Aller au contenu

Presse internet française, Google et sanibroyeurs

Taxe Presse Internet / Google aux WCFronde de la « presse » internet contre les moteurs de recherche, avec pour cible principale Google (le plus utilisé en France, jusqu’à 95 %).

Cette Presse « internet », issue pour la majorité de la Presse « papier », souvent très largement subventionnée sur deniers publics, veut qu’une taxe lui soit payée lorsqu’un moteur de recherche lui apporte un lecteur.
C’est un peu comme si cette dernière voulait la mort des kiosques, maisons de la presse, et autres distributeurs de journaux à domicile.

C’est risible et pathétique !

Vouloir faire payer un système qui leur amène du trafic gratuitement, avec de faux prétextes qui plus est !

Ce mouvement a commencé en Allemagne.

En France, cette fronde est menée par l’Association de la presse d’information politique et générale (IPG), présidée par Nathalie Collin, par ailleurs coprésidente du Groupe Perdriel (Nouvel Observateur, Sciences et Avenir, Challenges, Rue89).
Perdriel ? Oui, ce groupe dont le patron, Claude, est aussi propriétaire de la société des sanibroyeurs SFA…
Y aurait-il volonté de tout broyer, vieille habitude maison, mais aussi bien française ?

Aurélie Filippetti, notre actuelle Ministre de la Culture et de la Communication, se déclare favorable à cette taxe et veut la défendre.

Une taxe de plus ou de moins, nous ne sommes plus à ça près !

Mais en l’espèce, pourquoi faire payer quelqu’un qui, finalement, vous rend un service (vous amener du trafic) ?

Google, puisque tout se concentre sur ce moteur devenu quasiment hégémonique, est accusé de reprendre leur contenu (et donc de détourner l’internaute), notamment à partir de Google Actualités.

Quelques remarques :

  • Le contenu repris est extrêmement réduit, et se limite, légalement, à une citation.
  • Google Actualités (ou Google News) n’est finalement pas si utilisé que cela, car il y a bien d’autres moyens de suivre l’actualité (flux RSS notamment).
  • Cette « presse » ne vise pas directement le référencement dans le moteur de recherche lui-même (trop dangereux).
  • Globalement, Google leur amène une part très importante du trafic, ne serait-ce que par la mauvaise habitude qui consiste à procéder à une recherche alors que l’on connaît l’adresse du site (son URL).
  • Cette même « presse » se bat pour figurer dans Yahoo Actualités, un autre « agrégateur », où nous trouvons notamment les onglets suivants : Le Monde, Le Figaro, Libé, 20 Minutes, Le Point, l’Express, Le Nouvel Obs, Le Parisien, Atlantico, Causeur, Rue 89, Slate…

Yahoo Actualités - Onglet sites de Presse

Mais au fait, pourquoi ces gens-là sont-ils référencés dans Google ?

Parce que c’est automatique ?
Oui et non, en fait !

En pratique, si un site le souhaite, il peut ne pas être référencé du tout (pure folie pour un site de presse), ou être référencé partiellement.

Plusieurs moyens existent (liste non exhaustive) :

  • Robots.txt, un petit fichier placé à la racine du serveur, pour donner des directives (ou des interdictions) aux robots d’indexation (et Google les respecte).
  • Meta « robots », un petit texte invisible pour vous, mais visible par les robots, placé en haut de chaque page du site pour indiquer ce que l’on autorise :
    • index/noindex pour indexer/ne pas indexer
    • follow/nofollow pour suivre/ne pas suivre les liens de la page.
  • Balise « rel=nofollow », placée devant un lien pour interdire aux moteurs de suivre ce lien.
  • Dossiers protégés par un mot de passe (fichier .htaccess notamment), comme pour un espace « Abonnés » (il savent pourtant faire d’habitude).
  • Cryptage de contenu.

Dans ces conditions, être référencé par Google relève bien de la volonté des sites de Presse qui ne peuvent ignorer ces possibilités.

