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Trahison #3 : Abandon de la Monture A par Sony Photo

AVERTISSEMENT : Ce billet date de plus d'un an.

À vrai dire, je faisais plus que m’y attendre, mais là ça semble définitivement confirmé.
Enterrement de première classe en toute discrétion, et même avec de la lâcheté.
« Nous continuerons à faire vivre la monture A » avais-je lu de la part de Sony…
Tu parles ! Business is Business, et quand l’on tient des « otages »…
Une « monture », en photo, c’est ce qui permet de changer les objectifs sur un boîtier.
Chaque marque a la sienne, histoire de rendre les clients bien captifs.
Certes, il existe bien des bagues d’adaptation, mais on y laisse souvent des fonctions/performances au passage.
La monture A — « A-Mount » en anglais — a été créée par Minolta, en 1985.
En 2003, Konica fusionne avec Minolta, et l’on parle aussi de monture « Konica Minolta ».
En 2006, Sony, un « électronicien », rachète un « opticien »… Konica Minolta !
La « Monture A » passe donc chez Sony qui développe toute une gamme sous sa marque.
La photo, c’est certes un boîtier, mais surtout des objectifs.
Et c’est un peu comme « entrer en religion », ou dans un écosystème qu’il sera dur de quitter.
Ça finit par coûter cher, et l’on tient à ses précieux « cailloux ».
Longtemps, les « vrais appareils » — je grossis le trait — étaient des « reflex », aussi appelés DSLR.
Et puis, l’électronique prenant plus que jamais le pas, les appareils sont devenus plus ou moins « hybrides ».
Le viseur optique a été remplacé par un viseur électronique, mais Sony a maintenu le miroir en le rendant semi-transparent, pour la mise au point/l’autofocus.
C’est la gamme des SLT, avec un petit nom de série plus technique, « ILCA ».
Puis Sony a voulu faire sauter ce miroir.
Simplification des appareils, et augmentation des prix…
Et en faisant sauter ce miroir, il se sont dit : « Et si on rendait les appareils plus petits ? »
Et pour cela, ils ont créé une nouvelle monture, disponible à partir de 2010, la « Sony E ».
La « E », c’est un tirage mécanique de 18 mm et un diamètre interne de 46,1 mm.
La « A », c’est un tirage mécanique de 44,5 mm et un diamètre de 49,7 mm.
Réduction de 26,5 mm du « tirage « — gain théorique en longueur/profondeur — et de 3,6 mm pour le diamètre, ce qui n’a pas forcément été une bonne idée.
“A” comme “E”, c’est à baïonnette, et non pas à vis.
Bref, Sony a développé un nouvel écosystème en « E-Mount ».
Laissant plus ou moins à l’abandon la « A-Mount ».
Le dernier boîtier — un « APS-C » pour la taille du capteur — sorti en monture A est le Sony Alpha 68, un « SLT » aussi appelé ILCA-68, qui a été commercialisé en mars 2016.
Prix de vente « nu » : 600 euros.
Les derniers que j’ai vus en vente étaient proposés à 449 euros.
Parallèlement, plus aucun objectif ne sortira en monture A, tant chez Sony que chez les marques tierces (Sigma, Tamron…).
Et puis tous les boîtiers de la gamme SLT/ILCA — α68, α77 II, α99 II — officiellement encore commercialisés sont apparus « Sur commande » sur les sites de vente en ligne, jusqu’à, tout simplement… disparaître !
Et là, en mai 2021, des observateurs du monde de la photo ont remarqué que Sony venait de retirer tous les boîtiers « A-Mount » de certains de ses sites Internet, dont celui des États-Unis.
La cause semble entendue ! Sans même une « annonce » (officielle et honnête) !
Pour ma part, je possède deux boîtiers Sony en monture A, un α68 et un α77 II, mais surtout, j’ai dans mes sacoches, pas moins de… dix objectifs !
Ce que Sony espère ? C’est que je bazarde tout ça pour entrer dans le merveilleux monde de l’« E-Mount » qui n’apporte rien de plus. Mais ils peuvent se brosser, je vais rester accroché à mes « antiquités » (le « vintage », c’est plus que jamais à la mode) !
Et d’ailleurs, ils auraient parfaitement pu conserver la monture A pour leurs « hybrides ».
Mais la recette semble trop bonne…
Canon et Nikon ont fait le même coup, semant plus que le trouble chez les photographes !
Et en attendant, les prix font la culbute, le marché semble se réduire — bien fait ! —, et ils espèrent que l’on changera de monture sans changer de marque/crémerie.
Tout cela à grand renfort de « Youtubeurs » vendus qui sont parfois « Ambassadeurs » (d’une marque), et qui se croient « influenceurs », oubliant que l’essentiel est de faire de la… photo !
C’était ma troisième TRAHISON du mois de mai 2021, et j’arrête là cette petite série.

Boîtier et objectif en monture A
La monture A sur un Sony Alpha 68 et un zoom Sony 16-50 f2.8

Preuve que cette monture pouvait évoluer…
À droite, sur un « Beercan » Minolta de 1985, avec cinq contacts.
À gauche, un zoom Sigma, beaucoup plus récent, avec… huit contacts !

Deux générations très éloignées d'objectifs, même monture
En monture A : 18-250 Sigma de 2012 vs un Minolta 70-210 “Beercan” de 1985

© PF/Grinçant.com (2021)

2 commentaires sur “Trahison #3 : Abandon de la Monture A par Sony Photo”

  1. Ce qui est la grande force de Sony, c’est l’innovation. Cette marque a révolutionné le monde de la photo. Cependant, l’innovation se paye cher chez Sony, et c’est toujours au détriment du client.

    Cette marque ne prend pas aux sérieux ses clients, je suis professionnel et je quitte Sony pour Nikon avec leur nouvelle monture Z !

    1. PF/Grinçant.com

      Oui, Sony est une marque innovante sur bien des points, mais la stratégie a ses limites.
      Le problème, c’est qu’ils ont fait le coup du changement de monture (indispensable ?), et que Canon et Nikon ont fait la même chose.
      Une bague d’adaptation ? OK, mais ça reste du bricolage, et quand on a un important parc d’objectifs (comme moi), on réfléchit à deux fois avant de faire évoluer ses boîtiers, surtout pour des « avantages » qui deviennent marginaux, voire ridicules.
      Pour ma part, je reste en monture A, et mes deux boîtiers « SLT » me donnent presque le meilleur des deux mondes : Reflex + Hybride (en plus, je n’adhère pas du tout au « form factor » des A7/A9).

      Je suis consterné quand je vois que pour mes boîtiers (un A68 et un A77 Mark II), Sony n’a jamais effectué la moindre mise à jour du firmware (idem pour mon « bridge » RX10 Mark III).

      Concernant Nikon, il y a quelques inquiétudes financières, et donc sur la pérennité de la marque, même s’ils viennent de renouer avec les bénéfices.

      De toutes les manières, le marché de la photo file un mauvais coton, et les smartphones ont bon dos dans ce naufrage qui est plutôt dû à une vision étroite du marché, et à une tendance à prendre le client pour un pigeon/une vache à lait.

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