Vais-je pouvoir remplir tous ces tubes ?

Hier matin, 7h35, je suis son premier patient, à cette pauvre infirmière.
Nouvelle dans le service, j’essaie de la détendre.
Elle a vu mon patch sur le dos de ma main droite.
Elle sait qu’il faudra me « piquer » là.
Je lui donne pas moins de cinq ordonnances.
Une « principale », et quatre complémentaires.
J’adore les chiffres, alors autant en rajouter.
Nous passons d’abord par les formalités administratives.
Et ça lui permet de pointer les tubes qu’elle doit remplir.
Puis je m’installe dans ce fameux fauteuil.
Celui avec des accoudoirs réglables.
Et même un support pour les jambes que l’on ne me remonte jamais.
Un peu haut, mes pieds ne touchent même pas le sol.
Et elle ouvre son tiroir à tubes…
Plein de couleurs différentes pour les bouchons, selon les réactifs et analyses.
« Quoi, vous allez remplir tout ça ? »
Elle sourit, et n’en choisit soigneusement que sept.
Elle me demande d’enlever mon patch.
Puis elle me pose un garrot sur le bras.
Elle choisit un « bleu », pour le cathéter.
Le plus « fin », celui pour bébé.
Puis elle me demande de bien respirer, car elle va m’enfiler.
Je parle de l’aiguille, bien sûr.
J’ai le poing serré, pour que ma veine soit bien apparente…
Elle pique, mais je sens l’angoisse monter.
Plus chez elle que chez moi.
Mais je sais ce qu’elle va faire…
Ça ne veut pas couler, donc elle « cherche » la veine…
En gros, elle trifouille, de l’intérieur…
Au bout de dix minutes, elle dit : « Ça y est, ça coule, mais pas beaucoup ! »
Et elle met les tubes remplis sur un plateau métallique, un à un, lentement.
Avant, enfin, de m’enlever le cathéter, puis le garrot.
Pendant tout ce temps de torture, nous avons même discuté de choses et d’autres.
C’est fou comme on se fait à tout.
Et je suis ressorti à 8h05, le fauteuil est maintenant libre.

Je viens de recevoir mes résultats…
Six pages, trente-huit analyses.
Dont dix-sept suivies d’une étoile/d’un astérisque.
Chaque étoile veut dire que le résultat est anormal.
17 sur 38, ça fait 45 % de résultats hors normes.

Pas grave, ça m’amuse presque…
Car j’aime compter les étoiles, mais pas dans le ciel !

Visuel : « Y en aura-t-il assez pour moi ? »

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