De plus, sachez que les outils qu’ils utilisent envoient un « Ping », notamment à Google et à Bing (aussi utilisé par Yahoo), ping qui est en fait un signal pour dire qu’un nouveau contenu a été publié et qu’il serait bien de venir le référencer… Ce ping peut être désactivé si on le souhaite.

S’agissant de Google Actualités, pour qu’une nouvelle parution soit bien prise en compte dans les minutes qui suivent, un fichier XML descriptif du site spécifique doit être mis en place. Et ils le font !

Enfin, il est possible de demander à Google de déréférencer une page par le biais des « Outils pour Webmasters ».

Comme on peut le voir, tout est possible (ou presque) pour ne pas figurer dans Google.

Il s’agit donc d’un faux débat et d’une tentative de hold-up de plus.

D’ailleurs, rien ne leur interdit de créer, via leur association IPG s’ils le souhaitent, leur propre agrégateur/moteur de recherche.

Ce qui les dérange aussi, c’est que les gens se contentent souvent de lire la citation sans pour autant cliquer sur le lien pour aller sur leur site… Parce qu’ils ne trouvent aucun intérêt à y aller !

Alors, pourquoi ces cris d’orfraie, de veuve effarouchée ?

Tout simplement pour continuer à occulter les vrais problèmes.

Quelques conseils à cette « Presse » :

  • Soyez en accord avec votre combat : n’optimisez pas votre site et vos articles pour Google.
  • Produisez du contenu unique, original, authentique et de qualité.
  • Faites du vrai travail de journaliste, d’enquête.
  • Ne soyez pas aux ordres en ne relayant que ce que l’on vous demande de relayer.
  • Arrêtez de reprendre les dépêches de l’AFP ou de Reuters comme les vulgaires agrégateurs que vous combattez (vous en êtes, si, si).
  • Ne signez pas ces dépêches avec votre propre nom ou celui de vos « journalistes ».
  • N’oubliez pas que certains d’entre vous ont été rachetés par des milliardaires, alors pourquoi racketter ainsi ? (la réponse est dans la question)
  • Ne dites pas que vous êtes un « site de presse » (ou de contenu) alors que vous ne faites qu’agréger des articles écrits par des blogueurs « invités », ou « associés », gratuits et en mal de visibilité sans votre nom.
  • Arrêtez de rendre votre contenu payant (pour certains) : vous ne pouvez pas faire payer l’internaute pour le lire, ainsi que le moteur de recherche qui vous a amené le client.
  • Ne pillez pas le contenu des voisins.
  • Considérez vos lecteurs avec respect, notamment en ne l’assaillant pas de publicités envahissantes au possible.
  • Ne piétinez pas vos « petites mains » : pigistes, stagiaires et autres collaborateurs éphémères.
  • Respectez vos Correspondants Locaux de Presse (CLP), en les payant normalement, en les défrayant honnêtement, et en les laissant signer leurs papiers.
  • Ne censurez pas à outrance les commentaires des internautes qui alimentent vos compteurs de visites.
  • Soyez honnêtes quant à votre trafic réel en n’utilisant pas les artifices les plus tordus (regroupement statistique de plusieurs titres notamment).

Votre « combat » est d’arrière garde, nul et hypocrite.

Certes, l’Italie vient de vous rejoindre dans cette démarche…

Mais n’oubliez pas ce qui est arrivé en 2011 à la Belgique dont la presse, pour le même pseudo combat, a été déréférencée par Google, la transformant ainsi en pleureuse de mauvaise encre.

Prenez exemple sur le Brésil, où l’Association nationale des journaux brésiliens (ANJ), avec ses 154 membres regroupant près de 90 % de la presse, a choisi de ne plus figurer dans Google News, tout en expliquant que cela ne représentait qu’une perte de trafic d’environ 5 %.

Enfin, arrêtez de vouloir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière.

Et n’oubliez pas que beaucoup d’entre vous sont issus de la Presse « papier », et que le papier, les sanibroyeurs en sont friands !
La dématérialisation a ses avantages et ses inconvénients.

 

PS : article autofinancé, aucune subvention publique, pas de taxe Google, aucune aide d’une société ou d’un groupe de Presse, pas de vente « papier », pas d’espace payant, pas de publicité, pas de petites mains gratuites.

