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Vous prendrez bien mes Sols-Violettes ou mes Gallécos ?

Glands pour monnaie solidaireElles ont de jolis noms, ces monnaies…

Le Sol-Violette du côté de Toulouse.

Le Galléco en Ille-et-Vilaine.

Des monnaies dites « solidaires »…

En ces périodes tourmentées, certains essaient de se défendre contre un système qui veut les exclure.

C’est un ressenti, c’est un constat.

Alors, si le système ne veut pas de vous, essayez de faire sans !

D’où de nombreuses initiatives plus ou moins bienvenues.

Vous connaissez certainement les Systèmes d’échange locaux (SEL) qui consistent à créer des groupes de personnes qui s’échangent des services, voire des biens, consommables ou non.
Pour préserver l’équité, des « monnaies » internes, plus ou moins formelles et matérialisées, sont créées à des fins de valorisation, et l’on s’échange des « unités ».

Une petite société plus ou moins fermée, avec sa petite économie.
Pas de politiques, pas de banquiers, pas d’épargne, pas de crédit revolving.
La confiance et la solidarité : retour à de vraies valeurs !

Oui, mais voilà… Cela dérange un système qui veut tout contrôler.

Sans passer par la banque pour un oui ou pour un non : fini le flicage financier.

Vous voulez de la viande ? Vous donnez une heure de cours au fils du boucher ! Les « unités » du SEL sont là pour dire que votre service vaut bien un morceau de bifteck.

Pas de gabelle pour financer la démocratie qui devient naturelle, loin des gens intéressés qui en font carrière en se disant « politiques ».

Bref, tout devrait rouler, tout devrait être cool.

Oui, mais ces politiques, ces banquiers observent, se grattent (ça les démange) et se disent que quelque chose ne peux marcher sans eux.

On veut se passer de leurs services, de leur intelligence, de leur bonté ? Pas question !

Du coup, au nom d’une économie subitement qualifiée de « solidaire », des politiques, des vrais, créent (plus ou moins directement) des monnaies locales au sein de (gros) SELs qui ne disent pas leur nom.

Et comme il leur faut leurs doubles de la Finance, ils le font avec… des banques !

Ceux-là mêmes qui font crever les malheureux ou les révoltés qui se réfugient, par nécessité ou par conviction, dans un système d’échange local, viennent les appâter, les narguer avec leur monnaie « innovante & solidaire »…

Impossible d’avoir la paix. Impossible d’être « hors système ».

Des banques dont les coffres sont vides, devenues des puits sans fonds malgré des renflouements par centaines et milliers de milliards d’euros, viennent avec un air d’enfant de cœur, de nouveaux billets (des « vrais », tant qu’à faire puisqu’ils viennent d’eux) à la main, fraîchement sortis de leurs photocopieuses.

Pour les obtenir ? Pas de problème, vous amenez des euros au guichet de l’une des agences des banques partenaires, et l’on vous donne du Sol-Violette ou du Galléco

Vous partez en vacances, loin du « pays », pas de problème, vous retournez au même guichet, et l’on vous redonne des euros…

Remarquez, l’un n’a pas plus de valeur que l’autre, c’est l’odeur qui change.

Pendant ce temps, les politiques dans le coup vantent l’effet magique de cette « monnaie » qui boosterait l’économie locale et serait bénéfique aux entreprises et à l’emploi.

Et quelles sont ces « banques » qui sont impliquées dans ces « monnaies solidaires » ?

  • Pour le Sol-Violette toulousain, nous avons le Crédit Municipal, et le Crédit Coopératif.
    Sur le coup, on pourrait presque accepter le mot « solidaire », mais c’est limite.
    Par contre, gros hoquet à la vision de la « Fondation Vinci »
    Oui, c’est une « fondation », pas une banque, mais il y a le mot « VINCI », pas le « Léonard de », mais celui qui a envahi nos villes (premier groupe mondial de concessions et de construction), celui pour qui l’on déloge à Notre-Dame-des-Landes, pour un aéroport, sans doute par solidarité…
  • Pour le Galléco breton, les banques « partenaires » sont le Crédit Coopératif, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel et la Caisse d’Épargne
    Ceux qui ont eu affaire aux trois dernières apprécieront de les voir derrière une monnaie dite « solidaire, locale et participative » !

