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L’aquarium en folie

AVERTISSEMENT : Ce billet date de plus d'un an.

La ville comportait depuis peu un très bel aquarium, abritant de nombreux poissons dont certains étaient extrêmement rares.

Curieux, Michel proposa à sa fille de l’accompagner pour la visite de ce zoo sous-marin.

Elle accepta avec plaisir.

Une fois l’entrée payée, d’ailleurs fort cher, ils se trouvèrent dans un couloir où de petits aquariums accueillaient des poissons à leurs dimensions.

Pour les voir, il fallait en effet s’approcher très près, malgré l’effet de loupe de la paroi vitrée.

Arrivés au bout de ce couloir, ils entrèrent dans une salle circulaire dont le pourtour était constitué d’un immense aquarium dans lequel il y avait des poissons de toutes dimensions et couleurs.

Pour mieux apprécier la taille de l’ensemble, Michel campa sa solide carcasse en plein milieu de la salle, arrimée au sol grâce à ses nouvelles santiags.

Il pouvait admirer tous les poissons, mais tous les poissons pouvaient aussi le dévisager.

Aussitôt, un phénomène bizarre, l’affolement général dans ces tonnes d’eau.

Les poissons étaient comme fous, ils changeaient de couleurs, avaient les yeux exorbités.

Ils tournaient dans tous les sens.

Même une murène était prise de mouvements convulsifs.

Michel et sa fille regardaient tout cela d’un air amusé.

Les choses devinrent cependant inquiétantes, car tous les poissons se mirent à percuter les vitres, après avoir pris le recul dont ils disposaient.

Le choc les avait ébranlés, car ils présentaient tous un certain strabisme, encore plus flagrant sur les soles et les limandes.

Malgré cela, ils préparaient l’assaut final.

Ce qui devait arriver arriva, l’épaisse plaque de verre se fendilla et une importante voie d’eau apparut.

Il y avait vingt centimètres d’eau dans la salle.

Michel et sa fille furent contraints de quitter les lieux, épatés par ce qu’ils venaient de voir.

Une fois dehors, sa fille lui dit : « Papa, mes chaussures sont foutues, l’eau était salée ! »

Et il répondit, regardant ses santiags : « Moi ça va, c’est de la peau de requin ! »

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