, industrielles.

Le résultat est attendu, une fois cuit dans une cocotte (normal pour un poulet), ou au four…

… l’os du pilon vient tout seul, les muscles n’ayant même pas eu le temps de s’y attacher.

À côté, un poulet de 81 jours est une merveille, et ne parlons pas de la reine de Bresse.

Pourquoi y a-t-il une demande pour ces créations de l’industrie agroalimentaire ?

Parce que ce n’est pas cher ! Enfin, c’est ce que l’on nous dit, car c’est trop cher pour ce que c’est.

En fait, il n’y avait pas de demande.

La demande a été créée !

On appauvrit les gens, et ensuite on les sauve en créant des sous-produits.

Des choses que personne n’achèterait si les revenus étaient suffisants.

Quel est l’intérêt de produire deux bêtes d’un kilo, alors que l’on peut en faire une, presque normale, de deux kilos ?

C’est le turnover, un meilleur taux d’occupation des centimètres carrés dans le temps…

… et dans les cages, vous savez, celles qui ne sont toujours pas aux dernières normes européennes, pourtant pas très récentes.

Un jeune, à Paris, est heureux de louer un « appartement » de 9 m².

Ben, c’est pareil pour la poule, une feuille A4, c’est grandement suffisant !

Notre époque est merveilleuse.

Nous voyons des gens, en usine, qui au bout de 20 ans ne touchent qu’à peine plus du SMIC.

Des commerciaux sont recrutés sans minimum garanti. « Un commercial doit avoir faim », comme ils disent.

Des enseignants sont payés à la vacation.

Les licenciés, avec ou sans diplômes, se reproduisent à leur insu.

Et ne parlons pas de ceux qui sont au RSA.

Eh oui, mon pauvre Monsieur, il y a de la demande, et même de plus en plus !

Cela vaut pour les poulets, mais pour plein d’autres choses.

Mais ça n’est pas grave…

C’est bientôt dimanche, la famille sera réunie…

Les choses seront faites en grand.

Il y aura un « poulet » pour 6, avec de la ratatouille en boîte, aussi « premier prix ».

Pas besoin d’assaisonnement, il y a déjà ce qu’il faut…

… des antibiotiques et du bisphénol !

© PF/Grinçant.com (2012)

1 commentaire pour “Que voulez-vous, il y a de la demande !”

  1. Avatar photo

    C’est hélas bien triste mais il en est ainsi. Sans parler de la surproduction qui pousse les supermarchés à jeter de 40% à 60% de leur lot, régulièrement. Tous ces pauvres poulets qui ont été bien appauvris parce qu’il y a de la « demande » finissent à la décharge, c’est pour cela que cela compte peu, il n’y a que le chiffre qui compte. Donc on finit par manger ce qui est bon à jeter en quelque sorte. Et puis on parle de pollution, surpopulation, etc.. Il y a du chiffre d’affaires là-dedans, et les gens sont devenus du bétail.

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