Petit et grand moment à la fois.
Petit par sa durée, grand par les vibrations.
J’ai hésité à entrer dans cette église.
Mais après tout, j’avais un objectif à grande ouverture monté sur mon reflex.
J’allais peut-être pouvoir photographier le grand orgue à main levée malgré la faible luminosité.
Et, effectivement, j’y suis arrivé, 27 mm, f/2.0 et 1/60e de seconde à ISO 2 500 pour les connaisseurs.
Et pour une fois, j’ai trafiqué la photo, pour redresser les perspectives.
Je suis plutôt content du résultat, jugez plutôt :
Bel instrument, même si je n’y connais rien.
Je viens cependant de chercher quelques informations.
C’est un grand orgue du facteur Koenig — de Sarre-Union (Bas-Rhin) — de 1989.
40 jeux, 2 856 tuyaux, 3 claviers manuels de 56 notes et pédalier de 30 notes.
Transmission mécanique des claviers et des jeux (ça s’entend distinctement).
Pourquoi avoir cherché ?
Tout simplement car j’ai été saisi, notamment par une grande émotion.
Alors que je photographiais, je me suis rendu compte que l’orgue jouait.
J’ai même l’impression qu’il y avait quatre mains, car j’entendais deux voix.
J’ai alors posé mon appareil photo pour enregistrer avec les moyens du bord, à savoir mon smartphone.
Je vous partage mon premier morceau volé, capturé du transept :
S’en est suivi une sorte de test ou d’entraînement.
L’air vibrait autour du diapason — La — à 440 Hertz.
Belle intensité vers 2′ et 4′, jusqu’à la fin.
Malgré quelques dissonances — il ne s’agissait pas d’un concert —, que des bonnes ondes, ne trouvez-vous pas ?
Et nous en avons bigrement besoin en ces temps tordus !
© PF/Grinçant.com (2022)
Bonsoir Philippe,
Alors ça c’est clairement une perche que tu/vous me tendez, non ? (Je vouvoie pour respecter la FAQ.)
Il se trouve que j’habite à une vingtaine de kilomètres de Sarre-Union, et que nous avons évidemment plein d’orgues Koenig par ici ! Sarre-Union tristement connue ces dernières années pour : Procès des profanateurs du cimetière de Sarre-Union — 14-15 septembre 2017
Voici la page du chef-d’œuvre que vous avez photographié : La Roche-sur-Yon – Saint-Louis (1989) (Orgues-Koenig.com)
Vous avez assisté vraisemblablement à une répétition pour dimanche, et je suis certain qu’il y a un trompettiste (voire deux à la fin) à cause de l’attaque naturelle et des imperfections typiquement humaines que j’ai entendues. L’organiste a visiblement (auditivement surtout) du mal à maîtriser l’engin (probablement le format et le toucher particulier de ces claviers) et devrait bosser un peu plus pour honorer ce patrimoine. En tous cas il y a une réverbération de folie dans cette église !
Merci pour la capture son ; j’imagine que ça devait être bien autre chose en réel (impact physique des basses par exemple) et les possibilités sonores étaient déjà assez impressionnantes.
Il se trouve que je suis aussi musicien (dont bassiste) et sonorisateur de surcroît ;=)
Bon courage pour la suite.
J’arrête là, sinon je vais dévier sur autre chose…
Bonjour @oliv, content de vous lire :-)
Bravo, bingo pour l’identification de l’instrument !
Bravo également pour la trompette, ça me semble maintenant évident après avoir réécouté les séquences enregistrées.
Je dis d’ailleurs « J’ai même l’impression qu’il y avait quatre mains, car j’entendais deux voix », car il y avait des échanges entre un homme et une femme, cette dernière devant faire dans la trompette. De 2 856 tubes, nous passons donc à 2 857, au moins.
Pour l’organiste, cherchez bien, il est visible sur la photo, avec ses lunettes et son casque audio !;-)
Oui, très belle sonorité dans cette église, et la sensation était extraordinaire, notamment au niveau des graves.
Pour la première prise de son, j’étais bien à 25 mètres de l’instrument, et à une petite dizaine pour la seconde.
Superbe cet orgue et la photo qui ressort du lien de @oliv ayant plus de recul est encore plus belle. Merci à @oliv.
Il y en a qui préfèrent les orgies aux orgues et je pense aux locataires de l’Élysée…
orgie = ici par extension : Repas long et bruyant, copieux et arrosé à l’excès (Beuverie, ribote, ripaille, soûlographie). « Banquet qui tourne à l’orgie. »
« Éclairé par la faible lampe de l’orgue (…) M. Maillet (…) demandait : “Ça va, la pompe ? Rien aux soupapes ? Et la tirasse ?” Athanase le rassurait sur la pompe, sur les soupapes, sur la tirasse, en chuchotant (…) M. Maillet ouvrait toutes grandes aux souffles de l’orgue les puissances de la bombarde, du basson et de la trompette triomphale. Un torrent de sons ruisselait du plein jeu de ces forces déchaînées, dont la vibration, sous nos pieds, faisait trembler la galerie suspendue dans le vide, où se hérissaient les tuyaux innombrables de l’orgue (…) L’office finissait (…) M. Maillet en prolongeait, comme un long écho, la solennité, en réveillant alors le souffle docile des orgues; mais il n’en venait plus un torrent de sons éclatants, car, à mesure que les prêtres s’éloignaient du chœur vers la sacristie, on entendait d’abord chanter la cornemuse, puis la doublette, puis le larigot, enfin, après un trait de hautbois, fort champêtre, la “Voix céleste”. »
Henri Bosco, 1888-1976, Antonin, p. 227, 228, 229
Je n’ai pas les mêmes moyens que pour cette photo du site du facteur/fabricant.
L’idéal aurait été de disposer d’un élévateur de chantier pour me hisser à la bonne hauteur (environ huit mètres).
Ensuite, il y a l’objectif à bascule et décentrement, mais c’est rare, cher, et indisponible dans ma monture.
Enfin, j’avais la possibilité du drone, mais cela aurait fait désordre dans une église.
Pour vous donner une idée, je mets en addenda la photo d’origine, qui a aussi de la gueule.
Je rebondis sur le commentaire d’Oliv, pour une petite précision :
L’Alsace compte environ 1 300 orgues : plus d’un orgue français sur six se trouve dans cette région.
Ce patrimoine est d’une qualité exceptionnelle puisque pas moins de 180 de ces instruments sont protégés totalement ou partiellement au titre des monuments historiques.
L’Alsace a aussi connu des manufactures et des facteurs d’orgues dont les œuvres créées du 18e au 21e siècle contribuent toujours à la solennité de nos édifices religieux : les Silbermann, les Rinckenbach d’Ammerschwihr dans le Haut-Rhin (où j’ai le plaisir d’habiter), Koenig, Stiehr et Mockers…
De bien beaux instruments.
Je serais curieux de connaître le prix/coût de celui que j’ai photographié, alors qu’il y a beaucoup plus grand/complexe.
Au milieu des dizaines de touches des claviers, j’aime bien « apporter » ma petite « touche »…Merci à l’équipe de « C’est pas sorcier » pour en connaître plus, voire tout, sur l’orgue. https://www.youtube.com/watch?v=vZdEfVjJGgg
« L’orgue est certes le plus grand, le plus audacieux, le plus magnifique de tous les instruments créés par le génie humain. Il est un orchestre entier, auquel une main habile peut tout demander, il peut tout exprimer. »
Balzac (Honoré De), 1799-1850, la Duchesse de Langeais, Pl., t. V, p. 132.
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