Nota : ce billet ne sera visible dans Google que dans 24 à 72 heures, car Grinçant.com n’a pas la chance de figurer dans Google News qui lui assurerait un référencement dans les minutes qui suivent sa parution (la « presse » se garde bien de citer cet énorme avantage).
MàJ : en effet, billet paru le 27/10/2012 à 9:36, et seulement visible sur Google.fr à partir du 29/10/2012, vers 6h00 du matin, avec la mention « il y a 1 jour ».

Crédit photo : Flickr CC BY-NC 2.0 par Barockschloss

© PF/Grinçant.com (2012)

3 commentaires sur “Presse internet française, Google et sanibroyeurs”

  1. Avatar photo

    Absolument scandaleux en effet. Mes impôts subventionnent la presse papier que je lis très mais alors très rarement. Si j’achète un journal papier une fois par an, c’est déjà beaucoup.

    J’espère que Google mettra sa menace à exécution, et nous verrons bien qui seront ceux qui iront pleurer parce qu’il ne sont plus référencés…

    Et puis on peut avoir plein d’idées comme celle là : pourquoi ne pas taxer tous les taxis parisiens car ils permettent de faire venir des personnes dans les musées de la capitale ?

    Quoiqu’au niveau taxation, notre gouvernement ne manque déjà pas d’idées de ce coté…

    PS : je viens de découvrir ton blog que je vais suivre au plus près, à bientôt…

    1. Avatar photo

      Bonjour Chat de nuit,

      En fait, il faudrait que Google les déréférence et les oblige à se référencer à nouveau, mais manuellement, et par les Webmaster Tools…
      Nous verrions ainsi très vite qui en redemande, du Google, même gratuit ! (Ils en seront probablement tous)

      Il faut aussi savoir que toute cette « presse » bloque d’autres sources d’information, comme des blogs, en squattant les premières places, grâce aux dépêches et à Google News qui permet un référencement quasi immédiat.
      La disparition des résultats de Google Actualités dans les recherches serait un « plus » pour les sources alternatives où l’on trouve, en fait, de la véritable information, ou des éclairages moins « consensuels ».

      Ce qui est intéressant, pour nous blogueurs, c’est que nous connaissons les deux côtés de la « force », et que nous ne pouvons qu’être effarés par cette démarche et par de nombreuses réactions, tant de la part des internautes que des politiques (mais il y a beaucoup d’explications possibles pour eux).
      En fait, cette « presse » veut, non seulement se faire payer par chantage, mais aussi faire disparaître ceux qui les dérangent…

      Google peut être critiquable, mais pas sur ce coup-là !

      Au fait, un autre chat a parlé ici…
      CARAMEL – Un chat de notre époque vous parle

      Bien cordialement.

  2. Avatar photo

    Merci pour l’honnêteté intellectuelle de cet article ! Ca manque cruellement sur le sujet ces jours-ci. On ne lit que des réflexions alambiquées pour tenter de justifier un interventionnisme de plus en faveur de la presse !
    Google s’est mis au service de tous sur le web. Sa valeur ajoutée est tellement évidente aux yeux des webmasters que cet eux-même qui ont créé l’hégémonie de Google. Il n’y a pas de concurrent français, de même qu’il n’y en a pour rien. Voila.fr peut être ? LOL
    Messieurs les bien-pensants anti-Google, ravalez votre fierté et innovez !
    Sinon, on finira par quitter l’Europe pour fuir la censure d’Internet ! Aucun français ne veut une situation comparable à la Chine (pourtant citée dans tous les articles anti-Google) : Google a cédé face à la Chine, alors ils peuvent céder face à la France ! Perso, je refuse que la France puisse être aussi autoritaire que la Chine… Une affaire de démocratie, de liberté et de droit individuel : sous couvert de socialisme, on vire à l’étatisme le pire, avec censure et menaces !
    Si la France est un état de droit, Hollande doit faire machine arrière à 100% avec ces idioties !

Répondre à PF/Grinçant.com Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *