23 mars 2020, j’avais un rendez-vous important — fixé depuis six mois — avec mon ophtalmologue.
Le 17 mars — premier jour du “confinement” —, dans le doute j’ai tenté de téléphoner à ce gros cabinet (sept praticiens), mais en vain, personne ne répondait.
J’ai envoyé un message par le formulaire de leur site Internet pour demander si mon rendez-vous était bien maintenu. Pas de réponse.
21 mars, mon portable sonne, c’est mon ophtalmologue en personne — j’imagine que le « petit personnel » a été mis en chômage technique — qui m’annonce que le rendez-vous est reporté sine die. « On vous recontactera ». Elle n’était même pas au courant de mon message par mail.
Ce matin, 20 avril, j’avais un rendez-vous chez ma dentiste fixé voilà deux mois.
14 avril, appel de ma dentiste, en personne (elle a normalement deux assistantes)…
« C’est pour annuler votre rendez-vous, vous êtes une personne à risques… »
Eh oui, justement, « je suis à risques », et ce rendez-vous, c’était de la… prophylaxie (pour éviter que j’attrape n’importe quoi vu que les antibiotiques me sont normalement interdits) !!!
C’est à moi de reprendre contact après le confinement : « On vous trouvera bien un créneau ! »
Cet après-midi, toujours le 20 avril, j’avais un rendez-vous « psycho » (j’assume, c’est du « soutien ») à l’hopital, à 14h00, dans le cadre de ma pathologie (lourde).
J’avais comme un doute, mais je m’y suis rendu.
À l’accueil de l’hopital, pour obtenir une « Fiche de circulation », curieuse ambiance.
Un seul guichet ouvert sur près d’une dizaine d’habitude.
Dans chaque box, une plaque en plexiglas avec l’opératrice derrière.
Même plus la possibilité de s’assoir, on reste debout pour échanger.
J’avais le numéro V096.
À cette heure, d’habitude, c’est plutôt du V596, c’est vous dire la baisse de fréquentation (en cumulant les différents codes sur l’écran, j’arrive à “seulement” 140 tickets).
Nom, prénom, date de naissance, la carte Vitale n’est même plus demandée, ça évite de la toucher.
On m’imprime une planche de quarante étiquettes avec code-barre qui ne servira à rien, je le sais.
Et l’on me donne ma « Fiche de circulation » que l’on ne me réclame même plus dans les services depuis le Covid-19.
13h45 — Je vais en Néphrologie, là où se tient normalement mon rendez-vous.
13H50 — Je signale au secrétariat que je suis là : « Attendez, elle va arriver. »
14h05 — Je retourne voir la secrétaire en lui demandant si elle peut appeler la praticienne, car d’habitude elle est généralement en avance.
Elle compose le numéro… « Ah, son téléphone est à côté » me dit-elle en devenant verte.
Elle demande à sa collègue qui lui répond que, ben non, elle n’est pas là.
On note mon passage pour lui dire que je suis bien venu.
Voilà.
À part ça, il faut « assurer la continuité de ses soins »… Ben voyons !
Mais il est vrai qu’en cette période, les yeux, ça n’est pas important, les dents non plus, et encore moins le mental.
PS : Dans une quinzaine de jours, j’ai laboratoire de biologie médicale…
Bonus
Sur le trajet du retour, j’ai failli me faire écraser par un bolide…
Notez le gilet jaune, j’espère que son dossier est blindé, contre les LBD, même si, normalement, ils visent plutôt la tête…
Et, à proximité de mon domicile, « Contrôle des Attestations de déplacement dérogatoire ».
Tout le monde y a droit, voitures comme piétons.
Ça, c’est pour les “soins” — pas médicaux — au (petit) peuple de la Macronie…
(Excusez la taille de la photo, exceptionnellement, je n’ai pas mieux.)
Vignette : « V, mais pas comme “Vendetta”, et 96e »
© PF/Grinçant.com (2020)
Comment garder son calme après tous ces RDV annulés et celui où vous y allez pour rien ? Comment ne pas tempêter ?
