Beaucoup de choses sont devenues « tactiles ».
On ne touche plus les gens, mais on touche les objets.
Des zones « sensitives » envahissent nos appareils.
Pour régler le volume, pour taper sur un clavier virtuel…
Pour lancer une fonction, pour l’arrêter…
Et c’est le plus souvent un seul doigt qui s’en occupe, l’index !
Mais il y a aussi des mouvements à deux, voire trois doigts.
Pour faire défiler, pour déplacer, pour zoomer/dézoomer, pour une rotation.
Et on tapote aussi, une fois, deux fois, trois fois.
Pour valider, pour ouvrir un menu, pour avoir la loupe.
Bref, un manchot doit être bien embarrassé à notre époque !
Ma montre vibre, car j’ai programmé une alarme via mon smartphone…
J’ai deux possibilités : la croix pour annuler, le « Zz » pour un rappel dans 5 minutes…
Mais rien à faire, aucune des deux fonctions ne répond !
Je me rabats sur mon smartphone pour arrêter la mélodie et stopper les vibrations.
Ma montre serait-elle foutue ?
En randonnée, j’utilise une tablette en mode GPS avec l’application iPhiGéNie.
Et j’ai parfois toutes les peines du monde à déclencher ou arrêter un parcours.
Idem lorsque je veux appuyer sur le bouton « Mesures ».
Et j’ai remarqué que c’était le bas de l’écran capacitif qui me posait particulièrement problème.
Ma tablette serait-elle foutue ?
Alors j’ai osé…
J’étais accompagné d’une femme.
Et je lui ai demandé…
« Dis, tu peux me mettre le doigt là ? »
Elle l’a fait, et ça a parfaitement fonctionné !
Non, mes appareils ne sont pas « foutus ».
C’est moi qui dysfonctionne, ou plutôt le bout de mes doigts.
Probablement en lien avec mes problèmes de santé.
La peau trop sèche, le courant qui ne passe pas correctement.
Alors, comme un vieillard avec sa canne ou son déambulateur…
J’en suis réduit à utiliser un « stylet » avec une pointe spéciale :
Décidément, à notre époque, le « contact » est de plus en plus difficile !…
© PF/Grinçant.com (2021)
Bonjour PF/Grinçant,
Le stylet, c’est pas mal pour un travail de précision, par exemple taper un texte, mais le toucher, l’un de nos cinq sens, est tout de même un de nos sens les plus essentiels puisqu’il permet à un aveugle de conserver « la vue » par le bout de ses doigts, tout au moins une autre façon de voir, plus tactile donc, plus limitée, certes, mais efficace.
Le toucher et la peau, tandem indissociable qui permet d’exprimer de façon plus concrète encore que les mots, nos plus belles émotions, amour, tendresse, compassion, consolation… Hélas, depuis cette crise Covid, le tactile en a pris un coup, mais toutes ces affaires de harcèlement, d’attouchements, de tripotages en tous genres, jetées sur la place publique, le transforment en permanence en crime, et obligent désormais à un maximum de réserve, même un regard un peu trop appuyé peut être mal interprété.
Il s’agirait peut-être de redéfinir clairement ce qui peut être litigieux et ce qui n’est qu’une marque d’attention particulière à un autre être humain, sinon nous risquons de devenir comme des robots, incapables de spontanéité, de prendre la main d’un malade dans la sienne, d’en poser une sur l’épaule d’un(e) ami(e), de prendre quelqu’un dans ses bras pour atténuer sa peine, de poser un baiser sur la joue d’un enfant qui pleure, car tout fait peur, à présent, dans cette société qui verse dans l’hypercontrôle, et pas seulement sanitaire, quoique celui-ci contribue largement, bien sûr, à l’éloignement des corps, mais aussi des âmes, en définitive.
Alors, peut-être qu’en prévision et/ou compensation de ces distanciations, on nous a pondu tous ces écrans tactiles, piètres substituts du « contact humain », et encore, il ne faut pas avoir de problèmes de peau… ;-)
À notre époque, il n’y a plus que le stylet, le coton-tige et/ou la seringue…
Cela dit, en guise de « contact humain », en ce moment, les occasions les plus courantes orientent vers la… baffe !
« On ne touche plus les gens, mais on touche les objets. »
C’est pour cela qu’il y a moins de naissances naturelles et de plus en plus de naissances à la demande/in vitro… En parallèle, il y a plus de couples LGBT ou LGBTQIA (sigles utilisés pour qualifier les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles, c’est-à-dire pour désigner des personnes non hétérosexuelles, non cisgenres ou non dyadiques).
« Je rencontre un journaliste qui rentre de San Francisco… (…) Envahissement des homos… Pédés partout… Déluge “gay”… (…) les femmes sont affolées… leurs maris basculent… Massivement… Elles sont de plus en plus délaissées… Sodome City ! (…) Les mères achètent des T-shirts colorés avec une inscription : “mères de gays”… les homos les embrassent en gémissant… le cirque… »
Sollers (Philippe Joyaux, dit Philippe),1936-xxxx, Femmes, p. 194
Disons aussi que les gens « se touchent » (encore), mais avec des objets…