Myopie, astigmatisme, un peu de presbytie.
Rien de grave, et je vivais plutôt bien avec cela.
19 octobre 2018, me voilà hospitalisé pour insuffisance rénale terminale.
Jusqu’à quatre flacons/poches en perfusion simultanément.
Et dès le troisième jour, je me suis plaint d’une perte de vision, tout devenait flou.
À chaque visite des médecins, j’insistais sur le sujet.
Mais leur préoccupation, c’était mes reins, des organes « vitaux ».
Les jours passaient, et ma vue devenait de plus en plus mauvaise.
Finalement, on m’a annoncé ma sortie pour le 9 novembre (2018).
Le matin même de mon dernier jour, on m’a organisé une visite au service ophtalmologie.
Complètement bâclée, la « visite ».
« Ben oui, mon brave Monsieur, c’est la cataracte, et c’est normal à votre âge ! »
Il a mis une petite mention en haut de mon dossier, et retour dans ma chambre avant sortie définitive.
Pour ma part, je n’aurai aucune preuve de cette consultation qui n’a même pas laissé de trace dans mon historique d’hospitalisation.
Le 09/11/2018, me voilà « libre », les reins (presque) foutus — j’étais entré avec un DFG à 11 et il était à 9 en sortant —, et en prime ma vision était fortement dégradée.
Mais la vie devait continuer…
Œdèmes maculaires
En fait, j’avais un rendez-vous planifié depuis longtemps chez l’ophtalmo « de ville ».
Et quelques jours plus tard, j’avais un diagnostic d’œdèmes maculaires (vue « gondolée », notamment), probablement lié aux perfusions (ce que mon néphrologue finira par valider du bout des lèvres).
Comme j’avais eu le malheur de parler de diabète, le diagnostic de « rétinopathie diabétique » a été ajouté au tableau.
Ajoutez à cela, maintenant, une insuffisance rénale terminale…
Bref, œil gauche à environ 1/10e et œil droit à 8/10e…
L’organisme étant bien fait, la « moyenne » des deux me permettait de m’en sortir.
Contrariété
Je me souviens parfaitement de ce moment, c’était le 23 novembre 2022.
J’étais tranquille, à faire la vaisselle.
Et quelqu’un m’a causé une forte contrariété.
J’ai pris sur moi, mais j’ai senti comme une curieuse sensation.
Le lendemain, un jeudi, je me lève, et constate que ma vision s’est fortement dégradée.
Par miracle, j’ai réussi à décrocher un rendez-vous pour le lendemain chez l’ophtalmo.
Il a reconnu le caractère d’urgence, et m’a annoncé que je n’étais plus qu’à 1/10e pour chaque œil !
Lien avec la contrariété ? « Oui, c’est possible, un coup de tension. »
Et je ressortais avec une convocation pour le mardi 29 novembre 2022, pour une « injection intravitréenne » (IVT) à l’hôpital, assurée par ce même ophtalmologue.
Vite, ma boîte de Lucentis !
Ordonnance spéciale « quatre volets » en main, me voici à la pharmacie.
Et je repars avec une boîte contenant une seringue pour « voie intravitréenne ».
Du Lucentis (ranibizumab) 10 mg/ml à conserver soigneusement au réfrigérateur.
Prix ? Plus de 600 euros la seringue de 0,165 ml !!! Soit plus de 3,6 millions d’euros le litre si mes calculs sont bons !
Bon, je vois que le prix a baissé, à cet instant il est de 433,55 € la seringue.
Ma première injection intravitréenne
29/11/2022,me voici à l’hôpital, je prends sagement ma place dans la salle d’attente.
Il faut s’asseoir dans d’ordre d’arrivée, en commençant par la droite, les chaises étant disposées en U.
Ce jour-là, pour cette « session », nous sommes une douzaine, et j’étais probablement le plus jeune.
Une infirmière nous prend dans l’ordre en demandant quel œil doit être injecté. Pour certaines personnes, c’est les deux.
Puis elle trace une croix au feutre au-dessus de mon œil droit, me colle une étiquette sur la chemise, toujours du côté concerné, et me met un collyre.
Puis c’est l’attente, et le stress…
Tout le monde a son petit sac isotherme en main, avec du ranibizumab à l’intérieur.
Je suis enfin appelé. Passage dans une toute petite pièce où je croise le patient précédent.
Là, il faut s’équiper du « kit » : blouse, charlotte et surchaussures.