C’est en Chine ou au Japon qu’il y a des robots qui viennent auprès du patient pour « converser » avec lui et, dans un bureau/pièce/salle derrière son écran, un « médecin » en chair et en os dialogue avec lui (le patient) via le robot qui est à côté de la personne à ausculter/examiner… En France, le pays qui a été à la pointe de plusieurs technologies dans d’autres époques a tout perdu dans les techniques avancées dont elle était souvent le leader… Lamentable, déplorable, désolant, misérable, pitoyable, triste sont les adjectifs qui peuvent littéralement résumer cette perte du savoir-faire français…
Tempêter = Manifester à grand bruit son mécontentement, sa colère. Crier, fulminer, gronder, gueuler.
Pourquoi les corbeaux qui traversent la France volent-ils sur le dos ? C’est pour ne pas voir la misère en bas !
Bon, j’ai au moins pu constater qu’ils faisaient toujours les dialyses, et encore heureux.
Oui, il y a de quoi tempêter.
Mais j’en fais un billet plutôt « linéaire ».
D’ailleurs, je pressentais le lapin de ce début d’après-midi.
Pour les deux premières professions, ophtalmologue et dentiste, je serais curieux de connaître les vraies raisons.
Il y a effectivement la proximité des visages praticien/patient. Et peut-être n’ont-ils pas accès à des masques FFP2 eux aussi… Ou alors sont-ils contaminés/malades ?
Si on est logique, dans la paranoïa ambiante, ils ne sont pas près de pouvoir soigner à nouveau…
Questionnement aussi par rapport au personnel.
Quand c’est le praticien lui-même qui se colle à l’annulation, ça m’interroge.
Et dans le dernier cas, le secrétariat n’a peut-être pas fait son boulot. Cette psychologue clinicienne « tourne » en effet dans différents services. Sauf que son téléphone DECT était bien « abandonné » en Néphrologie…
PS : Pour l’ophtalmo, le jour où elle m’a contacté pour annuler, j’ai eu, juste après, les premiers symptômes « Covid-19 », donc j’aurais aussi annulé, de mon propre fait, le rendez-vous qui avait normalement lieu seulement 6 jours plus tard. Donc, pas de regrets sur ce coup, mais ça ne change rien au fonctionnement global de tout cela et aux problèmes que cela soulève.
Mon confinement en exilé à 600 km de chez moi, c’est parce que je suis allé assister ma mère de 87 ans qui faisait le point avec son spécialiste pneumologue, elle a une BPCO (bronchopneumonie chronique obstructive), et surtout pour une opération plus que nécessaire de la cataracte à un œil.
Accessoirement, un contrôle et réglage de ses deux prothèses dentaires.
Le pneumologue a retenu un rendez-vous pour un scanner thoracique dans l’hôpital proche.
Côté cataracte, le couperet est tombé le lendemain de son opération, donc pas de contrôle postopératoire, pas grave, on enlève le pansement seul et on met les gouttes sans se poser de questions.
Le scanner est annulé, réservé aux urgences ; bon, c’est un contrôle qui pourrait en devenir une, pas grave non plus !
Cerise sur le gâteau, la situation étant trop simple, sa prothèse inférieure qui constitue toute cette partie de la mâchoire casse en deux. J’appelle son dentiste — que je connais bien — qui a eu la honte et la clarté de m’expliquer que son ordre des dentistes du 06 a sommé l’interdiction d’exercer.
Il me propose deux solutions…
Un n° d’urgence « dentiste » pour le 06 qui ne répond jamais et invite à rappeler ; je vais sur leur site ou un robot trie les demandes. Je livre la version courte, l’appareil dentaire cassé est classé dans les urgences de confort puisque ça fait pas mal, ça donne pas de fièvre et on peut toujours prendre de la soupe !
Une méthode pour essayer de le réparer moi-même avec de la super-glue. N’ayant rien à perdre, j’ai pris soin de me former sur YouTube pour assurer et j’ai appliqué. Ça n’a pas tenu, car la cassure est au niveau d’un clip de fixation sur un implant. Les repas pour elle sont donc à base de purées, soupes et petits suisses jusqu’à pouvoir réunir le dentiste, le prothésiste, la matière première, les transports, etc.
Tout va bien !
Je ne sais pas comment ça va se passer à la « reprise », mais ça ne va pas être triste.
