Bel après-midi d’automne.
Le sol est jonché de feuilles mortes.
La route inondable n’est pas inondée.
L’arrivée au barrage mobile est maintenant presque certaine.
Et le voilà, peu esthétique, sur ce fleuve, pour former un bief.
Ici, le débit moyen est de l’ordre de 14 m³ à la seconde.
En début d’année, il a dépassé 220 m³/s.
Un petit coin tranquille parfois un peu coupé du monde.
Quand le fleuve déborde, il faut faire un long détour.
Mais la signalétique est là, pour dire de faire attention.
Pourtant, juste à côté, c’est un lieu plein de sérénité.
Une sorte de maison de repos, voire de retraite.
Un lieu où l’on s’installe, où l’on se retire du monde.
Un endroit où l’on fait des rencontres inattendues.
Un bouchon
Apparemment en vrai liège.
Cuvée 2011.
Il en avait marre des senteurs de rouge, rosé ou blanc.
Marre des vapeurs d’alcool.
Marre des rires gras autour de la table.
Marre des sulfites.
Marre d’entendre dire qu’il avait de la bouteille.
Et il est venu là, pour s’empaler sur un aloe vera.
Le lapin
Il en avait assez que l’on parle de lui.
Non, il n’a jamais brisé le cou de quiconque.
Le coup du lapin, ça n’est pas son truc.
Et il a toujours honoré ses rendez-vous.
Lui, il n’a jamais posé de lapin.
Marre aussi qu’on lui court après pour lui couper les jambes.
Non, une patte de lapin ne porte pas chance.
Il est donc là, discret, en espérant qu’on ne lui tombe pas sur le râble.
La grenouille
Elle aussi, elle a bien mérité cette retraite.
Toujours à fuir pour que l’on ne lui prenne pas les cuisses.
Toujours à se méfier de l’eau dans laquelle elle baigne.
À se demander si elle n’est pas dans une marmite.
Que l’on porte doucement à ébullition.
À fuir même les enfants de peur de se retrouver en cours de sciences naturelles.
Pour des travaux pratiques de dissection.
Elle préfère être là, au risque d’être emportée par le fleuve.
La machine à coudre
Elle en a vu défiler, des braguettes.
Elle en a fait, des ourlets !
Elle a même fait la guerre des boutons.
Toujours sur le fil, à jouer de l’aiguille.
Fatiguée de tisser et de filer, elle cherche maintenant des araignées.
Elle ne sera plus une folle du volant, et finie la fête du slip.
Mieux qu’une couche, elle a trouvé une souche.
Et la rouille lui donne fière allure.
Le pont Eiffel
Et, en amont, un changement de décor.
Le fleuve est plus large, plus majestueux.
Il est enjambé par un pont au style bien connu.
Inauguré en 1878, c’est un pont « DUBOS et EIFFEL Entrepreneurs ».
Aujourd’hui, le fief des voitures et des camions.
Même si votre serviteur le traverse à pied.
En savourant ce moment comme si je buvais du petit lait
Eh oui, je suis au-dessus du… Lay !
Visuel : « Un barrage “mobile” bien immobile. »
© PF/Grinçant.com (2024)
Les photos respirent le calme, la douceur, le repos, le farniente quand le débit du cours-d’eau est celui-là. Ce doit être l’angoisse avec un débit de 220 m3/seconde avec les images récentes des inondations en Espagne.
Il me semble que vous êtres encore plus poète que vous étiez quand j’ai connu votre site ce qui est agréable face aux tourments de l’actualité.
La machine à coudre Gritzner est d’un autre temps mais plus récente que le pont Eiffel de 1878. Elle devait être en fonte principalement…
Ce « fleuve » sort de son lit, mais ça n’est pas « brutal ».
J’ai quand même tagué 54 textes « Poésie ». Mais il est vrai que tout n’est pas dans ce style.
Je suis mal placé pour juger.
Mais c’est un enchaînement : j’organise une rando, je fais des photos, et après l’inspiration vient ou pas. Là, c’était inspirant.
Quand la photographie et le texte s’entremêlent, cela donne un agréable jeux de couleurs et de textes pour former un bel air de « musique ». Cela fait du bien, après toutes les mauvaises nouvelles quotidiennes. Merci !
Le tout relié — pour moi — au « terrain » et à un moment de vie.
Ceci explique peut-être cela.
J’ai fait ces photos sans penser les réutiliser, l’inspiration est venue ensuite.
Ce pont ressemble beaucoup à celui de Viana do Castelo au Portugal construit également par Eiffel mais en moins large et même la couleur verte.
Un génie cet Alexandre Gustave Eiffel, né Bonickhausen dit Eiffel le 15 décembre 1832 à Dijon et mort le 27 décembre 1923 à Paris 8ème !
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/Ponte_Eiffel_2014.JPG
« Chaque pont, rivière ou fleuve évoqué devient prétexte à un regard plus large sur l’histoire de sa région et son environnement géopolitique contemporain » — politique étrangère, 2018 (Cairn.info)
Celui-ci a été « rénové » en 2013.