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Fourrières : mon chat dans la voiture

Fourrières : mon chat dans la voitureElle arrive, affolée, dans cette fourrière parisienne.

– On m’a dit que vous aviez enlevé ma voiture…

– Oui Madame, elle était sur un emplacement livraison.

– Je cherche un emploi, je déposais un CV dans une entreprise.

– Ça n’est pas notre problème, Madame, nous on ne fait qu’enlever, pour le reste voyez avec la police.

– Il y avait Totor, mon chat, dans la voiture. Je l’emmenais chez le vétérinaire.

– Oui ben madame, il fallait emmener votre chat avec vous pour remettre votre CV.

– Mais où est Totor ?

– À la fourrière, Madame.

– Mais j’y suis, à la fourrière !

– Non, celle pour animaux, elle vient juste de l’enlever : simple changement de fourrière.

– Rendez-moi ma voiture pour que je puisse aller à l’autre fourrière…

– Oui, mais il faudra payer avant, Madame : l’immobilisation, l’enlèvement, un jour de frais de garde, ça vous fait 143,60 euros, plus l’amende à 35 euros, soit un total de 178,60 euros.

Déjà qu’il ne lui restait presque plus un sou, voilà qui l’achève…
Un enlèvement pour un stationnement de tout juste 10 minutes, pour rechercher du travail en plus. À vous dégoûter !

Bon, ce n’est pas tout, il faut maintenant s’occuper de Totor, c’est peut-être une question de vie ou de mort.
La voilà qui file, enfin c’est un bien grand mot vu les bouchons, vers cette fourrière de la banlieue parisienne.

– Bonjour, la fourrière automobile de Paris m’a dit que vous aviez récupéré mon chat Totor.

– Il était dans un panier blanc ?

– Oui, je l’emmenais chez le vétérinaire, il est tout jeune.
J’espère que l’on ne lui a pas fait de mal, je suis bien à la SPA, Société Protectrice des Animaux ?

– Ah non Madame, ici c’est une société privée, à but lucratif.

– SVP, rendez-moi Totor, il faut qu’il sorte de là…

– Oui, mais il faudra payer, ça vous fera 302,50 euros, Madame.

– Quoi, mais c’est pas possible ?

– Si Madame, 81 € de forfait fourrière, 52,50 € pour le tatouage au dermographe, 61 € pour l’identification par puce électronique, 34 € pour le vaccin contre la rage, et 74 € pour la visite vétérinaire, car c’est un animal griffeur.
Ça fait bien 302,50 €, et vous avez de la chance, ça n’a pas augmenté depuis 2009.

– Mais je n’ai pas cette somme !

– Madame, si vous ne payez pas avant 8 jours ouvrés et francs, votre animal sera piqué, c’est la loi.

– Non, vous n’allez quand même pas euthanasier Totor ?

– Et pourquoi pas ? Et vous savez, « la non-reprise de l’animal par son propriétaire constitue un abandon réprimé par l’article 521-1 du Code Pénal ; le contrevenant est passible d’une amende de 30 000 euros et de deux ans d’emprisonnement. »
Vous ne voulez quand même pas aller en prison pour abandon ? Vous savez, Totor vous donnera toujours tort !

Elle appelle sa mère et lui explique la situation.
Comme elle aime sa fille, et qu’elle voit sa joie avec Totor, elle lui dit de payer par chèque et qu’elle lui donnera de l’argent pour le couvrir avant l’encaissement.

Elle paye et repart avec Totor, pucé et tatoué, comme s’il allait se perdre tous les jours.

Le comble, c’est que Totor a été victime de ce que l’on pourrait qualifier d’enlèvement, par un réseau organisé qui plus est.

La leçon à tirer de cette aventure juste un peu romancée ?

Des fourrières automobiles privées qui continuent leur racket avec la bénédiction des communes…
Le cas de Paris est emblématique, et rien n’y fait, pas même les multiples diffusions de reportages sur ce business et ses dérapages.

Et maintenant ces fourrières animales confiées à des sociétés privées, à but lucratif, par le biais de « conventions » avec les communes.
Un autre business étonnant : la commune (voire le département) paye l’entreprise au titre de la convention, et le propriétaire doit aussi payer pour récupérer son animal de compagnie…

L’une des sociétés les plus connues dans ce domaine (la SACPA) compte déjà près de 30 implantations.

Il n’y a pas à dire, pratiquer l’enlèvement est une activité super sympa et rentable, en France.

D’autant qu’ils gagnent à tous les coups.

Si vous ne récupérez pas votre véhicule dans les délais, devinez ce qui lui arrive ?
Si vous ne récupérez pas votre animal, et s’il n’est pas adopté, devinez ce qui lui arrive ?

Et même à l’état d’épave ou de cadavre, ils arrivent à encore faire du fric.

Quant à Totor, il peut vivre d’amour et d’eau fraîche.
Mais pas sa maîtresse, surtout après une telle journée de racket.
481,10 €

 

PS : Fourrière auto à Paris, environ 34 millions d’euros de CA pour 2012.
Fourrière animale SACPA, 4,4 millions d’euros pour 2011.

Crédit photo : © PF/Grinçant.com (2006-2013)

© PF/Grinçant.com (2013)

3 commentaires sur “Fourrières : mon chat dans la voiture”

  1. Avatar photo

    IL y a eu récemment le même type d’incident avec cette fois un enfant en bas age à l’arrière du véhicule ,pas de problème à l’arrivée mais gros coup de stress pour la mère de famille qui déposait un de ses gosses à l’école.
    Les assassins et les pédophiles par contre n’ont pas ce genre d’ennuis…

    1. Avatar photo

      Et la récupération a été plus rapide et moins onéreuse : il n’y a pas de fourrière pour bébés humains ! (enfin pas encore)

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