Je connais quelqu’un qui a fini par pouvoir se faire extraire une dent, mais c’était visiblement complètement désorganisé/le bin’s.
Dans ce billet, je précise, preuve à l’appui, que j’avais le ticket V096 à l’hôpital — finalement pour un rendez-vous non honoré —, alors qu’en période normale ce serait plutôt V596. Où sont passés les 500 « patients » manquants ???
Dans le service Hémodialyse où j’attendais, je n’ai pas vu un seul médecin passer, ce qui est totalement inhabituel.
Et pourtant, je suis dans une zone considérée comme « épargnée » par le Covid-19.
Il y a clairement mise en danger de la vie d’autrui, et à grande échelle.
Courage à vous, et à votre mère, pour qui ça ne doit vraiment pas être facile en plus d’être incompréhensible.
@universel
Je suis de tout cœur avec vous.
Je suis moi même impacté, un de mes proches parents ayant contracté le Covid19 et est malheureusement aujourd’hui en soins palliatifs…
Ceci malgré tous les soins et « transgressions citoyennes » ayant été prodigués par le personnel soignant à qui je l’ai confié, puisque ce sont des amis, qui ont donc pu assurer et accélérer la prise en charge auprès des bonnes équipes.
Bref, oui tout va bien, enfin selon certains enfo…
Pour les autres — la très large majorité diversement impactée ou en passe de l’être —, en revanche, la notion du tout va bien est plus que relative, pour ne pas dire… grinçante !
Merci pour votre soutien ;-)
Ma situation se passe néanmoins correctement, en ne pensant pas que ça aurait pu mal évoluer.
À mon tour, ma compassion pour la famille de Flavien. Bon courage !
Pour info, dans ma région d’adoption, Toulouse, les consultations ont lieu, les praticiens ont décidé eux-mêmes de leurs conditions de travail. C’est quand même plus naturel que par des bureaucrates pseudo-scientifiques et vraiment bons à rien au risque de faire un pléonasme.
Une nouvelle famille endeuillée vient s’ajouter aux milliers d’autres.
La mienne.
Le Covid19 vient d’emporter ce matin mon cher parent.
Alors, certes le Covid, a amené l’issue fatale, puisqu’il n’y avait plus rien à faire, suite aux désordres physiques incurables occasionnés, MAIS c’est surtout l’irresponsabilité et le comportement criminels de ceux que je dénonce avec force qui sont les responsables ET les coupables.
Sachez que de nombreux collectifs se montent pour des actions à mettre en œuvre.
Il en existe forcément un près de chez vous, voire à l’échelon national.
N’hésitez pas à les contacter et à les rejoindre pour préparer le jour d’après.
Vivre libre ou mourir est un choix que nous allons devoir faire contre les engeances dévastatrices qui sont à l’œuvre et veulent profiter de cette crise pour transformer en esclaves les citoyens en agissant, contre les intérêts et au mépris de leur propre Peuple.
@Flavien
Très sincères condoléances.
Je lisais ce matin que les « respirateurs » français “Osiris 3” fabriqués (par Air Liquide Medical System, avec PSA, Valeo et Schneider Electric) dans l’urgence — 8 500 livrés sur 10 000 commandés (une affaire à 30 millions d’euros) — étaient inadaptés/inefficaces. Bref, un scandale de plus.
Je lisais aussi qu’aux États-Unis, 88 % des patients atteints du Covid-19 placés sous respirateur/en réanimation… mourraient !
Oui, il ne faut pas laisser passer ça.
Courage à vous.
@PF,
Merci de votre pensée en ces moments si particulier.
De votre côté, continuez à vous protéger et prendre soin de vous .
Amicalement.
Sans preuve absolue, j’y suis normalement passé, alors que j’étais « à risques +++ ».
La question est « Suis-je immunisé ou non ? », mais aussi « Si oui, pour combien de temps ? ».
Et là encore, que des réponses vaseuses/contradictoires…
Bref, quelles que soient les situations, c’est compliqué, grotesque, angoissant, voire dramatique.
Courage, Flavien, et prenez également soin de vous et de vos proches, comme vous l’avez déjà fait autant que faire se peut.
Amicalement.
Les commentaires sont fermés.