Bref, le Coche, qu’il soit de Toulouse ou d’Ille-et-Vilaine, a toujours sa mouche !

Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.

Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

Jean de La Fontaine (1671), “Le coche et la mouche” – Extrait (Livre VII – Fable 9)

Et si, dans un vent de folie, les habitants du coin échangeaient tout ce qu’ils possèdent en nouvelle monnaie solidaire ?

Et si, une fois cela fait, les guichets bancaires « partenaires » fermaient ?

Que feraient nos Toulousains ou nos habitants d’Ille-et-Vilaine (qui se cherchent un nom : Breizh-Illiens ?), en voyage à Paris, tout simplement pour vivre ou rentrer au pays ?

Ils se réuniraient, par solidarité, pour créer un SEL, un vrai, sans banquiers ni politiciens !

 

PS : Il y a d’autres projets du même genre, mais ces deux-là sont les plus avancés. Les SEL, les vrais, se cachent… pour ne pas mourir !

Crédit photo : Flickr CC BY-NC-SA 2.0 par bulbocode909

© PF/Grinçant.com (2012)

 

5 commentaires sur “Vous prendrez bien mes Sols-Violettes ou mes Gallécos ?”

  1. Avatar photo

    Je serais ravi de vous rencontrer pour faire un point concret sur la monnaie locale et son rapport avec les SELS locaux ainsi que la relation avec les banques.
    Car bien sûr cet article est maintenant assez loin de la réalité et en tout cas notre volonté en tant qu’association d’utilisateurs des Gallécos n’est pas celle que vous nous prêtez.
    Concernant le projet de TOulouse voici une vidéo à mon sens intéressante: https://www.youtube.com/watch?v=aMGFIdJG7lQ

    Agréable journée à vous
    Guillaume, salarié du Galléco

    1. Avatar photo

      Bonjour Guillaume,

      Je vous remercie pour votre proposition, mais une rencontre ne changera pas mon argumentaire sur le sujet.
      À ce jour (ce billet ayant tout juste un an), ma position est inchangée, notamment sur le fait que les banques n’ont rien à faire dans cette démarche SELs/Monnaies locales, ces outils étant normalement faits pour les contourner/éviter.

      Le Galléco est avant tout une démarche politique coûteuse et me semble du même acabit que ce qui a été fait avec le gentilé « Bretillien »… Même département, mêmes méthodes !

      Je constate au moins que cela a permis de créer au minimum un emploi, le vôtre, et il est normal que vous tentiez de le défendre.

      Concernant votre vidéo en lien, je me rends compte qu’il y a amalgame avec le « Revenu de Base Inconditionnel », qui est un tout autre débat, et dont je suis un adepte : J’apprécierais que M. Jean-Louis Tourenne, Président du Conseil Général d’Ille-et-Vilaine (35), applique ce revenu de base inconditionnel aux habitants du département, comme il a imposé le Galléco et le gentilé Bretillien/Bretillienne.

      Cordialement.

      Encore un peu de lecture ici :
      – Tout va bien en Bretagne, cynisme à la bretillienne
      – Perles de Bretagne, foi de Bretillien !

  2. Avatar photo

    De toutes façons l’argent n’existe pas, alors, on peut l’appeler comme on veut ;-)

    Quelque soit la relation avec une banque, c’est forcément à l’avantage de la banque, c’est une triste réalité.

    Bon courage!

    1. Avatar photo

      Le hic dans le Galléco (encore plus que pour le Sol-Violette), c’est que d’emblée, ils incorporent ce qui est déviant, opportuniste et antinomique avec l’idée : les banques/la finance et la politique.
      On voudrait plomber une idée saine, on ne s’y prendrait pas autrement.

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