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Après Florence Cassez, le tour à nos détenus français ?

PrisonBonne nouvelle, Florence Cassez est sortie de sa prison mexicaine pour s’envoler vers la France quelques heures après la résolution prise par la Cour suprême du Mexique qui accorde le renvoi de l’affaire en appel : « Le jugement est annulé, le recours est accordé et la liberté absolue de Florence Cassez est ordonnée ».

Notez bien que cette décision a été prise car trois juges sur cinq ont estimé que ses droits constitutionnels avaient été violés.
Il ne s’agit donc pas d’une décision sur sa culpabilité, ni sur la peine prononcée, ubuesque, de 60 années de prison.

Bravo à son avocat français, Me Frank Berton, ainsi qu’à son homologue mexicain, Me Agustin Acosta.
Bravo également à la diplomatie française qui a certainement joué un rôle important.

Sortie après sept ans de prison effectués sur une sévère condamnation, fondée ou non…

Pouvons-nous maintenant demander à nos diplomates, à nos politiques, de s’occuper de nos prisons françaises ?

Oh, il y a certainement quelques condamnés injustement qui traînent ici ou là…

Mais il y a aussi de nombreuses personnes placées en « provisoire », ou en « préventive » (mandat de dépôt) pour reprendre l’ancien terme.

En France, la détention provisoire ne peut excéder quatre mois en matière correctionnelle, mais cette durée peut être portée à un an, voire deux ans dans certains cas.
En matière criminelle, la détention provisoire ne peut excéder un an, durée qui peut être portée à deux, trois, voire quatre ans selon les cas.

Ces durées « plafond » peuvent être prolongées une fois de quatre mois en matière correctionnelle, ou deux fois en matière criminelle.
Nous pouvons donc arriver, hors anomalies, à 56 mois de prison sans pour autant avoir été jugé et condamné !

Or, rappelons que la présomption d’innocence est fondamentale (les politiques mis en examen nous le rappellent en permanence), qu’il ne faut pas « préjuger », et qu’une détention provisoire est catastrophique pour n’importe quel citoyen normal qui n’est pas responsable de la lenteur de notre système judiciaire.
Présomption d’innocence, oui, mais derrière les barreaux pour certains !

Phénomène marginal direz-vous ?

Les dernières statistiques de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP-PMJ5) font état, pour janvier 2013, des chiffres suivants :

Population écrouée – Effectif au 1er janvier 2013 :
Prévenus 16 454
Condamnés 50 118
Ensemble 66 572

 

Soit 24,72 % de personnes écrouées, non condamnées, et donc en détention provisoire (les « prévenus »).
16 454, c’est plus que la population de la ville de Tulle (au hasard), préfecture de la Corrèze !

Notons au passage une curiosité quant à la répartition par sexe de cette « population » de prévenus : 708 femmes pour 15 746 hommes…
Seulement 4,3 % de femmes : voilà un domaine où la parité n’est ni appliquée ni demandée !
(Ce pourcentage passe à 3,33 % pour les personnes condamnées)

Une petite demande cependant aux médias…

En cas de libération d’un ou plusieurs « prévenus », SVP, foutez-leur la paix et ne les poursuivez pas à moto comme vous le faites avec Florence Cassez !

Crédit photo : Flickr CC BY-NC 2.0 par Dar.

© PF/Grinçant.com (2013)

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