Et c’est le « bloc », et il faut y aller fissa quand la place s’est libérée !
À peine assis, l’ophtalmologue opère à grande vitesse.
Bétadine ophtalmique, collyre, champ opératoire…
Mise en place de Blépharostats…
Encore Bétadine…
Repérage des 4 mm en temporal inférieur de l’œil…
Et l’INJECTION INTRAVITRÉENNE !!!…
Lavage, pommade Sterdex et pansement.
Bref, un grand très court moment !
Bigre, que ça m’a fait mal !
À se demander s’il m’a mis un anesthésiant, ou s’il a attendu suffisamment qu’il fasse effet !
Je lui en ai parlé à la visite de contrôle qui suivait, il a rigolé, et m’a presque traité de chochotte.
En attendant, de ces injections, je vais en avoir trois, à un mois d’intervalle, jusqu’en février 2023 :-/
L’ophtalmo passe la main
Il semblerait qu’il y ait résorption des œdèmes maculaires.
Est-ce naturel ou lié aux injections ? Probablement naturel, car les choses s’améliorent — un peu — pour les deux yeux alors qu’un seul a été « injecté ».
J’en suis à environ deux ou trois dixièmes par œil.
Et il estime que je suis maintenant « opérable », car il faut en passer par là.
Il fait un courrier pour m’adresser à un confrère spécialiste de la rétine.
Il me faudra d’ailleurs insister pour obtenir ce rendez-vous, puisqu’il y a pénurie d’ophtalmologues.
Bon, je pense être entre de bonnes mains pour la suite, le premier contact ayant été excellent.
Vitrectomie pour membrane épirétinienne + Implant pour cataracte
1er août 2023, intervention sur l’œil droit, en clinique et en ambulatoire.
Anesthésie « péribulbaire »…
Et pour le coup de la « membrane », j’avoue avoir été surpris par le déroulement de l’opération.
Création d’une fente dans l’œil, et injection d’une sorte d’encre.
Et ensuite, il « gratte » à l’intérieur avec un instrument de précision.
Et j’ai tout vu en « live » ! La « nappe » d’encre, et surtout ce grattoir métallique, vu comme énorme, car à l’intérieur de l’œil.
Un vrai délice !
Ensuite, pour la cataracte, extraction du cristallin, et insertion d’un implant/cristallin artificiel.
Hélas, compte tenu de mes problèmes, ce sera un implant monofocal et non bifocal.
Deux heures plus tard, je sortais, avec une coque de protection oculaire, et une ordonnance pour trois collyres.
Passé ce (très) mauvais moment, quelques jours plus tard, en enlevant ma coque avec une légère inquiétude, j’ai… souri !
Ça valait vraiment le coup !
Opération de la cataracte pour l’œil gauche
Du coup, c’est presque avec joie que j’ai sollicité une intervention sur l’œil gauche qui, lui, n’avait pas de « membrane ».
15 septembre 2023, nouvelle intervention en clinique, mais plus légère/rapide.
Anesthésie de l’œil seulement par collyre (un peu angoissant).
Pose d’un deuxième implant monofocal.
Presque une formalité !
Une amélioration sidérante !
Bien sûr, j’ai toujours la « contrariété »/le « plop » de l’œil droit au travers de la gorge.
Mais, globalement, je m’en tire merveilleusement.
À un point que le chirurgien-ophtalmologue n’en revient pas lui-même !
Pour lui, bien sûr, il y a eu les opérations, mais mes œdèmes maculaires se sont presque totalement résorbés, tout comme ma « rétinopathie diabétique ».
À ma dernière visite de contrôle, le 25 juin 2024, j’avais confirmation de ma vision de loin…
9/10e à chaque œil !!!
Happy-end
C’est avec joie que j’ai notamment pu retrouver le viseur de mon appareil photo.
Et que je peux à nouveau travailler « confortablement » sur ordinateur.
Et vous avez aussi une explication — parmi d’autres — quant à mon « absence » pour alimenter ce blog.
Et un conseil pour conclure…
Gardez bon pied, mais surtout bon… œil !;-)
Visuel : « Le Lucentis ? 445 millions d’euros d’amende infligés en septembre 2020 aux laboratoires Roche et Novartis pour une sorte d’entente pour favoriser les ventes face à l’Avastin, 33 fois moins cher, pour le traitement de la DMLA. »
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